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Rubrique Le Soirmagazine

Enquête-Témoignages Garçon manqué et bien dans ma peau

On les appelle garçon manqué. Elles portent les cheveux courts, parlent fort et s’habillent comme des hommes. Par leurs accoutrement, gestuelle et comportement, elles refusent toute féminité et s’assument entièrement en dépit de l’incompréhension de leur entourage et du regard curieux de la société. Cheveux longs, brushing, maquillage, vernis à ongles, bijoux, parfums, jupes, talons et tralala,  très peu pour elles. Ces femmes se sentent plus à l’aise en blouson, chemise à carreau et jeans-baskets. Témoignages.

Feriel, 26 ans
«Je suis fille unique. J’ai été élevée au milieu de mes trois frères dont je suis la cadette. J’ai toujours été associée à leurs jeux, préférant les parties de foot aux jeux de poupée et dînette. Pas de rose dans ma vie. Pas de cheveux longs. Pas de rubans satinés. 
A l’adolescence, mes copines ont commencé à se maquiller et à mettre leur silhouette en valeur en mettant des robes et des vêtements prêts du corps. Pas moi. Je n’étais à l’aise qu’en pantalon, blouson, sac à dos et baskets. J’ai toujours eu des coupes courtes et j’ai horreur de tous les accessoires associés à la féminité et à la mode : bijoux, parfums, sacs... D’ailleurs même ma gestuelle est un peu masculine. Je parle fort et je fais beaucoup de gestes comme les garçons. Cela ne m’embête pas du tout. Je me sens en harmonie avec ce que je suis, même si cela dérange  parfois mon entourage. Ma mère s’inquiète de me voir célibataire à vie, ce qui m’amuse au plus haut point.»

Sabrina, 29 ans
«Je ne suis à l’aise qu’en mode garçon. Ma famille et mes amies me reprochent mon manque de féminité. Un jour, lors d’une fête j’ai fait l’effort de me mettre en talons. En montant sur la piste de danse, je suis tombée. Je n’en menais pas large. Plus jeune, j’avais droit à des quolibets dans le quartier et à l’école. Les garçons se moquaient de ma façon de m’habiller et de me coiffer. Je me coupais les cheveux à la brosse chez des coiffeurs hommes. La première fois, mon coiffeur a hésité à prendre ses ciseaux. Il a voulu s’assurer que je voulais bien couper mes cheveux presque à ras. Notre société a du mal à admettre de voir quelqu’un sortir du moule. C’est comme si toutes les filles devaient porter les cheveux longs, se maquiller et se faire un balayage pour exhiber leur féminité. Ce n’est pas évident d’imposer un style qui sorte de la norme dans notre pays. Je m’y accroche car j’estime que la liberté d’être et de paraître  est un droit   fondamental pour tout individu.» 

 Kenza, 33 ans
«Je suis plutôt masculine. Par ma coiffure et ma dégaine, j’ai tendance à afficher un look de garçon qui correspond à mon caractère. Je suis architecte et me rend souvent sur les chantiers pour superviser les travaux. Je côtoie des hommes et me sens plus à l’aise dans mes godasses. D’ailleurs, je partage la garde-robe de mon époux et lui pique souvent ses blousons, ses pulls et ses chemises.  Je le devine un peu malheureux d’avoir comme compagne une ‘‘Aïcha radjel’’ mais il a fini par prendre le pli. Il m’arrive parfois de me mettre en jupe et de consentir à me maquiller légèrement lors de certaines cérémonies. Un vrai calvaire pour moi. Je ne me sens à l’aise qu’une fois débarrassée de tous ces artifices qui m’emprisonnent et étouffent ma véritable personnalité.» 

 Zakia, 35 ans
«Je porte les cheveux plus courts que ceux de mon mari. Je suis un peu garçonne et ce n’est pas nouveau. Petite je préférais jouer avec les garçons. Je trouvais les filles si ennuyeuses, si maniérées, si bêtes ! J’ai aussi appris à me battre, à siffler et à me défendre. A l’adolescence, mes premiers coups de foudre ont été épiques.  J’ai collectionné les chagrins d’amour car les gars qui me plaisaient préféraient les filles féminines pas  le genre  garçon manqué que j’étais. Cela ne m’a pas empêchée d’avoir des amoureux et de rencontrer le compagnon qui partage ma vie aujourd’hui. Comme quoi !»
Femme et fille  à l’allure masculine, au geste et au verbe un tantinet virils, qui n’en a pas connu un jour ? Celles que l’on appelle  garçons manqués assument leur choix et leur façon d’être  même si elles se heurtent souvent au regard étonné et parfois moqueur de la société qui n’accepte pas toujours  la différence.

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