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Rubrique Les choses de la vie

Mars, le rêve impossible ?

En 2003, lors du rapprochement entre Mars et notre planète, une véritable «Marsmania» s’empara de l’humanité. En même temps,  les expéditions des robots comme Patfinder ou Opportunity fouettaient ce véritable engouement pour la planète rouge. Aujourd’hui, les prouesses du rover Perseverance, avec son petit hélicoptère volant pour la première fois dans le ciel d’une autre planète ou l’engin chinois qui est le premier non américain à se poser sur le sol de la planète rouge, on connaît avec précision certains sites d’atterrissage, comme on maîtrise mieux les communications de et vers la Terre. Mais il reste des tas d’autres problèmes non résolus pour que le rêve devienne réalité.
Mars ranime de vieilles passions, endormies depuis quelques décennies et réveille le rêve spatial d’une longue léthargie. Profitant de ce climat, le président Bush avait surfé à merveille sur cette vague martienne pour annoncer, début 2004, le lancement d’un projet devant aboutir au débarquement de l’homme sur Mars en 2030 ! Ce ne fut qu’une annonce… Aujourd’hui, il apparaît qu’un tel objectif est irréalisable dans ces délais trop courts et qu’il faut parler désormais des années 2040 ou même 2050.
Néanmoins, au moment de cette annonce, nous nous étions posés des questions : quel crédit accorder à une telle annonce ? Est-elle réalisable ? Le délai est-il trop long ou trop court ? Autant d’interrogations méritaient des éclaircissements. Un véritable débat s’était installé dans les milieux journalistiques spécialisés, qui continue d’ailleurs d’alimenter de véritables polémiques. Certains pensaient que l’annonce était «politique». Ils précisaient que la conquête de l’espace n’a jamais été une fin en soi pour les Etats-Unis, mais un moyen d’instaurer la suprématie du capitalisme sur le modèle communiste. Et de souligner que, depuis la chute de l’URSS, moins d’argent va à la Nasa, alors que la conquête du cosmos ne constitue plus une priorité pour l’administration américaine.
Alors, pourquoi cette annonce ? D’abord, disent les mêmes voix, parce qu’à la date de cette «sortie» médiatique, la guerre en Irak commençait à s’enliser sérieusement et le moral en prenait un coup. Il fallait inventer une nouvelle épopée pour recréer l’enthousiasme et remobiliser les Américains à une année de l’élection présidentielle. Ensuite, parce que, sur le plan spatial, l’Amérique venait de vivre un nouveau cauchemar avec l’explosion de Columbia et que la Nasa était paralysée. Les gros satellites américains étaient contraints d’utiliser les lanceurs russes et cette image ternissait toute l’industrie spatiale américaine. Quant aux va-et-vient successifs entre la Terre et la station spatiale internationale ISS, ils étaient faits exclusivement en Soyouz ! Bref, tout allait mal dans un secteur très populaire. Et il fallait un grand coup pour renverser la vapeur. En bref, concluent ces sources, l’Amérique n’est pas prête pour l’expédition martienne. On voit finalement qu’au bout d’une décennie, la situation s’est rétablie avec un changement de cap notable : le rôle dévolu aux sociétés privées au détriment du secteur public. Le transport des cosmonautes s’est fait avec des capsules de Space X et Virgin est aux trousses.
Quels sont les obstacles réels à une expédition sur Mars ? Primo, la santé des cosmonautes envoyés ne supporterait pas un tel voyage qui durerait six mois ! La protection anti-radiations qui existe aujourd’hui n’est pas suffisante pour les protéger convenablement des particules «électriques» émises par le Soleil. La fusée interplanétaire qui sera utilisée pour ce type de voyage devra donc être bien différente de ce qui existe aujourd’hui, car il n’y a pas de possibilité de retour rapide vers la Terre, en cas de problème. Secundo, où mettre la grande quantité de carburant qu’il faudra utiliser pour les voyages aller et retour ? Il faudra nécessairement penser à des énergies moins encombrantes. Tercio, il y a aussi les  problèmes de santé et les retombées d’un séjour aussi long dans l’espace : nausées, complications auditives, os décalcifiés, etc. Quarto, partager sa vie avec d’autres personnes, dans un espace aussi petit et pour un séjour aussi long, peut engendrer des difficultés très graves sur le plan psychologique. Le recours à la Terre pour communiquer son angoisse ou faire part immédiatement de ces complications, ne sera pas possible au-delà d’une certaine distance.
L’autre difficulté majeure invoquée pour bien montrer l’impossibilité d’un tel voyage dans les années toutes proches, est son coût extrêmement exorbitant. En 1989 déjà, on évaluait à près de 500 milliards de dollars le coût d’une telle expédition ! Chiffre qu’il faudra nécessairement revoir à la hausse. Et puis, il y a aussi l’objectif d’une telle mission que certains scientifiques trouvent trop «vague». Si c’est juste pour prouver que la vie a existé sur Mars, les robots actuels suffisent amplement !
D’autres experts affirmaient pourtant que la chose est réalisable dans un délai raisonnable. Et de nous rappeler que la conquête de la Lune était également classée parmi les «rêves impossibles» et, pourtant… Ils rejettent, un à un, les arguments avancés plus haut. La santé peut très bien supporter un voyage aussi long. Les séjours record des cosmonautes soviétiques dans la défunte station MIR prouvent que l’homme peut très bien s’adapter aux conditions de l’espace pour de longs séjours. Il y a également les expériences menées dans l’ISS. Et puis, d’ici là, la médecine aura fait des étapes importantes pour venir à bout des quelques difficultés – pas sérieuses, disent-ils – d’adaptation aux conditions de l’espace. Quant aux risques d’isolement et aux facteurs psychologiques, des expériences menées dans des sites clos, en plein désert, ont également prouvé qu’il n’y avait pas de risques majeurs, hormis quelques petits problèmes, facilement surmontables. Ils partagent le même optimisme à propos de la protection des futures fusées interplanétaires. À chaque catastrophe d’une navette ou d’un lanceur, la recherche avance pour fabriquer des engins plus sûrs, plus solides. Et l’argent ? Ils trouvent généralement que les budgets avancés sont surévalués et qu’une telle expédition exige en fait moins d’argent.
Entre les pessimistes et les optimistes que nous venons de citer, il y a pourtant un dénominateur commun : ce sont des points de vue objectifs qui se basent sur des données scientifiques. Mais, quelque part, nous pensons que de tels projets ne peuvent pas naître et s’épanouir dans le seul monde clos des laboratoires scientifiques, ni dans les bureaux aseptisés et clinquants des experts en informatique. Ils ont besoin d’être portés par un rêve. Fou, peut-être, mais terriblement beau. Celui qui a fait bondir Icare dans un geste qui a ouvert la voie à la conquête des airs. Au début du siècle dernier, qui pensait qu’un engin pourrait voler un jour et relier Oran à Alger en moins d’une heure ? Qui aurait pensé que l’homme mettrait ses pieds sur la Lune ?
Aujourd’hui, la conquête de Mars a besoin de ce même rêve pour réussir. Les politiques sont des menteurs et les scientifiques trop chauvins pour accepter la différence. C’est, encore une fois, aux intellectuels et aux artistes qu’il appartient de créer l’illusion qu’un tel voyage est possible. Les autres finiront par le croire et y arriveront un jour. L’humanité d’aujourd’hui a besoin d’un autre Jules Verne pour croire que de si merveilleuses aventures sont à sa portée. Mais nous avons surtout besoin de paix pour partager ensemble ces belles promesses. Dans un monde où les pandémies ressurgissent dans des psychoses moyenâgeuses et où la seule parade au danger est le confinement ou le recours à des vaccins qui enrichissent d’une manière insolente les grands laboratoires, n’y a-t-il pas aussi d’autres politiques économiques et sociales plus terre-à-terre à même de rassurer les populations et d’entrevoir un avenir moins angoissant pour les générations à venir ?
M. F.

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