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Rubrique Les choses de la vie

Un pays toujours debout, malgré tout !

Le doute peut saisir tous ceux qui sont persuadés qu'ils ont été trompés, floués, conduits sur une voie de fausses promesses et de romantiques chimères. Il peut saisir tous ceux qui croient que l'engagement révolutionnaire est incompatible avec l'avancée de l'âge et qu'il reste un trait de jeunesse, cette dimension de révolte et de rêve qui comble les horizons au sortir de l'adolescence. Le doute peut envahir ces anciens étudiants volontaires massés sur les travées de la salle Harcha, buvant les paroles du Président Boumediène et qui n'étaient ni démocrates, ni islamistes, mais simplement des militants socialistes, simplement des révolutionnaires. Le doute de ne pas avoir «compris plus tôt», le doute d'avoir «raté sa jeunesse à courir derrière des illusions». Et la certitude d'être mieux aujourd'hui dans sa peau de nouveau bourgeois reniant le volontariat d'antan, le trouvant même désuet et ridicule... Le doute peut remuer les consciences de tous ces journalistes qui écrivaient «vive Boumediène !» et qui se découvrent aujourd'hui des âmes de grands démocrates, n'ayant que ces pitoyables «j'étais jeune !», «J'ai été trompé» comme justificatifs.
Alors, en ces derniers jours de décembre qui nous ramènent toujours au souvenir impérissable de cette Algérie de la grandeur et de la dignité, aucune force au monde, aucune autre vérité que celle des peuples, ne peuvent nous faire écrire que nous regrettons aujourd'hui d'avoir compris l'homme et d'avoir tenté de répercuter ses idées, d'avoir milité en tant que journalistes engagés pour apporter notre modeste pierre à cette grande Algérie qui se construisait sous nos yeux. Aucune autre cause, aucun autre discours, aucun «démocratisme» - dont on découvre finalement chaque jour les dessous criminels et malsains quand il est imposé par les forces impérialistes !-, ne peuvent nous faire dire autre chose que ce que nous martelons depuis la mort de Boumediène. Et nous sommes si seuls, si isolés devant la marée des découvreurs de vérité qu'il nous semble parfois incongru et disproportionné que des voix se lèvent massivement pour nous reprocher notre position de fidélité et de loyauté ! Je dis souvent à mes amis : nous sommes trois petites plumes à ressasser le discours révolutionnaire de l'époque, à dire notre admiration et notre amour de Boumediène. Cela vous dérange-t-il à ce point ? Vous êtes des milliers, vous êtes dans le système et dans l'opposition, vous êtes parmi les intellectuels et les artistes, vous êtes sûrs de vos vérités ! Alors pourquoi ne pas nous laisser aboyer quand passent et repassent vos caravanes du renoncement et de l'oubli ?
Aucune force au monde ne nous fera oublier cette voix de la vérité et de la justice qui faisait lever d'immenses espoirs aux quatre coins du monde, chez les «damnés de la terre», afin que l'ordre impérialiste cesse de piller les richesses et d'exploiter les peuples, afin que l'école, l'hôpital, le logement et la promotion sociale ne soient plus des vœux pieux égrenés par les candidats des votes des démocraties bourgeoises ! 
C'est la démocratie populaire dont notre République porte toujours le nom qui a permis aux masses populaires de faire d'incroyables avancées sociales au moment où la famine et l'esclavagisme terrassaient des peuples entiers et pas loin de chez nous ! Nous avons tout le loisir d'admirer les bienfaits de la nouvelle démocratie qui a bombardé des barons, dont on ne connaît même pas l'origine des fortunes, au plus haut étage de la représentation parlementaire. Et cette «chkara» dont nous dénoncions la vulgarisation dans les promotions politiques, à un moment où l'on nous traitait presque de menteurs, la voilà étalée au grand jour par le docteur Djamal Ould-Abbès, patron du FLN ! Nous avions raison et ceux qui nous attaquaient bêtement, en défendant toujours très mal le régime, avaient tort ! 
Ce doute qui «libère» d'autres hommes et leur donne la capacité de «mieux analyser les faits» ne nous effleurera jamais. Parce que nous pensons toujours ce que nous écrivions dans les années 70 et ce, quels que soient les nouveaux développements de l’histoire, officielle et non officielle, qui semble parfois épouser les basses manœuvres politiciennes et s'éloigner de la nécessaire soumission à la vérité. 
D'abord, ce sursaut patriotique d'une armée fièrement formée par la Révolution pour devenir le rempart de l'Algérie indépendante. Sans elle, les soubresauts partisans des années 62/63 - et même plus tard - auraient soufflé le précaire équilibre né de la dure réalité de l'après-guerre. Sans elle, l'Algérie aurait sombré dans les guerres civiles à répétition : ceci est notre manière de voir les choses, opposée à celle qui veut refaire l'Histoire avec des si... en donnant exclusivement raison à ceux qui étaient certes intègres et patriotes mais qui refusaient de poursuivre la Révolution au profit du peuple pour bâtir un pouvoir bourgeois tourné vers «l'agriculture et le tourisme». Citez-moi une seule puissance qui a fait sa grandeur hors secteur industriel ? Et ne voyez-vous pas l'effondrement de tous ces pays qui ont fait du tourisme leur principale activité économique ? Je connais la réponse : «oui, mais l'Algérie a vécu grâce à la rente pétrolière!» Non, l'Algérie a vécu grâce aux mesures révolutionnaires qu'elle avait prises pour nationaliser les hydrocarbures, courageusement, lucidement, en imposant un nouvel ordre aux compagnies multinationales ! Voilà la vérité ! Et l'Algérie aurait pu aller loin si son ambitieux programme industriel n'avait pas été battu en brèche par de puissants lobbies qui ont commencé par les fameuses «restructurations» de «Si la Science» pour finir par les bradages de Si Temmar ! Cette vérité, il faut l'asséner aux plus jeunes car ils sont mal informés. Quand je dis à un jeune que nous avons vécu des années durant sans importer de vêtements et de chaussures, il reste bouche bée ! Oui des sociétés publiques et privées ont habillé et chaussé près de 20 millions d'Algériens, sans le recours à l'importation ! Aujourd'hui, on ne trouve que rarement des produits du textile algérien et les producteurs nationaux sont laminés. 
Nous avons toujours dit que le 19 juin n'était pas un coup d'Etat mais l'action révolutionnaire d'un groupe d'hommes qui ont mis un terme à l'aventure personnelle, aux douteux choix idéologiques oscillant entre le collectivisme non adapté à la réalité algérienne et des senteurs d'un islamisme intolérant et maussade. C'est l'Armée nationale populaire qui a mis fin à cette page d'incertitude et de périlleuses dérives pour ouvrir la voie à la construction de l'Etat, à la consolidation de l'indépendance politique par l'indépendance économique, aux choix clairvoyants et audacieux en politique étrangère, le tout marqué par l'anti-impérialisme qui fut la marque première de la Révolution algérienne. C'est cette même Armée nationale populaire qui a mis fin à un autre aventurisme qui aurait livré le pays à des forces politiques dont on découvre le vrai visage en Syrie, Irak et partout dans ce vaste monde où l'islam, religion de paix et de fraternité, a été dévoyé pour servir la cause des extrémistes agissant sous les ordres du sionisme et de l'impérialisme.
Voilà pourquoi le doute ne nous effleurera jamais. Ni aujourd'hui, ni demain. Parce que de toutes les prétendues «vérités» qui fleurissent depuis quelque temps, nourries par la haine viscérale des uns, les visées malsaines des autres, il restera celle qui s'impose à tous : malgré tous les déboires, tous les reniements, toutes les tentatives de mener l'Algérie vers l'inconnu, ton pays est debout, Boumediène ! Au-delà des années et des décennies, le souffle pur des vents de Aïn Hassaïnia continue de nous guider, nous les fidèles parmi les fidèles, ceux qui t'ont promis un jour que ton œuvre ne sera jamais abandonnée et qu'elle sera poursuivie. A défaut de la poursuivre dans un pays qui préfère désormais Ben Bella à Boumediène, nous continuerons de dire haut et fort nos vérités. Gloire éternelle à ta révolte et ton combat permanents ! Gloire à ton intégrité et ta vie simple, toi l'Algérien qui ne voulais vivre qu'en Algérie ! Nous ne t'oublierons jamais, Boum de notre jeunesse, guide courageux de ce grand rêve interrompu par la bourgeoisie revancharde...
M. F.

P. S. : texte paru le 29 décembre 2016. Nous le republions à l'occasion de cette courte pause hivernale. La reprise du cours normal des «Choses de la vie» est pour bientôt. Elle se fera sous le signe de l'optimisme car les batailles d'arrière-garde pour le pouvoir ne nous intéressent pas. Ce qui nous intéresse est la victoire de la République de Syrie en laquelle nous avons toujours cru, même dans les moments de grande offensive impérialiste. Ce qui nous intéresse, ce sont les résultats encourageants en termes d'investissements industriels et de diversification de l'économie suite à l'arrêt de l'importation de certains produits. Ce qui nous intéresse est le retour de la grande industrie sidérurgique, mécanique, chimique, textile et agroindustrielle ainsi que la modernisation du rail et le renforcement des infrastructures de base. C'est aussi le combat des travailleurs contre l'oligarchie, pour la justice et la dignité...

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