Bouches d’incendie !

Pas à dire ! Quelque part, quelque force suprême non-identifiable, sachant souffler le chaud et le froid, s’amuse à alterner grave en appuyant à l’improviste soit sur le bouton bleu soit sur le rouge. Tandis que les relations Est-Ouest entrent dans une ère glaciaire retrouvant ces courants d’air sournois de la Guerre froide, au sens figuré comme au sens propre, les Européens, déterrant la hache de guerre contre Poutine qui risque de les priver du gaz russe, l’Europe est confrontée à une vague de chaleur sans précédent.
La France, l’Espagne, le Portugal brûlent à qui mieux mieux tandis que le Royaume-Uni, d’habitude flegmatique par rapport à tout ça, décrète pour la première fois une alerte rouge à la canicule sur son territoire. Pour que ça touche la légendaire placidité british, il faut vraiment que les vents du sud insistent. Toujours inspirés sur le mode Apocalypse Now, les commentateurs rivalisent d’images chocs et de métaphores catastrophistes pour décrire ce renversement climatique qui nous plonge dans une saison en enfer. L’Espagne et le Portugal voient des milliers d’hectares de forêt partir en fumée. La France connaît des incendies d’une ampleur historique et Paris se prépare à vivre sous 50 degrés.
Bref, ça brûle partout, ça crame tout, ça réduit en cendres le moindre brin d’herbe ! Avec tout ce qu’on a creusé dans la couche d’ozone, c’est comme si on avait pris ce qu’on avait pour en faire un immense feu de cheminée qui décompose les banquises, terrasse les glaciers, remplit les mers et les océans de quantités d’eau pour lesquelles les assiettes sont trop petites et qui finissent par tout inonder et par tsunamiser à gogo.
Pareil en relations internationales et dans chaque pays. Ça brûle en politique. La tentative continue des maîtres du monde à ne jamais perdre la main, l’obsession des tenants de l’ultra-libéralisme à dominer la planète pour y pomper le profit, tout cela multiplie les incendies de toutes sortes.
Résultat : les seules bouches qu’on pourrait encore ouvrir, ce sont les bouches d’incendie. Encore faut-il qu’il y en ait et surtout qu’il y ait encore de l’eau !
A. T.