C’est la triste réalité ! Chaque Ramadhan, c’est la même rengaine. L’envolée des prix revient au-devant de la scène. Les consommateurs, souvent responsables de cette situation, tentent toutefois de réagir mais en rangs dispersés. Ils témoignent et proposent des solutions pour bien gérer leur porte-monnaie.
Zoulikha, cadre :
«Nous encourageons la spéculation sans le savoir»
«Depuis des années, nous nous disons qu’il faut que les prix soient stables et que c’est le mois de la miséricorde. Mais c’est nous consommateurs, qui encourageons la hausse des prix et la spéculation. Nous sommes les premiers responsables. Une dizaine de jours avant le mois de Ramadhan, c’est déjà la folie chez les gens. Cela laisse penser que c’est l’apocalypse qui va s’abattre sur nous et que c’est la fin du monde. Je comprends que nous prenions les devants pour conserver certains produits, mais de là à acheter des quantités énormes de citron, d’oignons, de tomate, de viande, c’est trop. Vous imaginez maintenant, il y a des publicités relatives aux modèles de congélateurs pour encourager les gens à conserver. Pour ma part, je ne fais pas d’achat spécial. Je me dis chaque jour on verra ce que nous allons acheter. Et si je considère que le prix du produit est trop élevé, je n’achète pas, tout simplement.»
Mounir, employé dans une entreprise publique :
«Un budget spécial ramadhan»
«Je suis une personne raisonnable. Je ne fais pas de folies mais j’achète ce qu’il faut. Je suis pour le juste milieu. Le premier Ramadhan en tant qu’époux, je me rappelle que nous avons fait des dépenses très importantes en pensant que c’était la meilleure des choses. Que ce soit mon épouse ou moi-même, nous ne faisions pas attention à ce que nous achetions ni aux conséquences de ce que nous jetions. Parce qu’il faut avouer que lorsque nous ne faisons pas attention, il y a beaucoup de gaspillage. Alors depuis deux années, nous avons décidé de faire des achats comme nous le faisons tout au long de l’année. Un marché hebdomadaire et c’est tout. Les petits extras dans la soirée et non pas avant l’iftar. Et depuis, je me suis rendu compte que le budget spécial Ramadhan n’est pas aussi important que cela, il reste stable à celui des autres mois. Je conseille à tout le monde de ne pas faire d’achats avant la rupture du jeûne parce que nous aurons tendance à vouloir en faire beaucoup sous l’effet du jeûne. Alors que juste après, on se rend à l’évidence que ce que nous avions acheté n’était qu’envie passagère.»
Nawel, femme au foyer :
«Bien sûr que je fais attention au porte-monnaie»
«Je pense que lorsqu’une épouse travaille, elle est moins stressée par les dépenses du mois de carême. C’est ce que je me dis, mais je n’en suis pas sûre. Pour ma part, je prépare le mois de carême des semaines avant sa venue. Cela commence par le nettoyage de la maison, des ustensiles, de la préparation des épices et autres produits nécessaires.
Contrairement à d’autres foyers, nous, nous n’achetons pas de vaisselle. Mais j’ai un service spécial Ramadhan. Nous ne l’utilisons que durant ce mois sacré.
Donc, à ce niveau déjà, nous faisons des économies. Idem pour les tissus d’ameublement ou la literie que certaines maîtresses de maison veulent absolument changer pour l’occasion. Je trouve que ce n’est pas nécessaire. Pour ce qui est de la nourriture, je suis une personne organisée. Par conséquent, j’ai acheté une grande quantité de citron, par exemple, et l’ai divisée en deux. Une partie que nous allons consommer en tant que jus et une autre en l’état que j’utiliserais pour la chorba, le bourek et autres plats. Il y a aussi le poulet, la viande et la viande hachée. Je fais en sorte d’acheter de grandes quantités que je prépare en conséquence.
Il y a aussi la tomate que je transforme en concentré pour la congeler. Et durant ce mois, c’est moi qui fais les courses. J’essaye d’interdire au maximum à mon mari d’aller au marché. Il fait des dépenses incontrôlables surtout pour les produits laitiers tels que les fromages, yaourts, crèmes desserts. Il y a aussi le pain. Pour moi, c’est important de faire le matloue (pain traditionnel) à la maison. Mais mon mari, s’il fait des courses, il achète différentes sortes de pain que je congèle mais parfois, il finit à la poubelle. Et cela me fait mal au cœur. Je voudrais vraiment que les hommes, en particulier, et les gens en général gardent la tête sur les épaules et ne fassent pas de dépenses inutiles.
Mohamed, retraité : «Faites attention aux dates de péremption et au lieu de stockage»
«Un conseil que je voudrais donner à tous les lecteurs de ‘‘Soirmagazine’’ : Faites attention aux dates de péremption des produits ! Et surtout durant le mois de carême. J’ai vécu une expérience horrible l’année dernière où j’ai failli mourir.
Quelques heures avant la rupture du jeûne, mon épouse m’a demandé d’acheter des diouls dans la superette du quartier, je n’ai pas pu m’empêcher d’acheter des produits en promotion. Je me rappelle qu’il s’agissait de tablettes de chocolat, des yaourts et des fromages. Tous des produits de provenance d’Europe. Leur prix était vraiment bas ; et j’ai vite été tenté d’en acheter. Dès la rupture du jeûne, j’ai mangé un peu de chocolat et mon épouse aussi. Elle a tout de suite senti qu’il était trop amer. Moi, je n’ai pas fait attention. Ensuite, j’ai mangé un pot de yaourt et du fromage.
Ce dernier était trop pâteux. Durant la nuit, j’ai commencé à vomir et avoir une diarrhée. Mon fils m’a conduit aux urgences. Et là-bas, j’ai trouvé plein de personnes souffrant elles aussi de maux d’estomac.
Comme je vomissais beaucoup, on m’a fait un lavement. Entre- temps, mon épouse, qui pensait avoir mal cuisiné, réfléchissait à quoi serait dû ses douleurs. Et là, elle a eu le réflexe de vérifier l’emballage des produits. Ils étaient tous périmés… depuis près de quatre mois ! Vous imaginez ! Mon estomac qui était vide pendant une journée, je l’ai rempli avec des produits périmés ! Depuis cette mésaventure, je fais très attention à la composition des produits et à leur date de péremption.
