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Rubrique Les choses de la vie

Voilà pourquoi je suis optimiste(3)

D'abord, une précision à propos de mon dernier article sur les taux de l’évolution du coronavirus publiés chaque jour par la commission de suivi. J'ai relevé, la première fois, que le taux de mortalité par rapport au nombre total de cas déclarés était très important. De l'ordre de 16%, il dépassait largement la moyenne mondiale qui évolue entre 1 et 3%. J'avais tenté une explication en relevant que si le nombre de morts ne pouvait pas ne pas être réel pour de multiples raisons objectives, celui des cas positifs se situait probablement en deçà de la réalité. Je n'ai fait aucun reproche à qui que ce soit puisque j'expliquais ce décalage par la faiblesse des moyens de dépistage qui étaient, au départ, très réduits.
Depuis que les tests sont disponibles en plus grand nombre et que de nouveaux centres de l'Institut Pasteur ont ouvert leurs portes à l'intérieur du pays, on assiste à une meilleure identification, ce qui fait grimper le nombre de cas positifs. Et, en conséquence, le taux de mortalité chute automatiquement. Ainsi, en quelques jours, il est descendu à 10%, puis à 7% il y a quelques jours. Avant-hier (mardi 15 avril), il a même approché les 6%. Il n’est plus très loin des normes universelles.
Quant à l'évolution de la maladie d'une manière générale, je crois que j'ai toujours manifesté un optimisme qui paraissait, pour certains, béat, induit par une poussée de patriotisme vieillot. Non, ce n'était pas du tout cela. Je me suis, dès le premier article, appuyé sur de solides arguments (Pourquoi je suis optimiste.(1) Mes écrits, en rupture totale avec le discours dominant, ont étonné beaucoup de monde et jusqu'en France où des amis m'ont traité de «rêveur, à mille lieues de la réalité». D'autres lecteurs d'ici me reprochaient de confondre pandémie et... Hollywood, en me citant le cas de l'Italie, prédisant même un bilan plus lourd pour l'Algérie. Je répondais par un deuxième article, «Pourquoi je suis optimiste(2)».
Je n'ai jamais cru en une catastrophe en Algérie. J'ai d'ailleurs émis le vœu de voir publiés les bilans de tous les décès pour le premier trimestre 2019 ou 2018 et avancé qu’ils ne seraient pas éloignés du bilan des premiers trois mois de 2020. Chaque mort est une perte pour nous tous et une douloureuse épreuve pour la familles, mais 400 ou 1000 morts, parmi les sujets les plus âgés, des suites d'une méchante grippe, pour une population de plus de 42 millions d'êtres, n'est pas, à proprement parler, une catastrophe quand on sait que les accidents de la route ou certaines affections font beaucoup plus de morts.
Voici ce que j'écrivais le 22 mars : «Dans quelques semaines, le coronavirus ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Il y a des raisons d'espérer cette issue et je les évoque ici. Mais il y a surtout ce désir de vivre indomptable ! (…) Un tel peuple ne peut que sortir victorieux du sale virus !» Ma conviction était également soutenue par une connaissance approfondie de ces médecins et infirmiers que j’ai approchés et que je fréquente encore quotidiennement. En tant que reporter ayant sillonné, cinquante années durant, toute l'Algérie et en tant que patient soigné dans les hôpitaux de mon pays ! Je n'ai pas attendu la dure épreuve du coronavirus pour rendre hommage à nos praticiens. 
En 2005, je me révoltais contre le fait que le premier responsable du pays donne le mauvais exemple en se faisant soigner en France. Je me suis trouvé seul à défendre nos médecins quand, à la lumière de cet épisode honteux, notre corps médical fut attaqué par M. Douste-Blazy, alors ministre de la Santé, et M. Le Pen, chef du Front national. Personne, ni le syndicat des travailleurs de la santé ni l'Ordre des médecins n'avaient trouvé à redire, se laissant insulter par deux responsables politiques français. 
Et, il y a à peine quelques mois, nous nous trouvions encore et toujours aux côtés des jeunes praticiens en sang suite à la brutale répression de la police, à l'intérieur même de l'enceinte hospitalière ! Heureux que ce pourquoi ils se sont battus et sacrifiés soit enfin acquis, après les décisions de Tebboune. Evidemment, une telle mesure ne sera ni commentée ni applaudie par les cercles catastrophistes. Pour être un bon Algérien, il faut toujours voir tout noir et, surtout, ne rien relever de positif ! 
Oui, toutes les décisions précoces prises par les autorités et qui devancèrent pas mal de pays ont permis de réduire les risques. Oui, les scientifiques et les chercheurs à qui, et pour une fois, on a fait appel massivement ont su conduire le train sur les bons rails et l'aiguiller vers la gare du salut. Oui, la discipline du peuple, malgré quelques couacs, a aidé à éviter le pire... Oui et oui encore, mais personne ne m'enlèvera de la tête que notre salut collectif vient de ces femmes et ces hommes en blanc qui n'hésitent pas à mettre leurs vies en danger pour sauver tout un peuple des contagions en série et d'une véritable hécatombe.
On me reproche souvent mes enthousiastes et dithyrambiques impulsions dans les hommages que je rends à ceux qui le méritent pour leur bravoure et leur audace, mais quand il s'agit du corps soignant, les statues les plus hautes, les poèmes les plus lyriques et les témoignages les plus élogieux restent insuffisants. Je ne sais pas distiller des mots petits face à la Grandeur. Mes mots me dépassent parce qu'ils montent très haut, essayant de rejoindre les âmes, voguant vers le ciel, de ces nouveaux martyrs de l'Algérie, frappés de plein fouet par l'ennemi félon et invisible qui rôde en surnombre dans les salles de soins...
Ce sont nos praticiennes et nos praticiens, nos infirmières et nos infirmiers qui ont écrasé ces haïssables courbes sur les écrans de la mort, d'un K.-O. décisif, dès le départ ! Et pour reprendre une pub en vogue dans les années 70, ils sont nés chez nous, on peut leur faire confiance ! Nos médecins, nos infirmiers, nos travailleurs de la santé ont appris à se débrouiller avec un rien pour sauver des vies humaines. Ça doit venir de ces pratiques lointaines et enfouies au cœur des djebels et au fond de l'histoire lorsque, répondant à l'appel du devoir patriotique, les médecins algériens se retrouvèrent aux premiers rangs des maquisards, apportant une assistance inestimable dans le traitement des blessés et malades. Ils étaient entourés de belles infirmières, encore plus belles dans leurs tenues militaires et leur regard de Madone. 
Et c'est parce que de tels hommes et femmes existent que je remets ma casquette d’optimiste pour la troisième fois, certain que le fameux pic tant et tant de fois attendu par ceux qui, de l'autre bord, prédisent la débâcle à chaque soubresaut des prix du pétrole, à chaque levée salutaire et courageuse du peuple dans les rues de la liberté, à chaque poussée de fièvre d'un virus ; oui, certain que ce fameux pic n'osera jamais lever la tête ! Alarmistes des réseaux sociaux, prenez votre mal en patience et attendez-le ce pic aux dizaines de milliers de morts ! Attendez-le en sirotant votre café et en cherchant, sur vos écrans, les mauvaises nouvelles d’Algérie… Les blouses blanches ne savent pas attendre !
Chaque génération donne le meilleur d'elle-même à l'Algérie. Il y a peu, des hommes se sont levés en masse contre l'ogre terroriste qui voulait installer un émirat obscurantiste en Algérie, bâti sur l'ordre théocratique et tournant le dos à la modernité et à la démocratie. Ces hommes ont pris les armes pour défendre leurs quartiers, leurs hameaux et villages, pour inscrire une autre page glorieuse de cette longue histoire de lutte et de résistance qui colle à notre peuple depuis la nuit des temps. Avant cette génération, une autre a bâti, dans la sueur et les larmes, l'Algérie moderne où l'espérance de vie a pu grimper à 76 ans alors qu'elle n'était que de 48 ans en 1962, c'est-à-dire à la sortie des troupes de la colonisation. Et avant elle, ce fut le temps des baroudeurs de la révolution de Novembre. Vous pouvez remonter le cours de l'Histoire jusqu'aux âges farouches de l'Antiquité : vous ne rencontrerez que des héros, des résistants dans l'âme, contraints de défendre leurs terres face aux vagues continues et tumultueuses des conquêtes !
Oui, voilà pourquoi je suis, encore et toujours, optimiste !
M. F.

 

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