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Rubrique Kiosque arabe

Un message de Frantz Fanon à Tliba

Lu sur Facebook un texte émouvant qui évoque les funérailles officielles, organisées au héros national, Frantz Fanon, par le GPRA le 12 décembre 1961, et en territoire algérien. Ramenée des États-Unis en Tunisie, à bord d'un avion américain (l'Amérique de Kennedy), la dépouille mortelle de Fanon a été mise en terre, à quelques centaines de mètres de la frontière tunisienne. L'article précise que deux sections de l'ALN, appartenant au bataillon commandé par le capitaine Chadli Bendjedid (décédé le 6 octobre 2012), chef de zone, lui ont rendu les honneurs. On rappelle aussi que Frantz Fanon repose toujours dans le cimetière d'Aïn-Kerma, dans la région de Bouhadjar, wilaya de Tarf, non loin de ce qui fut le fameux « Bec de canard ». De zone de guerre et de fraternité de combat dans les ranges du FLN-ALN, qu'est devenue cette région, ainsi que les autres régions du pays, près de 60 ans après le retour de Frantz Fanon ?La très mauvaise nouvelle est que le FLN s'est transformé en parti politique, après avoir creusé la tombe de l'ALN et l'avoir enterrée avec ses ambitions et la plupart de nos illusions. Le FLN, parti unique qui a fini par se dupliquer en plusieurs partis et consortiums uniques, a envoyé des dizaines de députés à l'Assemblée, aussi avides que des chercheurs d'or.
C'est, justement, cette frontière tunisienne que Frantz Fanon a franchie dans le bon sens pour regagner la quiétude éternelle de son pays qu'un certain Tliba aurait traversée en sens inverse. Qu'il l'ait fait ou non, qu'il soit ici ou là, l'essentiel est qu'il semble être hors de portée de la justice des hommes, alors qu'il a promené sa carcasse sous nos yeux durant des mois. Il faut dire que question poids, Tliba en impose, et affirmer qu'il vaut son pesant d'or, ce n'est pas céder à la tentation du jeu de mots facile. Qu'il se soit enfui avec notre argent importe peu, si ce n'était cette ascension qui pourrait faire dire qu'en Algérie, les éléphants volent, et même mieux lorsqu'ils ont volé. Quand le vice accède au perchoir de l'Assemblée, et qu'il en devient même vice-président, sans qu'on puisse y voir malice, c'est que la déchéance est vertigineuse de Fanon à Tliba. Pis encore, au pays où l'on vous arrête pour un oui pour un non, où des manifestants pacifiques et des militants politiques sont embarqués manu militari, on a lâché du lest à Tliba. Certes, il y a le respect des règles de la procédure même lorsqu'elle profite à des délinquants qui réunissent, de jure et de fait, tous les éléments de l'immunité et de l'impunité. Mais dans ce cas précis, cela faisait des semaines que même l'écho annonçait que Tliba va être arrêté.
On ne s'étonnera donc pas, même si c'est conforme au règlement, que le député et délinquant en fuite, Tliba, ait été traité avec tous les égards dus à son rang, surtout par ses collègues « élus ». Nous sommes, après tout, dans un État qui respecte parfois ses propres règles, même s'il arrive qu'il les méprise, les ignore et qu'il les piétine à l'occasion, comme il le fait depuis toujours. Avec un tel homme, si tant est qu'on puisse le considérer ainsi, et avec son poids financier aussi imposant, dit-on, que sa masse corporelle, toutes les largesses seraient permises. Au cas, très probable, où il serait passé en Tunisie, en croisant l'itinéraire de Fanon, il ne serait pas étonnant que Tliba ait eu un ricanement d'hyène, en passant près de la tombe du héros. L'auteur des Damnés de la terre pressentait déjà les malheurs à venir avec les hommes qui se sont emparés du pays et dont Tliba n'est que la partie visible de l'iceberg, si j'ose dire : « Ces régimes de type familial semblent reprendre les vieilles lois de l’endogamie et on éprouve non de la colère, mais de la honte en face de cette bêtise, de cette imposture, de cette misère intellectuelle et spirituelle. Ces chefs de gouvernement sont les véritables traîtres à l’Afrique, car ils la vendent au plus terrible de ses ennemis : la bêtise. Cette tribalisation du pouvoir entraîne, on s’en doute, l’esprit régionaliste, le séparatisme .»
Faudrait-il penser alors comme le veut le proverbe que le feu engendre de la cendre, et que le pays des héros, de Ben Boulaïd et Ben M’hidi, a enfanté des Tliba pour être ses fossoyeurs ? D'une voix plus forte que les ricanements, Fanon réplique : « Bâtissons ensemble une Algérie qui soit à la mesure de notre ambition, de notre amour... Nous sommes des Algériens, bannissons de notre terre tout racisme, toute forme d'oppression et travaillons pour l'épanouissement de l'homme et l'enrichissement de l'humanité .» Non ! L'Algérie enfantera encore des Tliba, mais ils ne suivront pas nécessairement le même chemin, et ils resteront à la place où leur intelligence les aura placés. Là où ils ne feront aucun mal. C'est à ce chantier que se sont attelés les Algériens depuis le 22 février dernier, et c'est ce rêve de Fanon qu'ils scandent, le vendredi et le mardi, en dépit de l'obstination et de la surdité des gouvernants. Une nouvelle génération qui se revendique des « Pères libérateurs » a brisé le cercle de la peur et dissipé le désespoir qui s'était emparé de tout un peuple. Aujourd'hui, grâce à ces jeunes marcheurs résolus, la voix de Frantz Fanon et de ses compagnons se fait à nouveau entendre.
A. H.

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