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Rubrique Le Soirmagazine

ATTITUDES Les yeux plus gros que le ventre

Les mines patibulaires, les visages pâles, on se réveille rarement du bon pied en ce jour de jeûne. La bouche pâteuse, on regrette déjà le café du matin, la cigarette qu’on s’empresse de griller après avoir ingurgité son précieux breuvage, ses tartines beurrées et ses croissants. Hélas, ce n’est qu’un souvenir. Maintenant, c’est la chasse à toutes sortes de victuailles qui orneront la table du f’tour et empliront les panses de nos jeûneurs qui salivent pour tout. Elle est désormais la principale, pour ne pas dire l’unique mission de nos quidams. L’odeur alléchante du pain sorti frémissant du four : le long, le rond, l’ovale on prend tout, même s’il est pétri de la même pâte. Peu importe.
Les olives ! Ah ! les violettes, les noires, les vertes, les dénoyautées, elles agrémenteront nos salades et titilleront nos papilles.
Le poulet ! En sauce rouge épicée et légèrement piquante ; rôti, grillé, des saveurs dont on rêve depuis la veille.
Le bœuf n’a plus sa place sur la table. L’agneau et le mouton le détrôneront. Les maîtresses de maison et non moins bonnes cuisinières donneront libre cours à leur imagination en fouillant dans les recettes de grands- mères qu’elles sont fières de ressusciter.
Et que dire du sacro-saint bourek ou du royal brik ! On s’évertue à inventer, créer les plus inimaginables farces qui les rempliront et qui accompagneront les mille et une chorbas des trente jours. Et pour étancher sa soif, on écumera les centres commerciaux à l’affût des jus et autres boissons gazeuzes dernier cri ! L’eau sera mise en veilleuse ce mois. Les douceurs ! Un volet que nul ne peut éviter. On cherchera au bout du monde la meilleure zlabia, le plus succulent des kalbelouz, les plus croustillantes tartes à tous les fruits et les flans aux mille parfums.
On attendra les cinq dernières minutes avant la rupture du jeûne en humant les effluves, en admirant avec de gros yeux notre meïda en se jurant de manger tout ce qui la garnit ! Et puis, comme un ballon de baudruche, on se dégonfle à la troisième cuillerée de chorba !

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