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Rubrique Les choses de la vie

Les avancées et reculs de l’Algérie nouvelle

Notre engagement ferme pour une Algérie nouvelle est un acte réfléchi et en corrélation directe avec nos positions antérieures clairement exprimées contre le règne de la dilapidation des biens publics, du vol et de la corruption. Nos plumes debout pour fustiger l'ultralibéralisme ne peuvent aujourd'hui rester indifférentes à l'effort national visant à réduire l'importation et à rebâtir une économie réelle tournée vers la satisfaction de nos besoins, l'emploi pour nos jeunes et une vie digne pour des millions d'Algériens vivant en marge du progrès. Durant les vingt dernières années, Le Soir d'Algérie, fidèle à sa devise, a combattu, par la plume notamment, les dérives du pouvoir précédent. Il en a payé le prix fort avec une privation de publicité institutionnelle durant près de dix années, des procès en série, des arrestations, etc. Le Soir était tenaillé entre la répression du pouvoir et les coups terribles portés par le terrorisme islamiste (assassinat d'une collègue et bombe déposée devant le siège du journal ayant fait trois martyrs parmi notre personnel). Et s'il n'a pas disparu, c'est grâce à la ténacité de son équipe et le soutien de ses lecteurs. Cette résistance et la certitude que l'injustice ne dure pas éternellement ont fait que nous étions des hirakistes avant l'heure. Et c'est en toute logique et avec beaucoup de conviction et d'espoir que nous avons soutenu le soulèvement populaire pacifique du 22 février en gardant toutefois notre indépendance de jugement face aux tentatives de récupération — déjà ! — nombreuses qui voulaient orienter le mouvement vers d'autres objectifs que ceux qu’il voulait atteindre. Faut-il rappeler que ce même peuple était sorti en masse durant les premières semaines pour exiger la fin d'une mascarade nommée «5e mandat» et le départ des voleurs qui avaient investi presque tous les rouages du pouvoir ? Les mots d'ordre étaient clairs. Toutes les autres «demandes» étaient soufflées par des formations politiques qui s'étaient démasquées par la persistance de slogans qu'elles ne cessent de répéter depuis des années, voire des décennies. Le retour à ces revendications d'une minorité et l’investissement des troupes islamistes qui furent les plus virulentes contre l'armée, après les premiers mots d'amour du peuple envers l'ANP, ont défiguré le Hirak et la majorité a préféré quitter le navire devenu incontrôlable. Par contre, ce qui risque de faire sortir les gens de nouveau dans la rue, c'est la soudaine flambée des prix qui n'est pas toujours justifiée. C'est la préoccupation quotidienne des citoyens, le seul langage que l'on écoute depuis un mois. 
Notre appui aux efforts du gouvernement ne nous empêche pas de garder nos distances par rapport à certaines décisions annoncées.
1. La litanie des discours sur des «arrangements» avec les membres de la bande commence à devenir lassante. Et les comparaisons avec des expériences tentées avec succès dans d'autres pays sont ridicules car c'était, souvent, une récupération de l'argent caché aux impôts. Ce recouvrement des dus des États récupérés après des fraudes fiscales s'est fait par un consentement mutuel : le pardon contre le règlement financier ; cette pratique serait hors-la-loi s'agissant de graves opérations de vol et de corruption. On entend les défenseurs de cette seconde «réconciliation» mortelle défendre ce projet en martelant que l'on ne gagnerait rien dans l'emprisonnement de ces personnes mais que l'Algérie gagnerait beaucoup en récupérant l'argent qu'ils ont volé. C'est un déni de justice flagrant ! On gagne LA JUSTICE en jugeant les pauvres et les riches de la même manière. Si les riches — dont la fortune est ici le produit de graves atteintes au patrimoine public — doivent être pardonnés parce que l'Algérie a besoin de leur argent, où irions-nous ? Réveillez-vous M. Belaïd du Front El Moustakbal. Ce que vous dites est grave ! Vous proposez une solution qui serait la meilleure manière d'installer le doute et de donner raison à ceux qui disent que le pouvoir est finalement  le même et que la bande va sortir de prison après une année ou deux. Invité par les députés à clarifier les intentions du pouvoir, le Premier ministre a dit que l'arrangement se ferait avec des sociétés et non avec des personnes. Comment des entités morales déstructurées, pratiquement souvent à l'arrêt, peuvent-elles parler au nom des véritables possesseurs de milliards à l'étranger et, surtout, comment feront-elles pour récupérer cet argent ?
2. L'autre sujet controversé est la privatisation des banques qui, dans la situation actuelle, n'apporterait absolument rien de positif au fonctionnement de ces institutions dont les problèmes sont connus depuis des décennies et qui n'ont pas besoin de nouveaux patrons riches mais de nouveaux concepts de gestion moins bureaucratiques et d'activités bancaires réelles, sans intervention de l'État. Autrement dit, plus d'autonomie de décisions à leurs staffs dirigeants et moins de coups de fil de la part du ministre de tutelle et autres intervenants ! Si c'est d'argent frais dont ces institutions financières ont besoin, leur entrée en bourse serait plus rentable en termes de recapitalisation. En plus, qui accepterait de mettre son argent dans une banque qui continuerait de financer tant de projets «prioritaires» pour telle ou telle activité devant remplacer des produits importés — sans aucune étude de marché — ou pour aider les jeunes chômeurs? Des crédits d'ailleurs non remboursés généralement ?
3. Ce sujet est également préoccupant. La justice se déchaîne parfois contre de jeunes facebookers ou youtubeurs qui décrivent simplement leur vie réelle en dénonçant la hogra qui les fait fuir dans les barques de la mort. Avec le changement de gouvernement, nous espérions que cette répression qui ne dit pas son nom s'arrête du fait de l'achèvement de la mise en place des institutions nationales. Mais quand le général à la retraite Ghediri est toujours injustement incarcéré pour la «démoralisation» d'une armée parmi les plus patriotiques au monde et les plus fortes moralement car constituée des fils du peuple — et cet enfant de la lointaine et défavorisée Ouenza le sait très bien ! —, quand on met un Boumala en garde à vue et qu'on fouille son domicile comme s'il était un danger public, quand des activistes n'ayant aucun lien avec le terrorisme sont arrêtés et conduits dans des endroits ignorés par leurs familles, quand les godasses se font trop présentes dans les lieux privés et qu'une atmosphère de peur et d'incertitude s'installe dans les milieux intellectuels et chez les femmes et les hommes libres qui ne partagent pas les idées du pouvoir, cela nous inquiète et nous révolte. Un membre du MAK qui activait, par exemple, du temps où le mouvement n'était pas classé comme terroriste, ne peut être inquiété par la justice, car ce serait une accusation à effet... rétroactif ! Il faut faire la part des choses : les menaces sont telles, réelles, précises, périlleuses qu'il faut certainement renforcer la sécurité et le contrôle de toute activité illégale car le lien entre le banditisme et le terrorisme a été souvent prouvé. Mais ceci ne doit pas porter atteinte à la liberté d'expression et de pensée, ni au droit à la critique qui est souvent le moteur de la bonne marche des institutions. 
À ce titre, nous avons été agréablement surpris par le ton offensif et en même temps responsable des nouveaux députés dont la salve de paroles justes et courageuses a été  unanimement saluée par le peuple. C'est la relève tant attendue, ce sont des parlementaires élus par un vote propre, ce sont des jeunes qui vivent les problèmes de leurs régions et qui veulent en finir avec la hogra, l'exclusion et les inégalités. Le Parlement avait besoin de cette nouvelle vague pour nous faire oublier les députés de la "chkara" et les pratiques honteuses de l'ancienne législature !
C'est cette image de liberté et de courage que nous voulons retrouver partout. Elle pourrait être aussi celle d'une justice sereine qui respecte le droit élémentaire des citoyens à exprimer librement leurs opinions sans redouter les coups de minuit à leurs portes.
M. F.

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