Penchée sur son évier, elle rince la dernière assiette, la place dans l’égouttoir, ferme le robinet, passe un coup de chiffon sur le potager et s’empresse d’ôter son tablier de cuisine.
La corvée achevée, elle court dans sa chambre retrouver son précieux bijou.
Elle s’enferme, allume son téléphone portable et se connecte. Elle patiente quelques secondes, la connexion n’arrive pas. Elle essaye une première fois, tente une seconde, toujours rien. Elle sort de son refuge, excédée, vérifie le modem. Le voyant ne clignote pas. Elle panique, va voir sa mère au salon. Cette dernière, lovée dans son fauteuil, est plongée dans son roman. Elle lui demande affligée.
- Maman, ne me dis pas que tu n’as pas payé internet ?
- Mais ma fille, qu’as-tu donc, tu es pâle comme un linge... Tu viens d’apprendre une mauvaise nouvelle ?
- Maman, réponds-moi, je n’arrive pas à me connecter !
La mère, stoïque, et de son air le plus cynique, rétorque :
- Ma chère enfant, ne me dis pas que tu t’inquiètes tant parce que tu as une recherche importante dans le Net. Si c’est cela, et bien tu dois te débrouiller autrement.
- Et pourquoi ?
- J’ai tout simplement décidé de ne pas payer ce mois, ni te donner ton argent de poche pour charger ton téléphone.
L’adolescente se sent mal, elle est sur le point de s’affaler par terre, comme si le ciel lui est tombé sur la tête, que la terre s’est arrêtée de tourner.
- Mais maman comment je vais faire, je serai coupée du monde? Comment je vais passer mon temps après l’école, et le soir, je ne pourrai jamais trouver le sommeil, et mes amis comment je vais communiquer avec eux? Tu m'as enlevé mon oxygène, Je vais mourir !
- Ma fille, tu dois faire preuve d’intelligence, et vivre, que dis-je, «survivre» sans la technologie pendant un mois. On verra bien ! Moi, je suis sûre que tu ne rendras pas l’âme.
Zohra se lève en sursaut de son lit, les cheveux en bataille, elle est en nage. Il fait toujours nuit. Elle allume la veilleuse et se précipite dans le couloir vérifier la petite lumière jaune. Elle clignote. «ouf ! ce n'était qu'un mauvais rêve.»
