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Rubrique Kiosque arabe

L'Égypte et ses droits de l'Homme

Nouvelle, et non la dernière moisson, des «Accords d'Abraham», l'ambassade israélienne à Bahreïn a été inaugurée jeudi dernier dans la capitale des Émirats arabes unis, à qui le tour ? Le survivant algérien du wahhabisme qui semble ignorer que la doctrine est déclarée périmée par ses inventeurs a salué en août dernier l'entrée des Talibans afghans dans la capitale Kaboul. «S'il n'en reste qu'un, je serai celui-là», disait le message aux Saoudiens qui veulent déboulonner la statue du commandeur Ibn Al-Baz, pour nous la céder éventuellement à titre gracieux. Après nous avoir fait passer par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel islamiste, les maîtres du wahhabisme travaillent efficacement à nous imposer les Accords d'Abraham, d’Est en Ouest. Si les martyrs ont de moins en moins d'opportunités de retour, leurs bourreaux et les marchands du temple qui leur ont tourné le dos sont de retour, et ils nous le font savoir à cor et à cri. Après quelques menus déboires et jets d'œufs pourris virtuels, les frères Moubarak qui ont juste fait semblant de partir font parler encore d'eux, en récupérant d'abord l'argent de leur père. Encore trop jeunes pour écrire leurs mémoires, ils s'attellent néanmoins à redorer la mémoire de leur géniteur en évoquant ses relations avec certains de ses proches, qui ont tous les torts. 
Comme quoi, même s'il n'a pas réussi à transmettre le pouvoir à ses héritiers, il leur a au moins assuré la survie et les moyens politiques et financiers de son éventuelle réhabilitation. En attendant, l'Égypte de Sissi continue de trembler pour son avenir avec le barrage éthiopien de la renaissance, baptisé ainsi comme un défi aux deux pays, Égypte et Soudan, qui ne vivent que par le Nil. Toutefois, même si le pays entier fait bloc autour de son gouvernement sur cette question, la contestation est toujours présente en raison de la crise sociale grave que vit le pays. Après la chute de Moubarak et le règne éphémère des Frères musulmans, trop sûrs d'eux, et de l'appui des Américains, l'Égypte semblait s'acheminer vers une période de stabilité avec Sissi. Seulement, en dépit de sa bonne volonté apparente, le raïs égyptien n'a pas réussi la grande réforme qu'il présentait comme l'une des priorités, celle du discours religieux source de violence. C'est paradoxalement l'institution Al-Azhar, place forte de l'archaïsme et du conservatisme, que le Président Sissi a exhortée à prendre en charge la réforme du discours religieux. De fait, Al-Azhar a été le plus souvent à l'origine des nombreux procès, suivis d'emprisonnement, intentés à des intellectuels libres penseurs en désaccord avec ses théologiens.
Certains chroniqueurs n'ont pas hésité à relever ce qu'ils appellent le double langage et l'ambiguïté de l'institution sur certaines questions comme le refus d'excommunier Daesh. Le mois dernier Al-Azhar a reçu un nouveau coup de semonce de la part du Président Sissi, lors d'une réunion publique consacrée au lancement d'une «Stratégie des droits de l'Homme». Cette nouvelle stratégie qui s'étalera sur cinq ans et qui devait avoir le 11 septembre dernier comme point de départ vise à "renforcer et respecter davantage tous les droits civils, politiques, sociaux, économiques et culturels". Aux termes de cette stratégie, l'Égypte s'engage, en effet, à «respecter et protéger le droit à l'intégrité physique, la liberté personnelle, la pratique politique, la liberté d'expression et de constitution d'associations civiles, ainsi que le droit de recours». Critiqué surtout par ses amis américains sur la question de la liberté religieuse, Sissi a étonné son auditoire en s'appuyant sur le Coran et en déclarant : «Que celui qui veut devenir musulman le fasse, que celui qui ne le veut pas s'abstienne, que celui qui veut croire puisse le faire, et que celui qui ne veut pas croire soit libre de ne pas croire.» Ce passage du discours de Sissi et son engagement devraient entraîner l'abrogation du fameux article 18 du code pénal égyptien qui réprime «le mépris de religions».
C'est en vertu de cet article, actionné le plus souvent par Al-Azhar devant les tribunaux, qu'un penseur réformiste comme Islam Behaïri avait été emprisonné durant près d'un an avant d'être gracié. Outre la disparition de cet article, que Sissi semble avoir condamné dans son discours du 11 septembre, l'Égypte devrait aussi cesser de réprimer les conversions de musulmans au christianisme. En vertu des nouvelles mesures à prendre dans le cadre de cette stratégie, l'Égypte devra également dissoudre le service de police, créé pour lutter contre ces conversions. Normalement le discours du 11 septembre devrait être suivi de mesures rapides, et notamment la libération des prisonniers d'opinion, et l'annulation des condamnations pour apostasie. Pour l'instant, aucune information n'est venue confirmer les prédispositions affichées par le Président Sissi et sa volonté apparente de réduire l'influence des théologiens d'Al-Azhar. Si des observateurs occidentaux se sont montrés sceptiques sur la volonté réelle des autorités égyptiennes de respecter les droits de l'Homme et les libertés, d'autres sont formels : «L'Égypte est un État musulman réactionnaire régi par une force dominante, à savoir les turbans d'Al-Azhar, derrière un chef d'État à l'habit moderne, mais à la mentalité réactionnaire.»
Jugement un tantinet expéditif que nous ne nous empresserons pas de partager.
A. H.

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