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Rubrique Lettre de province

«Fin de carrière» ou le tourment existentiel de Sidi Saïd

Certains journalistes présents à la dernière réunion des cadres de l’UGTA avaient-ils mal compris le propos de Sidi Saïd au moment où il aborda gravement l’éventualité de son départ ? Ou au contraire celui-ci n’avait-il pas volontairement rétropédalé à chaud de crainte que sa lassitude feinte puisse être interprétée comme une lâcheté politique dans le contexte actuel ? Peu importe qu’il y ait eu ou pas de quiproquo dès lors que l’intérêt primordial réside dans l’éventualité de sa retraite et les raisons qui la justifieraient dans l’immédiat. En se plaignant des rumeurs et des médisances colportées par les réseaux sociaux, Sidi Saïd espérait justement de ce conclave qu’il lui manifesta un soutien compassionnel. Bien évidemment, l’auditoire lui exprimera une sympathie bruyante vite relayée par une presse charitable. Sauf qu’à aucun moment, l’indéboulonnable patron de l’UGTA ne s’était fait la moindre violence morale pour examiner son bilan de syndicaliste. Au mieux, se contentera-t-il d’une seule exigence : celle de «l’évaluation de sa carrière professionnelle» (à ne pas confondre avec le militantisme syndical) et, par conséquent, les avantages matériels qui accompagneront sa mise à la retraite. Or ce qui demeure confus dans sa pratique syndicale et les postures qui furent les siennes durant les deux derniers quinquennats présidentiels n’a-t-il pas fini par alimenter les réquisitoires diffusés sur les réseaux sociaux ainsi que les attaques ad hominem, d’ailleurs rarement anonymes, toutes les fois où elles ont rendu publics les mécanismes douteux par lesquels les décisions étaient prises au sein de la centrale. A ce sujet, l’on se souvient qu’à la veille de sa quatrième reconduction en 2015, il fut au centre d’une contestation en interne. Violemment taxé par ses pairs de la C.E.N de «pantin aux ordres», coupable notamment de la désertification syndicale, il ne parvint à garder son fauteuil que grâce à la pression venant du palais lequel lui organisera un ridicule plébiscite dès l’ouverture de ce qui allait être une mascarade de congrès. Lui qui par inutile bravade de l’opinion déclarait, dans les moments politiques tendus, qu’il assumait pleinement ses décisions, n’en est-il pas réduit à présent à tergiverser à propos de sa perpétuité syndicale ? Au moment où l’effondrement de cette «union» historique est acté sur le terrain, il lui est pourtant difficile de se défausser de la lente reddition qu’il lui imprima tout au long des troublantes périodes politiques que connaît actuellement le pays. «Sectaire» à la demande du palais, il s’opposa violemment à toutes les possibilités qui auraient permis une satellisation des îlots corporatistes devenus depuis de vigoureuses rampes de la contestation syndicale. Et c’est à la suite de la montée en puissance des syndicats autonomes que l’UGTA allait à son tour perdre peu à peu de sa légitimité auprès des travailleurs. Sur la durée même, sa présence organique dans les usines et les administrations fut vite balayée et remplacée par les sections autonomes. Une régression jusque-là inavouée et même mensongèrement maquillée avec l’énorme chiffre de 3 millions de syndiqués que Sidi Saïd vient d’annoncer en marge de la plaidoirie qui l’auto-glorifie. Cela dit si, quelque part, l’idée d’un changement de direction au sein de l’UGTA venait à faire son chemin, elle ne saurait concerner uniquement Sidi Saïd, à moins de lui imputer la totalité de la dérive de l’organisation. Or, dans le pitoyable état où se trouvent ses structures, celles-ci ont un besoin urgent de refondation. Autrement dit, le problème foncier qui la ronge ne doit guère se résoudre à travers un exercice de chaises musicales où les pions d’une même oligarchie permutent dans l’échiquier. Il exige de faire table rase de toute une génération de carriériste, qui, depuis deux décennies, au moins, contrôlent les fédérations ou bien verrouillent à leur profit les modalités d’accès aux responsabilités des wilayas. Par conséquent, la véritable restauration de son image de marque syndicale doit nécessairement passer par un réexamen des fondamentaux de la doctrine après avoir été souvent ignorés et parfois même échangés contre des règles quasi-mafieuses. C’est que la persistance de ces dérives éthiques ne pourra être endiguée que si de solides clarifications idéologiques soient préalablement inscrites dans l’ordre du jour de tous les pré-congrès. Mais est-ce déjà la préoccupation de ses dirigeants ? Certainement pas pour peu qu’il suffit de sonder la démarche à laquelle fait référence le toujours candidat Sidi Saïd. Celui qui est entièrement obsédé par la magie des congrès alors que ceux qui se sont tenus depuis 4 mandats cachaient en fait un vide sidéral dans le domaine organique. De fait, contrairement à la volonté d’aller à l’essentiel, les brigades de carriéristes qui peuplent les permanences syndicales préfèrent cibler le secrétaire général que de faire leur propre mea-culpa. Vindicatifs à souhait, ce sont souvent leurs réquisitoires que ce dernier avait lus sur les réseaux sociaux. Semblables à tous les condottières cooptés, ils possèdent l’art de faire abstraction de leurs appétits. Plutôt que d’assumer collectivement leur responsabilité dans l’effondrement de l’organisation, ils se dédouanent en dressant un bûcher à leur «pair-parrain». Certes, Sidi Saïd mérite bien plus qu’une campagne hostile sauf qu’il ne doit en aucun cas, être sujet d’un procès qu’instruiront ceux qui avaient participé à ses côtés à l’opération de démolition de l’appareil. Car dans l’inconfortable forteresse monopoliste, il est improbable qu’il fut le seul à mener la douteuse chasse aux sorcières qui s’acharna sur les courants autonomistes au prétexte qu’ils portaient atteinte aux «justes combats des travailleurs ». A ce propos, le repère historique de 2004 est effectivement le marqueur à partir duquel l’UGTA redevint le relais officiel du régime dans le pur style d’une organisation de masse d’un parti unique. Depuis, elle ne fit qu’agréer toutes sortes de trahisons au détriment des travailleurs en se laissant aspirer, aussi bien, par les injonctions officielles que les combinaisons politico-financières jusqu’à être éclaboussée par des scandales financiers que Sidi Saïd connaît bien pour avoir paraphé de faux procès-verbaux et mis à l’encan un patrimoine immobilier propriété du syndicat. Or, quelles que soient les raisons susceptibles d’atténuer le degré de ses responsabilités, Sidi Saïd ne peut dorénavant se prévaloir d’une cinquième rallonge pour demeurer en poste. Après 20 années passées à courtiser la sphère politique tout en méprisant la condition des sans-voix, n’a-t-il pas désormais mieux à faire en s’occupant de sa santé ? A moins qu’il veuille imiter le maître et transformer un quitus «compassionnel » en sésame magique pour conserver son honorifique fonction. Il est vrai que le fameux «tab djanenna» de 2011, dont les droits d’auteur appartiennent à qui l’on sait, est à l’origine d’un miracle sans pareil !
B. H.

 

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