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Rubrique Lettre de province

Élections à l’algérienne et syndrome du boycott

Ça patine piteusement dans la semoule en haut lieu. La panne totale jusqu’à ne plus savoir comment susciter de l’intérêt primaire auprès de la population afin qu’elle agrée, par une simple signature, des candidats à la candidature pour la prochaine élection communale. Voilà ce qu’il en coûte d’afficher trop d’assurance face à ce fragile domaine qu’est la crédibilité de l’acte civique. À se croire incollable sur n’importe quel problème relatif à tous les votes, l’on finit fatalement par être confondu par tant de confusions entre les « genres ». En effet, comment peut-on ignorer que la praxis des urnes répond à des paramètres différenciés selon les votes ? Or, le remarquable cafouillage qui a pris de l’ampleur au fur et à mesure que la date-butoir se rapprochait ne pénalisait pas seulement la participation des partis. Pis encore, la pauvreté des choix qu’offriraient les listes finira indiscutablement par aggraver les taux d’abstentionnisme.
À six semaines donc du vote local, les préparatifs sont décidément loin de se dérouler dans une atmosphère de confiance, comme le prétend mensongèrement l’organisme organisateur. Les critiques et les mises en garde émanant des partis ne sont pas rares comme viennent de le faire savoir les journaux. C’est dire que même les pronostiqueurs les plus optimistes habituellement hésitent cette fois-ci à tabler sur les normes des précédents mandats et craignent à demi-mot que le grand soir du 27 novembre aura des allures d’un magistral boycott général. Certes, les partis tiendront malgré tout à concourir quitte à ce que l’on élise de faux représentants qui ne tireraient leur légitimité que d’une poignée de votants. Il est vrai que pour ces dociles appareils de la politique, la notoriété des urnes leur importe peu. Il leur suffisait que soit « autorisé » le squat des sièges grâce à la magie des procès-verbaux de chaque scrutin. L’on pourra sûrement parier que dans moins d’un mois, ceux-là mêmes, parmi les partis les plus en vue qui agitaient auparavant le chiffon rouge de leur retrait, seront aux premiers rangs pour faire campagne après avoir cessé de contester et de menacer.
Autrement dit, d’ici là et jusqu’au jour du scrutin, rien de particulier ne viendra perturber le rite de la course à l’échalote qui n’est en vérité que l’affichage mensonger de la meilleure liste représentative de la commune sujette à l’enjeu. Il est vrai qu’ils sont rarissimes les postulants à la fonction de maires des villages à pouvoir tenir des discours persuasifs destinés à la citoyenneté indifférente et plutôt concentrée sur ses inquiétantes difficultés. Face au déficit de la culture politique des candidats en « représentation », le contenu des discours de campagne finit par se conclure en ridicules promesses. D’ailleurs, le soupçon de médiocrité, largement partagé par la critique des opinions du landerneau de la presse, a-t-il jamais été démenti par la suite ? C’est dire que, sur le terrain, de milliers de mairies, des édiles furent plébiscités sans que leurs prétendues « identités partisanes » fussent pour quelque chose.
C’est que, dans notre système de semi-liberté et de pluralisme fictif régulé en permanence par le pouvoir, chaque vote doit refléter impérativement les objectifs globaux du régime. Une telle démarche avait été régulièrement vérifiée lors des saisons du vote et que les slogans mirent en relief les credo de la « transparence » et des « élections libres et démocratiques ». Deux engagements qui finirent par être interprétés par leur sens contraire au point de devenir ipso facto comme autant d’aveux de ce qui s’est commis antérieurement ! Bref, cela s’appelle le piège des évidences qui finissent par arroser l’arroseur.
Mais alors comment et avec quels nouveaux slogans en phase avec le contexte de la crise actuelle rassurera-t-on l’électorat naturellement suspicieux et être en mesure de l’amener au vote après la bérézina des législatives ? Quand, sous la férule du précédent régime, l’on expliquait l’abstention par la médiocrité de la classe politique et jamais comme un défi au pouvoir malgré sa puissance, l’on se demande quel qualificatif aurait dû être donné aux boycotts récents (2019-2020) et s’agissant justement de l’APN et du référendum constitutionnel alors que le pays donne toujours l’impression qu’il est assis sur un volcan ?
D’où la certitude, ayant fait son chemin depuis longtemps, que le seul acte civique qui vaut toujours la peine est celui de réfuter comme par le passé la mascarade des urnes. C’est ainsi que l’électorat a progressivement substitué au vote de protestation l’abstention pure et simple avec toute sa cinglante signification. C’était à partir d’une longue expérience que l’on parvint à la triste conclusion qu’en haut lieu l’on ne se préoccupait que des taux globaux puisque les résultats étaient déterminés à l’avance et leur suffisait comme argument validant une prétendue « confiance » populaire. Sous le régime précédent, le non-vote devint un mot d’ordre émanant des « cafés du commerce » en le justifiant par le fait que le locataire du palais multipliait les parjures en retaillant la Constitution grâce à d’inutiles référendums.
Depuis, la tendance lourde qui fit que l’électeur préfère se tenir en dehors des consultations devint peu à peu la « contre-morale » républicaine qu’il fallait opposer à la nomenklatura. Ayant cessé d’être perçu comme le devoir primordial du citoyen, l’acte de voter fut ensuite mal apprécié, voire devenu une exigence compromettante. Ce que certains polémistes illustrèrent ce nouveau refus en tant que « tromperie perpétuelle organisée autour d’un essaim de listes agréées pour chaque commune afin d’installer l’illusion de l’engouement populaire là où, pourtant, ne fleurit que la misère et parfois la crainte ». 
Il y a deux années, tout était résumé dans ce modeste appel au secours de quelques utopiques marcheurs brandissant avec fierté ce semblant de manifeste !
B. H.

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