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Rubrique Kiosque arabe

Sissi s'affiche aussi le vendredi

Qu'il l'ait voulu ou non, le Président Sissi s'est retrouvé impliqué dans les manifestations du vendredi, et plus spécialement celle du douzième de la série et premier du Ramadhan. Le slogan le plus remarquable interpellait directement Gaïd Salah, jusqu'alors ménagé, voire regardé avec bienveillance, sur ses projets d'avenir pour l'Algérie et pour lui. Le slogan, traduit en arabe, disait ceci : nous avons demandé une assemblée constituante et pas un régime de type Sissi. Il se trouve que dans la langue de Nizar Qabbani, constituante rime avec Sissi, même si ce dernier a enjambé l'Assemblée pour se confectionner un texte fondamental sur mesure. De prime abord, on peut supposer que le Sissi égyptien n'intervient, dans nos manifestations pacifiques mais déterminées, que par la volonté des rimailleurs du vendredi. Mais cela ne s'arrête pas aux slogans brandis dans la rue, puisque les réseaux sociaux, dont se plaignent injustement certains éditorialistes mal inspirés, crient aussi haro sur le «sissisme». Il serait malvenu pour le maréchal égyptien, promu Président à vie, de se plaindre de ces comparaisons peu flatteuses, mais il l'a bien cherché, pourrait-on dire. Qu'avait-il à s'offrir en contre-exemple, au moment où les Algériens réduisaient en confettis le projet, regardé alors comme funeste, de cinquième mandat pour Bouteflika ?
Les chroniqueurs égyptiens ont fait preuve d'un certain flair, car en nous mettant en garde contre l'arrivée des Frères musulmans au pouvoir, ils nous suggéraient le chapitre suivant. Les Frères musulmans égyptiens, rejetés par un «Hirak» massif, ont été éjectés du pouvoir par Sissi qui a remplacé la «Dawla islamia» par une «Dawla madania», version très islamisée. Beaucoup de points communs entre les deux pays, et notamment la relation père-fils qu'entretiennent les Frères musulmans d'Égypte, en particulier avec les islamistes algériens. On peut donc voir dans l'apparition du nom de Sissi sur les slogans de nos marcheurs une inspiration des islamistes locaux, alliés ou non au régime, mais toujours là pour les moissons.
On leur doit certainement cette curieuse banderole qui unit en une improbable noce le 1er novembre 1954 et Cheikh Ben Badis, alors que le leader islamiste était aux antipodes. Paradoxalement, ces banderoles à la gloire de notre «Société des savants musulmans» rejettent même le Congrès de la Soummam qui a pourtant permis à ces derniers de prendre le train en marche. Pour faire bonne mesure et par amnésie ou ignorance sacrée, on y mentionne aussi la France, que le cheikh vénéré plaçait en haut de l'échelle des civilisations et qu'il appelait sa «grande sœur».
C'était le temps où le «grand frère» intégriste, Mohamed Ibn Abdelwahab, était regardé comme un modèle et que ses enseignements servaient d'aiguillon au pseudo-éveil islamique. La «Sahwa», dont la seule manifestation probante et dramatique est le terrorisme islamiste, est désormais perçue sous son vrai visage, jusqu'à poser des questions aux pays exportateurs. Deux articles sont apparus quasi simultanément la semaine dernière dans deux journaux, l'un saoudien et l'autre émirati, et traitent des côtés obscurs de la «Sahwa». Des titres éloquents : «Autour du pardon pour l'éveil» (Al-Itihad), «La Sahwa qui n'a pas de cervelle» (Okaz). Les deux quotidiens reviennent sur le repentance, un peu tardive et sans doute inspirée, du célèbre prédicateur saoudien Aïdh Al-Qarni. En même temps qu'il a demandé pardon pour avoir encouragé le terrorisme au nom de l'éveil, il s'est engagé à demeurer fidèle à la ligne du prince héritier, Mohamed Ben Salmane. Ce qui peut signifier que le cheikh, adulé et vénéré par certains milieux islamistes et assimilés, a eu à subir quelques pressions pour l'amener à reconsidérer ses options religieuses. Le quotidien émirati Al-Itihad rappelle que, depuis les dernières décennies du siècle dernier, le courant extrémiste a imposé son discours aux sociétés arabes. 
«Il suffit de se rappeler que personne ne s'opposait à ces extrémistes lorsqu'ils faisaient commerce de religion, mais maintenant que le terrorisme s'est répandu, il faut assécher ses sources, note le journal. Dans ses confessions récentes, le prédicateur Aïdh Al-Qarni affirme que la «Sahwa» a provoqué une fissure dans la société, classant les gens en «engagés», et «non-engagés». Ceci, en se basant le plus souvent sur les seules apparences. Cependant, demander pardon ne suffit pas, et le véritable éveil consiste à inculquer la modération, sans tutelle ni terrorisme. Il ne faut pas oublier aussi que les idées extrémistes ont trouvé un terrain favorable dans les médias avec l'apparition des stars des chaînes satellitaires, dont le seul objectif est la célébrité et l'enrichissement», conclut le journal. Revenant à son tour sur les origines et les méthodes du pseudo-éveil, le quotidien Okaz rappelle que la «Sahwa» avait son lexique, ses minbars, sa tactique et ses objectifs grandissaient au fur et à mesure de l'extension de sa présence et de son influence. Cette influence se matérialisait de deux façons : dans le comportement social, en général, comme l'imposition d'une tenue vestimentaire unique et le comportement dans la communauté. Sur le plan tactique et politique, il s'agissait de concrétiser cette domination et cette emprise sur la société, en devenant un partenaire et en participant à la prise de décisions. C'est ainsi que le discours des minbars a dépassé le stade des comportements, du hidjab, ou de la musique, pour s'attaquer aux fondements du pouvoir, au rôle des ulémas et de la nécessité de les écouter. Pour le quotidien saoudien, la repentance au sujet de la «Sahwa» est une bonne chose, mais elle reste un acte individuel, tant qu'on ne sera pas débarrassé de l'héritage de cet éveil». Un héritage qui n'est pas perdu pour tout le monde, en vertu de la propension des islamistes algériens à jouer aux chiffonniers de la foi.  
A. H.

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