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Rubrique Lettre de province

Justice : quand le DRS reprend du « service »

Après l’opération coup de bélier destinée à intimider le corps des magistrats en provoquant un immense mouvement de chaises musicales, Zeghmati, le garde des Sceaux, décide cette fois-ci de s’attaquer à l’état des lieux de la juridiction judiciaire en choisissant d’aborder le sujet par son côté puant le soufre politique et dont les relents expliquent à ce jour pourquoi tant de personnalités du pouvoir s’étaient prêtées à la corruption. En se proposant d’amender le code de procédure pénale, il visait notamment le rétablissement dans ses anciennes fonctions de la « police judiciaire » rattachée au DRS : celle qui est communément appelée les « services ».
Devant un hémicycle de parlementaires littéralement ahuris par l’inhabituel réquisitoire qu’il prononça et qui ne visait ni plus ni moins son prédécesseur et l’ex-président en personne, il révélera la nature délictueuse qui fut derrière une pseudo-volonté politique d’en finir avec l’incursion de l’armée dans le domaine « sacré » du civil. Une démarche douteuse qui allait aboutir à la disqualification de la police militaire et de fait allait ouvrir la voie à toutes sortes de méthodes d’enrichissement en l’absence d’enquêtes révélatrices dont le DRS était à l’origine.
Grâce donc à sa solide mémoire qui, par ailleurs, lui permet de garder personnellement un douloureux souvenir de l’injustice dont il fut victime, le ministre de la Justice s’attardera sur toutes les conséquences d’un tel affaiblissement de la capacité d’enquête du pôle judiciaire après l’amendement datant de 2017. Sauf que, dans les faits, les premières mesures prises à l’encontre du DRS remontaient à septembre 2013 lorsque, à son retour du Val-de-Grâce, Bouteflika décidera de transférer ses prérogatives sensibles vers les Tagarins. Face à ce fameux « État-DRS » dont le Palais n’a commencé à se plaindre qu’au cours de la dernière année du 3e mandat et notamment lorsque des révélations sur les scandales de son entourage se sont étalées sur la place publique, que pouvaient-ils faire d’autres si ce n’est déclencher une campagne de diabolisation politique à son encontre, pourtant considéré hier encore comme le bouclier du régime.
C’est de cette époque-là que date l’entrée en scène du provocateur Saâdani qui fut promu, par un décret de nuit, secrétaire général du FLN. Promu de fraîche date en janvier 2014 et, de surcroît, briefé par les scénaristes de la « casa d’El-Mouradia », ce rustre-là allait pousser trop loin la stigmatisation de cette police politique. Sans doute avait-il manqué de subtilités dans ses propos et surtout établi des amalgames inappropriés mais, toutefois, est-il parvenu à affranchir l’opinion sur la nature de la poudrière qui menaçait de faire exploser ce système, en place depuis plus d’un demi-siècle. En y allant à la hache toutes les fois où il s’était exprimé, il révélait implicitement des bribes de la guéguerre secrète à laquelle se livraient les réseaux influents. Certes, il ne s’agit pas, dans le contexte actuel, de tresser des galons de patriotisme et de vertu républicaine au DRS, afin de l’absoudre de la brutalité de ses méthodes. Seulement, il est clair et conforme à la réalité de rappeler que sa démarcation vis-à-vis du 4e mandat n’était pas partagée par la hiérarchie militaire, entre autres. Or, ce genre de soutien inconditionnel ne pouvait qu’encourager le missionnaire Saâdani qui lui fit subir une salve d’accusations. C’est dire que l’hostilité du DRS à la mortifère option d’une présidentielle sans candidat visible fut à l’origine d’une campagne étonnamment axée sur la défense de principes démocratiques, sauf que cette profession de foi n’a aucun sens, voire relève de l’imposture, lorsqu’on sait que le régime qui s’en revendiquait avait piétiné les libertés les plus basiques pire que ne le fit cette police au cours des 15 années de pouvoir acquises par des fraudes en tous genres. C’est dire que la prétendue conversion du clan de Bouteflika au vieil idéal de la Soummam n’était rien d’autre qu’un subterfuge de plus pour balayer les obstacles et se prémunir contre les solides procès d’intention.
En fait, ce ne fut pas le DRS qui joua le destin de la Nation à la roulette russe mais bel et bien des « brigades » d’aventuriers qui confisquèrent le devenir de la communauté nationale. Cependant, si les réseaux proches d’El-Mouradia avaient décidé, à cette époque-là, de mettre justement en exergue le versant sombre de la police politique afin de mieux la diaboliser, c’est qu’elle avait eu une existence réelle à travers les rôles historiques qu’elle avait tenus. De ceux qui avaient laissé d’exécrables stigmates dans les mémoires de l’opposition. Car, dans l’imaginaire collectif, le DRS, en se substituant à l’ancienne SM (Sécurité militaire), n’a effectivement guère gommé l’idée que l’on se faisait des polices secrètes sous les régimes antidémocratiques. La paranoïa de l’isoloir et de l’interrogatoire musclé a fini par imprimer dans la perception des gens l’idée d’une machine à réprimer et à ficher quiconque serait soupçonné « d’anormalité ». Et c’est la construction du concept de l’épouvantail qui allait servir, par la suite, à l’élaboration de la fameuse procédure de disqualification que vient de dénoncer Zeghmati et dont le maître d’œuvre avait été Tayeb Louh en 2017. C’était ainsi que la police judiciaire d’obédience militaire fut vite accusée d’exercer le métier de maître-chanteur par dossiers interposés et, de surcroît, prétendument préfabriqués surtout lorsqu’il s’était agi d’inculper l’intouchable Chakib Khelil.
En clair, c’était ce qu’il fallait démontrer de la part de monsieur Zeghmati au moment où il prit son bâton de pèlerin pour plaider la cause des fameux « services ».
B. H.

 

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