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Rubrique Le Soirmagazine

Entretien «Les algériens ayant l’habitude de partir en vacances ont gardé les mêmes repères»

Nawel Achaibou, Directrice Générale de l’Agence de voyages  et de Tourisme ATG, au soirmagazine :
«Les algériens ayant l’habitude de partir en vacances ont gardé les mêmes repères»

La fin du mois sacré du carême rime, pour ce début  juin, avec les départs en  vacances. Sauf que pour cette année, cela intervient en pleine révolution. Est-ce que cela influencerait les décisions des vacanciers ? Soirmagazine a posé la question à une professionnelle du tourisme, Nawel Achaïbou, directrice générale de l’Agence de voyages et de tourisme ATG.

Soirmagazine : Vous cumulez plus de 15 ans d’expérience dans le secteur touristique. Quelle analyse en faites- vous ?
Nawel Achaibou : Oui, tout à fait. Je suis gérante de l’agence de voyages et de tourisme ATG depuis 2003. De ce fait, j’ai pu constater l’évolution positive et le développement de ce secteur d’activité. Il y a plusieurs aspects à mettre en évidence et je dirais celui le plus parlant est  l’intérêt croissant des autorités pour permettre son essor. Le second point est le changement de comportement des Algériens par rapport au produit touristique. 
En effet, pendant des années, il n’y avait qu’une certaine catégorie qui pouvait prévoir ou programmer ses vacances. Cela ne faisait pas partie des préoccupations majeures des ménages. Désormais, ce n’est plus le cas, notamment pour la classe moyenne qui permet de booster ce secteur. Nous, en tant que professionnels, nous pouvons le constater et je peux assurer qu’aujourd’hui, les familles font des économies tout au long de l’année pour le budget vacances. 
Nous pouvons dire que c’est un changement ou  plutôt un bouleversement  dans  les mentalités algériennes. «L’esprit voyage» des algériens a pu renaître tout doucement et de façon sereine. Ce qui permet à nous,  agents voyagistes, de pouvoir réfléchir à des propositions au développement des offres.

A ce sujet, que proposez-vous à vos clients ?
Nous proposons des destinations à l’étranger, ce que nous appelons dans notre jargon le out-bording, et également  les destinations locales. Pour ces dernières, il s’agit  beaucoup plus  d’offres à la carte, dans le sens où nous enregistrons une demande claire par un groupe et nous faisons en sorte de répondre à cette demande. Je peux citer la dernière offre que nous avons réalisée pour une durée de 12 jours, il s’agit d’une tournée à travers quatre wilayas : Sétif, Constantine, Annaba et Ghardaïa. 

De ce fait, le réceptif n’est pas vraiment développé…
Ce n’est pas ça. Bien au contraire, dès le début de l’entretien, j’ai mis en avant le changement de vision par rapport à ce secteur et le changement de comportement des Algériens en termes de consommation touristique. Il y a des infrastructures locales qui se développent. Il y a de plus en plus d’aqua-parks. Je peux citer à ce sujet celui de Mostaganem ou de Biskra. Mais cela reste encore limité. Les besoins sont beaucoup plus importants. Et cela se répercute sur les prix qui restent élevés par rapport à nos voisins directs. Il y a aussi le manque d’offres complètes.  Les familles algériennes veulent des offres all-inclusives et avec des services d’animation et des jeux aquatiques. Elles ne veulent pas forcément se déplacer et changer de lieux. Les structures balnéaires devraient continuer à se développer et réfléchir à des offres plus structurées et plus complètes.

Quelles sont les destinations les plus demandées et y a-t-il une nouvelle tendance ?
La Turquie reste la destination préférée des Algériens, et ce, depuis 2008. C’est pratiquement un record depuis plus d’une décennie ! Et cela reste logique car elle répond à la demande des familles algériennes qui cherchent des offres all-inclusives, avec des animations et des acqua-parks sur place. La Turquie avec ces multiples infrastructures répond parfaitement à cette demande et qui plus est  règle un problème de taille,  celui de la nourriture hallal. En termes de prix, elle reste assez accessible pour une certaine catégorie de ménages même s’il y a eu la dévaluation du dinar. La deuxième destination est la Tunisie. Ce pays continue à recevoir massivement des Algériens, que ce soit par route ou par avion. Et c’est une destination économique. Vient, ensuite, le Maroc. En termes de nouveauté, il y a la destination Charm el-Cheikh, en Egypte. L’année dernière, des agences de voyages ont développé cette offre et il y a eu des répercussions positives. Le problème de sécurité n’existant plus, les Algériens ont opté pour ce pays. Cela reste à l’appréciation du client. Il y a aussi la destination Europe de l’Est comme la Croatie ou Vienne. Nous avons développé  des destinations à long courrier et qui sont assez prisées par une certaine catégorie de touristes, il s’agit de la Malaisie, l’Indonésie, la Thaïlande et même les Etats-Unis.  

Est-ce que les évènements que connaît le pays ont changé la donne ?
Je ne peux pas répondre de façon catégorique à cette question. Je prends comme référence les vacances de printemps : ceux qui ont l’habitude de partir en vacances durant cette période, ils l’ont fait alors que nous étions en plein début de la révolution. Je pense que les Algériens qui peuvent se permettre des vacances gardent les mêmes réflexes. Il ne faut pas oublier qu’il reste encore une catégorie d’Algériens qui réservent à partir de la mi-juillet. En général, ils voyagent en famille. De ce fait, tout est calculé par rapport aux résultats scolaires. De plus, nous constatons depuis des années que, contrairement à l’Européen, l’Algérien commence à préparer ses vacances à partir du mois de juin. En Europe, les réservations se font à partir du mois de mars. C’est pourquoi les agences de voyages ne peuvent pas, par exemple, programmer des réservations de masse auprès des hôtels. C’est pour cela que nous, professionnels, considérons que le touriste algérien ne connaît que la haute saison. Il n’y a pas de basse saison.

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