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Rubrique Kiosque arabe

Essebci et Zaoui, cibles idéales !

Je reçois d'un sigle ONA et par SMS ce texte que je reproduis in extenso : «Aïd Moubarek : prenez soin des réseaux d'assainissement.» J'apprends par Google, la providence des chercheurs impatients, que le sigle ONA renvoie à l'Office national de l'assainissement. Donc, cet honorable office me souhaite de passer un bon Aïd al-Adha avec l'incontournable sacrifice du mouton. Suit la recommandation ou le conseil de prendre soin des réseaux d'assainissement, ce qui veut dire en clair: n'égorgez pas dans vos baignoires ou vos salles d'eau. Si l'ONA prend le soin de m'appeler à ne pas boucher les tuyauteries et le réseau d'assainissement urbain avec les résidus du sacrifice, c'est qu'il y a péril en la circonstance. L'ONA sait mieux que tout le monde quels dégâts peuvent causer aux réseaux d'assainissement ces milliers de moutons sacrifiés, souvent en un temps record, au matin de l'Aïd. Mais il y a comme dans la résignation, voire du désespoir dans cet appel qui demande à des rurbains de «prendre soin», alors qu'ils ne savent pas ce que cela veut dire de prendre soin. Si j'étais DG de l'ONA, j'aurais plutôt écrit ceci : puisque vous allez égorger quand même, envers et contre tous, évitez de boucher les conduites d'eaux usées, comme vous allez le faire pour vos artères !
Il n'est pas dit que le message aurait eu plus d'effet que le SOS désespéré de l'honorable Office national d'assainissement, mais il est certain que ce rituel obligatoire arrange beaucoup de monde. Quelques jours auparavant, l'écrivain Amin Zaoui avait aussi exprimé le même désespoir devant les dégâts inévitables que subissaient les cerveaux, du fait des oreilles obstruées. Il était dans son rôle en s'insurgeant contre la transformation de nos villes en corrals et étables, durant cette période précise, où on croit purifier son âme en salissant son quartier. Amin Zaoui s'est fait incendier sur les réseaux sociaux, en particulier, mais il n'ignorait pas en rédigeant sa chronique dans Liberté quelles réactions celle-ci allait produire. Il sait pertinemment qu'au pays des faux prophètes, les écrivains n'ont pas toujours bonne presse, surtout lorsqu'ils sortent des sentiers battus et ne le caressent pas dans le sens du poil. Jadis on tuait les vrais prophètes, ou on essayait de les faire taire, mais dans nos contrées, entrer en littérature et avec l'intention d'y réussir, voire d'y briller, c'est faire fi de sa sécurité, de sa vie. Ce qui est le plus déplorable dans cette affaire, c'est l'attitude d'une partie de notre supposée intelligentsia qui ne veut pas que l'on tue Amin Zaoui, mais qui le flagelle en attendant.
C'est ainsi qu'on participe à faire le lit des entités religieuses intolérantes qui s'implantent solidement et durablement dans ce pays, quitte à dire plus tard, trop tard, qu'on aurait dû. Et il n'est pas encore trop tard pour se solidariser avec Amin Zaoui, non parce qu'il a raison, mais parce qu'il a le droit de dire tout comme Boualem Sansal, Kamel Daoud, ou Boudjedra. Ne les éreintons pas de leur vivant, ne nous joignons pas à ces offices de bourreaux, au nom de causes, aussi justes soient-elles, pour avoir bonne conscience plus tard en leur offrant un panthéon ! Et j'en viens à l'autre «ennemi public» du moment, celui qui est en train de donner des coups de marteau sur le crâne des Arabes et/ou des musulmans, j'ai nommé le Tunisien Caïd Essebci. Avec son projet de loi sur l'égalité successorale, le Président tunisien n'indispose pas seulement ses propres islamistes, mais il donne aussi des céphalées aux nôtres. Le voilà promu au rang d'ennemi de Dieu et de l'Islam, autant dire qu'il est le diable pour tous les religieux et autres conservateurs prompts à s'appuyer sur le Coran, quand il va dans leur sens. Comme d'habitude, les Algériens donnent l'impression qu'ils sont directement concernés par les projets du Président tunisien, ce qui n'est pas totalement faux, mais ils font comme toujours dans l'excès. 
Sur les réseaux sociaux, certains internautes et militants de parti reprennent carrément les placards tunisiens appelant à la destitution du Président qui s'est «attaqué à Dieu et à l'Islam».  
En Tunisie, le projet de loi instaurant l'égalité hommes-femmes en matière d'héritage se heurte principalement à l'hostilité du parti Nahda, de Rached Ghannouchi, qui appuie ouvertement la contestation. Un transfuge honni de la Nahda, Hachemi Elhamdi, fondateur du parti Courant de l'amour, s'est joint aux manifestations impliquant sa chaîne de télévision satellitaire Al-Mustaqila. 
Le personnage à «géométrie variable» a créé sa chaîne à partir de Londres et a d'abord roulé pour Ben Ali avant de se mettre au service des Saoudiens. Ces derniers entendent, en effet, ne pas perdre la main et se posent toujours en partisans d'un Islam modéré. Tout comme ils ont mis des décennies pour étendre et imposer le wahhabisme dans le monde arabe et musulman, ils veulent prendre leur temps pour réformer à leur convenance. Ils viennent de porter un premier coup à l'un des piliers de leur propagande religieuse, le concept de la «Sahwa», ou l'éveil de l'Islam, portes grandes ouvertes sur l'intégrisme.
C'est par le biais d'un de leurs ministres, celui des Affaires religieuses, qu'ils viennent de répudier la «Sahwa», la déclarant étrangère et l'attribuant à l'idéologie des Frères musulmans. Le ministre Abdelatif Al-Cheikh a affirmé, en accueillant les premiers pèlerins pour La Mecque, que ce sont les Frères musulmans qui s'étaient infiltrés en Arabie Saoudite et y avaient semé la graine du terrorisme. 
On ne fera pas l'affront au distingué ministre de lui demander où est née l'idéologie des Frères musulmans. Toutefois, on peut parier qu'à l'enterrement du wahhabisme, ce sont les Saoudiens qui seront en tête de la procession.
A. H.

 

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