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Rubrique Les choses de la vie

À quoi sert la démocratie ?

La presse anglaise titrait hier, à propos du sort réservé par le Parlement au Brexit : «C'est la défaite la plus importante de l'histoire pour le gouvernement !» Peut-être. Mais moi j'y vois plutôt l'une des plus grandes défaites de la démocratie, leur démocratie, cette forme suprême de l'organisation politique et sociale censée refléter les choix populaires et qui se trouve, à chaque fois, malmenée, réduite à néant. Dans ce cas précis, le peuple a choisi souverainement de sortir de l'Union européenne qui a mis à plat et sans retour les travailleurs, les paysans et les classes populaires. Choix lucide salué par tous les patriotes et les progressistes du monde entier. La démocratie serait que la Grande-Bretagne quitte l'UE au plus vite. La démocratie serait que le choix des urnes soit respecté. Non, le Parlement trouve à redire sur l'accord devant sanctionner ce choix ! Encore un machin machiavélique qui s'oppose à la souveraineté du peuple et que les hommes politiques et les éditorialistes sauront expliquer dans leur style habituel fait de blabla sans relief et de démagogie ! Du déjà vu : le peuple français avait voté «non» au traité de Maastricht qui façonnait l'Europe néolibérale. Il ne fut guère écouté et la France rejoignit la dictature argentière de Bruxelles ! 
Derrière ces questions, il y a le fric, les intérêts énormes des oligarchies européennes. Le néolibéralisme, qui est la forme moderne du capitalisme, a enfoncé davantage les masses populaires dans la pauvreté et le dénuement. Boulimique, le capitalisme ne s'embarrasse d'aucune morale quand il s'agit d'enrichir les plus riches en exploitant davantage les travailleurs, en réduisant leurs avantages sociaux, en leur refusant des augmentations de salaires qui ne feraient que rattraper l'inflation galopante, en les privant de retraites correctes, en les «ghettoïsant» loin des centres-villes devenus la chasse-gardée des nouvelles bourgeoisies, en les enfermant dans le cycle infernal du crédit et de la surconsommation qui sont les deux facettes de la même pièce...
Quitter l'ordre de Bruxelles, c'est se libérer des chaînes d'un esclavagisme moderne refusé par la majorité des peuples mais imposé par les entourloupes «démocratiques» comme ce vote du Parlement anglais ! L'ordre de Bruxelles, c'est moins de liberté d'action pour les gouvernements et plus de pouvoir aux représentants des oligarchies qui veillent au grain quotidiennement pour que la machine néolibérale continue de tourner au profit exclusif des nantis et en défaveur des classes populaires. Ils ont trouvé des mots, des philosophies économiques, pour expliquer ces dérives et les justifier. Réforme, rentabilité, déficit budgétaire et j'en passe qui signifient tout simplement que les Etats doivent réduire leurs budgets sociaux, investir moins dans les programmes d'aide aux territoires et aux hommes, réduire les services publics et tout ce qui va dans le sens de la protection sociale ! Le résultat est là devant nos yeux. Quand on privatise des services au nom de la rentabilité et d'une meilleure gestion, on ne fait que gonfler les poches des acquéreurs sans forcément améliorer les performances du secteur. La privatisation du transport ferroviaire en Angleterre est un bel exemple du chaos qui peut naître d'une décision hâtive et commandée par l'intérêt privé. Désorganisation, accidents en série ont sanctionné cette privatisation. 
En France, Vinci, grand gagnant de la privatisation des autoroutes, a engrangé 7 milliards d'euros de bénéfices qui sont allés dans les poches privées au lieu de servir à renflouer les caisses de l'Etat pour améliorer les réseaux routiers secondaires et desservir les localités éloignées. Chaque privatisation... prive le budget national d'un apport en argent frais qui serait plus utile à la communauté que s'il allait aux... privés. En écrivant cela, je dois préciser que je ne défends pas la collectivisation, comme je n'ai rien contre le privé, à condition qu'il crée la richesse en améliorant les performances de l'économie nationale et en participant à l'effort collectif pour réduire le chômage. Mais pas  en chapardant le bien public ! 
Faut-il préciser que les pouvoirs sont souvent portés par des oligarchies qui financent des campagnes électorales de plus en plus sophistiquées et coûteuses ? Les candidats issus de la masse des travailleurs et représentant les aspirations profondes de la classe ouvrière n'ont aucune chance de gagner les élections ! Et quand, par hasard, l'un de ces candidats arrive à figurer dans les listes, il est tout de suite diabolisé et laminé par la manipulation et les mensonges.
Et qui mène ce travail ? Ce sont justement les grandes chaînes d'information qui ont été «distribuées» aux grandes familles de la bourgeoisie, celles qui possèdent déjà les journaux, les usines, les banques, les compagnies de téléphone, etc. Et M. Thierry Ardisson a beau gueuler que le «milliardaire» propriétaire de la chaîne où il travaille ne lui a jamais imposé quoi que ce soit, qu'il la raconte à d'autres ! Quand à M. Bourdin, je pense qu'il s'est trahi en s'emportant face à un auditeur qui lui reprochait de travailler dans la radio et la télé d'un autre milliardaire, le très sioniste israélo-franco-marocain Drahi :  «Ici, ce n'est pas Drahi qui commande, c'est Bourdin !» 
La boulimie de ces familles et leur refus de toute forme de justice sociale a fait réapparaître sur la scène française les images de l'ancien ordre monarchique qui sépare les nobles de la populace, donnant tout aux premiers et privant de tout les seconds ! Sauf que les mêmes causes produisant les mêmes effets, cela s'est traduit par de nouvelles barricades dans les rues de Paris, cela se traduit par une nouvelle révolution que les parasites cathodiques sont incapables de voir - ou font semblant de ne pas voir ! 
Le mouvement des gilets jaunes est une vague populaire qui interroge les injustices du néolibéralisme et exige une juste répartition des richesses et la dignité pour les travailleurs et les démunis. Les réponses qui lui sont apportées sont à la limite du ridicule car le système refuse de se remettre en cause et continue de botter en touche. Mardi, Macron réunissait les maires alors que ceux qui gueulent et brûlent sont les gilets jaunes ! Et  que disait-il ? La rue demande la fin de l'esclavagisme moderne et l'arrêt de la descente aux enfers... Elle exige que la banque ne gouverne plus, que le cauchemar  de l'injuste et de l'exploitation cesse ! Et M. Macron de répondre en philosophant sur l'intercommunalité et les péréquations budgétaires... Image indémontable de deux mondes parallèles !
Les questions fondamentales sont ainsi diluées dans un débat qui ratisse large pour s'éloigner justement de la question essentielle qui se pose de la même manière en France, Angleterre, USA et bientôt en Algérie : «Le peuple ne veut pas que quelques familles continuent de posséder tout un pays alors que lui, il n'a que les belles paroles toute l'année et quelques parenthèses de liberté inutile et improductive sous forme de farces électorales gagnées à l'avance par les porte-parole de ces mêmes familles...»
M. F.

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