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Rubrique Lettre de province

2019 ou la dernière tentation du régime

Alors que les observateurs attitrés de la scène politique ne cessent de nous rappeler certaines évidences, les journalistes que nous sommes, avons toujours persisté à croire en les «révélations» off record distillées par les pantins se prévalant des plus sûrs «tuyaux» concernant 2019. Ne craignant guère les démentis, la plupart des chefs de partis préfèrent, en effet, abuser de la mauvaise communication plutôt que de cultiver la respectable ignorance qui, d’ailleurs, ne les rabaisse pas dans leur probité. Et c’est parce qu’ils n’ont eu de cesse d’échafauder publiquement des hypothèses puis de les attribuer au palais, qu’ils ont fini par rajouter une couche de flou à un brouillard à couper au couteau, derrière lequel agit discrètement El-Mouradia. En termes d’affichage politique, les partis n’avaient-ils pas d’ailleurs mieux à faire quand, par le passé, il y eut le mandat de trop de 2009 et, plus grave encore, celui commis en 2014 ? Au lieu donc de patienter avec humilité dans les antichambres du pouvoir dans l’espoir d’être retenus parmi les bons quémandeurs, n’auraient-ils pas dû mener campagne au moment où l’Etat commençait à prendre de l’eau ? Au lieu de se pousser du coude les uns les autres, comment se fait-il qu’ils n’aient jamais estimer impératif de mettre un terme à ce qui s’apparente à de la connivence avec le régime même lorsque celui-ci commença à sombrer ? Faute d’imagination ou plutôt de réel patriotisme, que reste-t-il à présent d’une classe politique de plus en plus absente au moment où l’Etat requiert sa mobilisation pour son sauvetage ? Certainement peu de crédit et sûrement pas de vrais militants. Autrement dit, tout juste des sigles à la signification approximative dont d’insignifiantes personnalités en ont fait leur fonds de commerce. Semblables aussi bien dans leur démarche que dans leurs objectifs, ils constituent à présent la base de lancement des sondages dont aurait besoin Zéralda ou El-Mouradia, selon l’endroit où siège cet état-major fantôme qui pilote l’appareil d’Etat. C’est, hélas, grâce à cette collaboration peu respectable que des intrigues quasi-florentines se sont nouées. Certaines ayant abouti à des limogeages quand d’autres consistèrent à inoculer dans l’opinion un débat autour de deux fausses options ! L’une qui préconise la continuité à travers un cinquième mandat et l’autre qui suggère, au contraire, de surseoir au prochain vote et de proroger le mandat actuel au nom de la transition. Tout doit donc être tranché à travers cet immense marché de dupes où il n’est déjà plus question d’évoquer l’invalidité notoire du Président mais de passer sous les fourches caudines d’une mandature pourtant arrivée à son terme ; et cela en vue de pouvoir esquisser des solutions de rechange. C’est ainsi que l’on est parvenu, grâce à la singularité de ce scénario, à occulter les résultats de ce hold-up. En effet, même les exégèses partisanes ne se consultent et ne s’affrontent que sur les modalités de la future conférence nationale dédiée à la transition mais solennellement placée sous la haute autorité d’un Président qui, entre-temps, n’aura plus de légitimité que celle d’un compromis d’appareils. Nulle part, même du côté de la timorée opposition, il n’a été fait état du caractère foncièrement trompeur de ce processus. Au mieux, celle-ci exerce sa critique sur la seule rareté des clarifications du régime auquel elle impute l’opacité ambiante qui, jusque-là, avait laissé circuler de fantaisistes évènements qui n’auraient pas eu lieu. Faisant allusion au fameux conclave en présence des partis de la majorité, même certaines personnalités indépendantes ont à leur tour conclu qu’il s’agissait d’une sorte de poker menteur initié par les gens du palais afin de jeter le trouble dans les sites web et les réseaux sociaux. Mais face à l’angoissante incertitude qui pèse sur la société, est-il encore concevable de recourir au conditionnement médiatique ? Car, à force de répéter les mêmes incantations quand les échéances légales se rapprochent et que l’on constate que rien se semble encore se décider, pourquoi fait-on courir à l’Etat des risques de cette nature ? Car, dans les moments graves, aucune source ne peut être crédible en dehors de celui qui est en charge du destin de la nation.  C’est dire qu’il est maintenant du devoir du Président en personne de fixer publiquement le cap des mois à venir. Et si le dilemme de la communication fut durant cinq années un inconvénient seulement gommé par des artifices, il semble bien qu’à présent, ni les scribes qui écrivent en son nom ni même les personnalités amies qui diffusent ses messages ne sont désormais en mesure de traduire avec exactitude ses intentions politiques aussi bien que sa volonté d’y parvenir.  
Une seule personne est probablement en mesure de rendre à la fois audibles et crédibles les objectifs qu’il prétendrait s’assigner. Son frère et néanmoins conseiller depuis 20 années serait celui auquel il a été souvent fait allusion. Car, dans la nébulosité ambiante qui a fait le lit à la rumeur, n’est-il pas souhaitable que cet homme d’influence se mette dans la lumière et explique à l’opinion ce que sera l’œuvre «future» du Président. Certes, si le qualificatif du népotisme dérange ce choix, il est, par contre, intellectuellement injuste d’user de la disqualification au prétexte de sa proximité familiale avec le Président. Car, dans les troublantes circonstances du moment, le pays va entamer 2019 sans que l’on sache à quoi risque de ressembler son horizon dès lors qu’il n’est toujours pas possible de sonder les intentions du locataire de Zéralda. Solliciter, par conséquent, le secours du frère est, dans ce cas-là, une nécessité que seul cet homme de l’ombre est en mesure de satisfaire. Mais pour que cela soit possible, il suffit de s’assurer qu’il tiendra uniquement le rôle d’interprète et jamais celui de l’héritier. 
B. H.

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