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Rubrique Le Soirmagazine

Enquête-Témoignages Baby clash. Le bébé de la discorde

«Un seul enfant pour le moment et on verra après !»  Au lendemain du mariage, Monsieur et Madame ont passé un pacte. Pas de deuxième bébé.  Projet d’émigration, raisons économiques, accroissement de la charge parentale, autant de motifs pour ne pas envisager une deuxième maternité. Mais en cours de chemin, bébé s’est invité dans le couple, mettant de l’eau dans le gaz de la vie conjugale. Baby clash ! Témoignages.

Fatiha, 34 ans
«Avoir une famille nombreuse a toujours été mon souhait mais pas celui de mon époux. Nous avons eu un premier enfant un an après notre mariage. Mon mari a été clair dès le début : pas de deuxième bébé. Selon lui, élever un enfant nécessite d’importants  moyens financiers. Il est le seul à travailler et nous continuons à louer l’appartement où nous logeons. Mon fils a eu 4 ans et je rêvais secrètement de tomber à nouveau enceinte. Ma mère m’y encourageait fortement, de son côté. J’ai donc fait exprès d’oublier de prendre ma pilule. En découvrant ma grossesse, mon conjoint a fait un scandale. J’ai été choquée par sa réaction. Selon ses mots, je lui ai fait un bébé dans le dos. Il n’a pas été du tout tendre avec moi. Il a même exigé que je trouve du travail pour faire face à cette nouvelle bouche à nourrir. Notre fille est née il y a un an, mais les conflits ont continué. Bien sûr, il la prend dans ses bras, l’embrasse, la cajole mais refuse de s’en occuper. C’est à moi de tout assumer puisque j’en ai fait qu’à ma tête, répète-t-il inlassablement. Mes parents m’aident du mieux qu’ils peuvent mais la tempête qui souffle sur mon couple depuis la naissance de ma fille ne veut pas se calmer. Les conflits avec mon conjoint sont récurrents à cause de la venue au monde de ce second enfant.» 

Sarah, 28 ans
«Mon mari et moi avons engagé des démarches pour  émigrer  au Canada. Entre-temps, nous avons eu un premier bébé. Une adorable petite fille. Nous étions d’accord : pas de second enfant pour le moment. Il fallait faire des économies en attendant l’aboutissement de notre dossier. Nous avions tout le temps de programmer un deuxième bébé une fois installés au pays de l’érable. C’était compter sans les surprises que  nous réserve la vie quelquefois.  Mon deuxième bébé est né par ‘‘accident’’ comme on dit. Au lieu d’être une source de bonheur, la naissance de ma fille été le sujet d’interminables disputes avec son père. Une grande crise  paralyse notre couple. Notre départ pour le Canada est pour bientôt. Mon époux me reproche d’avoir entravé nos projets et notre liberté. J’espère que sa colère finira par tomber. » 

Djalil, 42 ans
«Après la naissance de mon premier enfant, j’ai été délaissé par mon épouse. Elle s’est mise à consacrer tout son temps à notre fils. C’était comme si je n’existais plus. Elle m’a même chassé de la chambre, et j’ai dû m’installer, la mort dans l’âme, sur le canapé du salon. Sevré de tendresse, je me suis surpris à éprouver de la jalousie envers ce bébé qui m’a éloigné de ma moitié. J’ai été catégorique. Je ne voulais pas de deuxième enfant. Je pense que la maternité signe l’arrêt de mort de la vie intime du couple. ‘‘Ce que femme veut, Dieu le veut’’, rappelle le proverbe. Quand ma chère et tendre a agité un test de grossesse sous mon nez, j’ai failli avoir une crise cardiaque. Aujourd’hui elle en est à son cinquième mois de grossesse et je n’arrive toujours pas à me faire à cette idée. Je pense que les couples algériens ne vivent que pour et par leur marmaille. La tendresse, l’amour et l’affection dans le couple n’existent pas. Ce n’est vraiment pas ce que je voulais vivre, hélas !» 

 Zineb, 38 ans
«Mon mari a grandi au milieu d’une grande fratrie. Il me raconte souvent qu’il a manqué de tout  sur le plan matériel et même affectif. De ce fait, il ne désire pas avoir une ribambelle d’enfants. J’ai un garçon de 6 ans et souhaite une seconde grossesse, surtout que l’horloge biologique commence à biper.  La seule évocation de ce sujet le sort de ses gonds. Mon désir de maternité lui fait horreur. Ses arguments : ‘‘On vit bien, on est libre, on voyage, on profite de la vie et notre fils ne manque de rien.’’ Dès qu’il est de bonne humeur, j’en profite pour remettre ce sujet sur la table. La réaction de mon compagnon est épidermique. Il s’emporte et me traite de tous les noms. Parfois, j’ai envie de laisser tomber mon contraceptif mais j’hésite. J’ai tellement peur de sa réaction. Le sujet du deuxième enfant est une continuelle source de querelles entre lui et moi.» Elever un enfant nécessite de longues années de sacrifices et d’engagements. Certains époux ne sont pas prêts à renoncer ni à leur tranquillité ni à leur liberté. L’arrivée d’un second enfant implique une réorganisation sur le plan matériel et modifie l’équilibre de la vie conjugale. D’où des conflits récurrents au sein de ces couples en péril. 

 

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