Le romantisme de BFMTV

Ce serait amusant... si ce n’était aussi grave. Ce serait amusant en effet d’analyser la structure de l’information donnée par l’inénarrable BFMTV des attaques israéliennes contre les Palestiniens. On a chopé une de ces infos «pro» l’autre jour. On te montre des missiles déchirant la nuit.
Un type raconte avec toute la gravité de mise en la circonstance que des tirs palestiniens ont visé Jérusalem. Mais la défense anti-aérienne israélienne connue sous le nom de dôme de fer a empêché qu’il y ait de victimes. Entendre : israéliennes, car il n’est de victimes qu’israéliennes. Puis, toujours aussi gravement, le type poursuit mais du coup une octave plus bas, comme si de rien n’était, qu’Israël a répliqué et que six enfants palestiniens ont péri sous les obus.
L’information concernant les enfants était à peine audible, une sorte d’info collatérale que fait oublier l’information essentielle : Israël est attaqué.
Le peu que l’on sait de la pratique de l’information est que c’est l’être humain qui prime. S’il y a un mort quelque part et une ville détruite sans victimes, on commence par donner l’information sur le mort.
Ça, c’est ce qu’on apprend. Mais au vrai, ces médias revendiquent une sorte d’objectivité mais à condition qu’ils gardent la latitude de défendre les tenants de leur mangeoire. C’est toujours la même histoire des bons et des méchants, de l’axe du mal et celui du bien. Sauf que le mal est là où sont souvent les causes justes et le bien là où se trouvent la puissance et l’argent. On ose à peine imaginer comment le type à la voix grave aurait ouvert son journal si six enfants israéliens étaient morts dans des bombardements ? On imagine un peu…
Les violons auraient joué en boucle et les barbares seraient encore une fois non seulement cloués au pilori mais ils auraient rendu légitime une répression plus grande. Mais là, c’est une autre histoire qui ressemble à toutes les histoires de domination. Il frappe le premier et il pleure le premier.
A. T.