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Rubrique L’imparfait du subjectif

Le Qatar tique

Il y a plutôt de quoi ! A quelques jours du début de la Coupe du monde de foot dans l’émirat, les appels au boycott se multiplient dans un certain nombre de pays, notamment européens. En France, de nombreuses villes dont Paris, Lyon et Marseille ont décidé de ne pas diffuser les matchs en public sur écran géant. Punition ! Également en Allemagne où le hashtag «Pas de Qatar dans mon bar» se répand sur les réseaux sociaux, de même qu’au Danemark. D’autres mesures tout aussi symboliques sont prises comme le port de brassards arc-en-ciel par les capitaines de différentes nations européennes pour protester contre la répression. «Coupe immonde», clament certains députés insoumis à Paris.
Faut dire qu’en matière écologique, l’organisation de la Coupe du monde avec ses stades climatisés, ses déplacements en avion d’équipes et de supporters n’est pas un modèle du genre ! Pas plus que le sort fait aux travailleurs immigrés sur les chantiers de construction n’est compatible avec l’exigence de respect des droits de l’Homme. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), en 2020, 50 de ces travailleurs seraient décédés d’accidents de travail sur ces chantiers, et 6 500 sur 10 ans d’après le journal The Guardian. Concernant ce dernier nombre, il convient de préciser qu’il s’agit là d’une évaluation impliquant d’autres chantiers de construction du pays, chantiers d’ailleurs auxquels prennent part nombre d’entreprises étrangères. Il faut aussi mentionner que le sort des travailleurs immigrés est identique dans d’autres pays du Golfe, et même au-delà.
Faut-il boycotter ? Ou la question qui convoque l’hypocrisie des soi-disant nations qui défendent des principes. «Deux poids, deux mesures», estime le Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, émir du Qatar, tandis que le chef de sa diplomatie parle d’hypocrisie du gouvernement allemand qui n’a «aucun problème avec nous lorsqu’il s’agit de nouer des partenariats sur l’énergie ou de faire des investissements». On pourrait en dire autant de la France, deuxième pays dans lequel le Qatar investit le plus en Europe après le Royaume-Uni. Le quotidien français La Croix parle, quant à lui, de non-sens du boycott alors que la France poursuit sa vente de Rafale à l’émirat dont il profite des ressources gazières.
Les affaires sont les affaires !
A. T.

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