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Rubrique Lettre de province

Candidats à la figuration et chèque-cadeau du palais

Il est vraiment émouvant l’appel adressé aux candidats à la candidature de la présidentielle par le coordinateur du mouvement Mouwatana(1). Sans leur reprocher un quelconque empressement à acter des «offres de service» en engageant leurs paroles dans le funeste rouage de la compromission, il leur conseille timidement de se retirer de la course au cas où «le Président sortant postulerait à un 5e mandat». Voilà une drôle d’exhorte qui laisse charitablement entendre qu’ils auraient la possibilité de s’amender en faisant valoir, le moment voulu, leur «droit à l’ignorance» de ce qui allait se commettre. Sauf que la voie du désistement qui leur est proposée risque bien de ne plus être «praticable» au moment où s’effectuera la clôture de la procédure d’enregistrement. Cette dernière, intervenant au lendemain du dépôt de la candidature du chef de l’Etat dont le mandat prend fin et qui de droit est exempté de la collecte des signatures, le Conseil constitutionnel est alors habilité à rejeter les renoncements sollicités par certains d’entre eux. En effet, comment peut-on oublier l’historique refus de faire campagne que décidèrent, en 1999, six candidats (Aït Ahmed, Hamrouche, Taleb Ibrahimi, Abdallah Djaballah, Mokdad Sifi et Youcef Khatib) après avoir obtenu des preuves que le scrutin était pipé au profit de Bouteflika ? Seulement le Conseil constitutionnel s’y opposa et maintiendra même leurs noms dans la liste des concurrents. Voilà pourquoi le souhait évoqué par Soufiane Djilali risque de buter sur la même procédure censoriale émanant de l’institution chargée de ce genre d’arbitrage. Cela dit, par quel autre angle faut-il alors reprendre la question de la participation et convaincre ici et là que la morale de l’Etat est fâcheusement atteinte après les multiples manipulations que connurent les précédents scrutins ? Or, avant même de disserter sur la douteuse arithmétique dont les urnes accouchent le soir des scrutins, ne faut-il pas plutôt s’intéresser à ceux qui se présentent aux castings présidentiels ? C’est qu’au-delà de toute autre considération concernant chacun d’eux, ce qui fait véritablement problème est qu’ils savent qu’ils s’engagent dans une aventure douteuse. En effet, quels que soient les respectables curriculums de carrière que certains possèdent tout aussi bien que les notoriétés originales que d’autres mettent en avant, il est, hélas, difficile de donner raison à leurs annonces même si, formellement, ils sont parfaitement en droit de postuler et dans le même temps de le faire savoir médiatiquement sous forme de «scoop». Encore faut-il en conscience qu’ils aient pris la mesure des conséquences futures lorsque tout cela sera emballé et ficelé par les officines de la haute administration puis traduit sous la forme d’un plébiscite consacrant à nouveau le régime sortant.
C’est justement l’absence de recul par rapport à la tournure que prendra l’interprétation des résultats finaux qui fait défaut à ces Rastignac de circonstance. Faisant peu de cas de la défiance de l’opinion et n’abordant que du bout des lèvres la grave crise institutionnelle que connaît le pays, ils auront droit aux rôles de figurants pour lesquels les scores octroyés n’excéderont guère les chiffres unitaires. C’est de la sorte que naquirent dans les terriers (terreaux ?) du régime les lièvres qu’il préfère et dont il en faisait ses faire-valoir électoraux. Les présidentielles de 2009 et 2014, notamment, témoignent encore de la sordide sélection des compétiteurs-alibi coupables de connivences au point d’avoir accompli en 2014 l’exploit d’animer contre leur propre candidature des meetings au profit de l’adversaire majeur. 
Depuis la mascarade inédite de 2014, cinq années se sont déjà écoulées sans que l’on observe un semblant d’opposition susceptible de dénoncer en chorus la quasi-pétrification de l’appareil d’Etat au point que celui-ci en est réduit à administrer le pays au lieu de le gouverner. Si tant est qu’il existe une réelle différence entre la gestion répétitive du bureaucrate et les initiatives novatrices d’une gouvernance en symbiose avec les pulsations du pays. Dire donc que l’Etat risque à tout moment de dériver après un quinquennat entier d’une vacance maquillée de plus en plus grossièrement signifie que le temps est peut-être venu pour engager les changements nécessaires quitte à qualifier ceux-ci d’éléments de la «transition». Ce vocable, consensuel par excellence, gomme en effet toutes les susceptibilités dès lors qu’il épargne aux tenants du régime les procès d’intention tout en donnant l’illusion d’aller dans le sens des doléances muettes d’une société à bout de nerfs pourtant réfractaire à la violence orchestrée de «nulle part». D’ailleurs, l’on retrouve chez le mouvement Mouwatana une même préoccupation qu’il souhaite partager sans recourir à d’autres expédients que celui de la pression dissuasive en direction de la classe politique afin qu’elle contribue à discréditer le scrutin présidentiel en le privant de candidats crédibles. Mais comment diffuser ce genre de mot d’ordre dans les chaumières partisanes quand la plupart des enseignes bénéficiant encore de quelques visibilités survivent grâce aux largesses du régime ? A elles seules, les élections intermédiaires (APC et APW) sont justement sources de négociations des quotas de sièges et sont probablement les seules qui impactent positivement les ressources financières de ces officines. Quant à la présidentielle, où toutes les candidatures sont royalement arrosées, les admissibles ne sont-ils pas considérés par leur entourage comme des vainqueurs qui vont faire campagne pour être justement vaincus ! Tel est l’état des lieux d’un pluralisme n’ayant d’autre réalité que celle qui est écrite dans les scénarios du pouvoir toutes les fois où il décide de reconduire son bail.
(1) Voir le quotidien Liberté du mardi 22 janvier.
B. H.

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