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Rubrique Kiosque arabe

Le Canada, en tête des sondages !

Le Canada fera-t-il des excuses à l'Arabie Saoudite pour s'être mêlé de ce qui le regarde, à savoir le respect des droits de l'Homme et des libertés dans le monde ? Le Canada pliera-t-il un genou ou les deux devant la coalition arabe, conduite par la sainte ligue du Caire ? Le Canada tremble-t-il déjà d'effroi à l'idée que l'Algérie puisse déclencher les hostilités, au nom de la solidarité arabe ? Il me semble qu'il faille répondre non à ces questions, dont la troisième est tout à fait subsidiaire, pour ne pas dire dérisoire, autant qu'objet de dérision. Même le berger, bac + 5, le plus ignorant de Kabylie sait pourquoi l'Occident ménage les Saoudiens tout en les détestant. Les Saoudiens ont de l'argent, beaucoup d'argent, et c'est avec cet argent qu'ils achètent le respect, apparent et d'apparat, qui leur est témoigné, de Trump à Macron, en passant par M6. Les Présidents et chefs d'Etat d'Amérique du Nord et d'Europe n'ont jamais ignoré un seul instant que les semis et le levain du terrorisme islamiste sont d'essence wahhabite. Mais au nom du réalisme économique, de la stratégie, et de la mondialisation, ils s'en accommodent, et fort bien. Cela ne signifie pas que le respect des dirigeants des pays démocratiques reflète avec exactitude le même sentiment que professent leurs citoyens non-commerçants, bien au contraire.
On ne s'étonnera donc pas que l'Arabie Saoudite prenne comme première mesure de rétorsion le gel des échanges commerciaux avec le Canada, dont elle est le plus gros client dans la région. L'arme du pétrole et son efficacité financière, utilisée jadis avec l'éphémère succès que l'on sait, peut paraître dérisoire aujourd'hui mais, brandie par Riyad, elle est redoutable et redoutée. Pour la circonstance, Riyad a mis le paquet : en plus du gel des relations commerciales, il y a eu rappel et expulsion d'ambassadeurs et menaces de transfert des étudiants saoudiens vers d'autres pays. Un manque à gagner évident pour un pays qui a pourtant fait toutes les concessions possibles sur son territoire aux tenants et activistes du Wahhabisme. Comment le Canada qui ne semble pas avoir perdu, un seul jour, le sens des réalités a pu s'oublier au point de défendre les droits de l'Homme et en particulier ceux des femmes ? Ceci sachant que dans sa partie québécoise, on envisage le plus sérieusement du monde d'accepter l'application de la Charia aux femmes bien sûr, au nom des «accommodements raisonnables». Seulement, pour les Saoudiens ces accommodements ne sont raisonnables que dans la mesure où les Canadiens s'accommodent aussi de la répression en Arabie Saoudite.
Ce qu'ils ont déjà fait d'ailleurs, en vendant des véhicules blindés au royaume wahhabite, avant de se raviser et de bloquer les ventes après avoir constaté que leur armement avait servi à réprimer des émeutes chiites. Or, qu'ils soient précurseurs ou imitateurs de méthodes éprouvées, les Saoudiens, qui professent officiellement une «wassatia» (juste milieu) oscillante, frappent tantôt à droite, tantôt à gauche. Ces dernières semaines, et en prévision du grand pèlerinage, ils ont commencé par les figures de proue du wahhabisme «pur et dur», avant de se tourner vers les supposés laïcs. L'activiste Samar Badaoui est au cœur de ce grave incident, puisque c'est son arrestation, en juillet dernier, en même temps que d'autres militants des droits de l'Homme qui a relancé la crise. Car, le feu couvait sous la cendre depuis que le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a interpellé en avril dernier le prince Mohamed Ben Salmane sur le cas du blogueur Raïf Badaoui. Ce dernier est emprisonné depuis 2012 après la création de son blog dans lequel il revendiquait plus de libertés dans son pays, et notamment moins de rigorisme religieux. Accusé d'avoir porté atteinte à l'Islam, procédé très classique, Raïf Badaoui a été condamné, en 2014, à dix ans de prison et à mille coups de fouet, répartis sur plusieurs séances de flagellation.
Le cas de sa sœur est nettement plus grave, au regard du statut de la femme en Arabie Saoudite: son premier crime est d'avoir osé ester son propre père en justice pour l'avoir séquestrée, au nom du principe de tutelle. La démarche n'a pas abouti, évidemment, et c'est le père qui a contre-attaqué en la poursuivant pour désobéissance, ce qui lui a valu une peine de prison, en plus de celles subies pour son activisme. Elle a été, en effet, à la pointe du combat des femmes saoudiennes pour avoir le droit de conduire une automobile, qu'elles ont finalement obtenu depuis le 24 juin dernier, mais… Samar Badaoui a encore aggravé son cas en recevant une distinction honorifique américaine pour son courage, en tant que femme dans une société et un pays répressifs, impardonnable ! D'autant plus que la déclaration canadienne sur les arrestations ne s'est pas bornée à les déplorer, mais a cité nommément Samar Badaoui, demandant explicitement sa libération. Tous ces éléments peuvent justifier la colère des Saoudiens, mais n'expliquent pas le caractère excessif de leur réaction à une «ingérence», devenue banale et courante dans le cas de l'Arabie Saoudite. Seulement, si Riyad peut se permettre de faire le dos rond face aux mêmes critiques venant de Washington, son principal allié et soutien, il n'en va pas de même pour le Canada.
En s'en prenant de façon aussi brutale à Ottawa, l'Arabie Saoudite semble surtout attachée à lancer un avertissement aux pays occidentaux, notamment européens, qui seraient tentés d'imiter le Canada. 
Curieusement, sur les réseaux sociaux où l'on parle l'arabe, ou des langues de substitution, comme au Maghreb, l'Arabie Saoudite n'a pas la cote dans les sondages, face aux Nord-Américains. Les Marocains ont certes de sérieuses raisons d'en vouloir aux Saoudiens qui n'ont pas voté pour leur pays, lors du scrutin sur l'organisation de la Coupe du monde de 2026. En dépit de la proximité du hadj qu'ils ne sont pas près de boycotter, les internautes algériens manifestent aussi une nette préférence pour le Canada, où les espérances de visa sont plus réelles. On peut effectivement rêver d'aller mourir un jour en Arabie Saoudite et en pèlerinage, mais certainement pas pour y vivre !
A. H.

 

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