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Rubrique Lettre de province

La bataille du perchoir et la mort clinique du FLN

Ce qu’il y avait d’émouvant et d’illusoire à la fois dans l’atmosphère électrique qui asphyxia l’hémicycle de l’APN n’était pas tant la grotesque démarche du nouveau secrétaire général du FLN, qui se crut en droit d’occuper le perchoir en sollicitant une approbation à la hussarde de la part des élus de son parti. Tout ce désordre s’expliquerait, en partie, par la crise existentielle que connaissent les partis politiques et notamment le FLN. C’est ce que ce boutefeux politique de Djemaï ignorait. En ne soupçonnant pas un seul instant que l’appareil qu’il vient d’hériter est loin de fonctionner comme il l’aurait souhaité, il avait décidé, unilatéralement, de prendre en otage l’ascenseur de la présidence du Parlement.
Alors que l’institution, minée dans ses fondements à force de subir les manipulations, s’est quasiment effondrée à la première salve de la contestation du 22 février, du côté du FLN, l’on continuait à tirer des plans sur la comète en attendant l’investiture du futur régime.
Ce furent, sûrement, les reliquats de la déplorable stratégie fondée sur la servitude qui sonnèrent le glas de la révolte dans l’entourage même du vieux parti. En effet, dans un ultime sursaut d’orgueil, l’arrière-garde politique du FLN ne se devait-elle pas de rompre avec les amarres de certains leaders incapables de faire leur mise à jour ? Désavouant le premier d’entre eux, les élus ne viennent-ils pas de contribuer au rite sacrificiel qui consiste à dissoudre une association de propagande dont les missions se résumaient aux coups tordus ? Historiquement, ceci se révèle à travers la longue existence de ce parti qui ne brilla que dans ce domaine. Celui de fomenter des campagnes de dénigrement visant les libertés publiques. Bref, dans son excellence antidémocratique, il se révéla constant tout au long des péripéties qui ponctuèrent le rythme de l’Etat au point de susciter, non seulement de la jalousie, mais également des émules : ceux que l’on peut désigner comme des « partillons » aussi prompts à la servitude (RND, TAJ, HMS…).
Plus d’un demi-siècle après son baptême initial de parti unique (avril 1964), le FLN n’a, cependant, jamais renoncé à mettre en avant un supposé legs historique. Malgré les successives érosions de son influence qui lui coûtèrent parfois sa prééminence, il finira tout de même par récupérer son rôle de vigie du régime à la faveur du retour aux affaires de Bouteflika. Mieux encore, le second mandat de celui-ci lui donnera un avantage définitif à travers son entrisme au palais et cela, au détriment de tous les autres alliés. Sous la houlette d’un médiocre doctrinaire, le parti allait devenir le grand appareil de la censure. Belkhadem, en ce temps-là, fut désigné à la basse besogne, consistant à amender la loi fondamentale un certain 12 novembre 2008. Avec la complicité d’un Bensalah, président du Sénat, le premier coup d’Etat constitutionnel sera accompli en avril 2009. Un coup de canif qui ravive la mémoire et les circonstances de l’escamotage du congrès du CNRA (juin 1962) au profit de la création d’un « bureau politique » initié par le tandem Ben Bella-Boumediène et dont le siège se trouvait curieusement à Tlemcen. Très tôt, ce sigle allait devenir l’adresse de tous les ralliements d’opportunistes. En d’autres termes, l’acronyme constitué de ces trois lettres (F, L, N) cessa d’être « l’alphabet » primordial de la Nation, comme l’écrivait poétiquement Kateb Yacine, pour devenir le nom de code de certains réseaux lorsqu’ils mirent en chantier la stratégie de conquête du pouvoir. En somme, après avoir été un modeste premier tambour sous le régime de Boumediène qui, d’ailleurs, le tenait à distance, le FLN devint, sous Chadli, l’observatoire du champ politique et parfois même le laboratoire où l’on prétendait fixer les horizons de la République. Durant les années précédant les évènements de 1988, il accapara la redoutable casquette de la gestion des carrières des élites en les soumettant au terrible article 120 qui signifie l’allégeance au FLN. Une atteinte sans fard aux libertés élémentaires qui ne disparut de son catéchisme que bien plus tard. En dépit des désertions en son sein et des critiques qui lui imputèrent la faillite du pays, il parvint tout de même à maintenir le cap. Or, sa remarquable résilience n’a été possible qu’à la présence de ses lobbies actifs dans les corps constitués et ses relais dans l’administration. Il fallut donc attendre le retour de Bouteflika pour qu’il se refasse une nouvelle notoriété. Quoi de mieux que la mise à disposition du nouveau chef de l’Etat d’un appareil en friche mais toujours susceptible de redevenir un levier des guerres politiques. C’est en quelque sorte, grâce à ce deal qu’il devint en 2005 « le parti du Président » après avoir bouté hors de ses instances un certain Ali Benflis. A défaut de retrouver le lustre d’antan quand il était qualifié de « parti-Nation », il se contentera, depuis cette date, de n’être que le porte-voix du palais. Etatisé sans doctrine perceptible, il devint le sas chargé de filtrer les critiques susceptibles de contaminer une opposition pourtant sans ressort. Ce sera ce bilan-là qu’il y a lieu d’établir dès l’instant où l’ensemble de la classe politique, dont le FLN, se remet en question.
Sous-traitant de tous les régimes qui se sont succédé, le FLN est justement celui qui est prioritairement mis en demeure de le faire. Un exercice qui s’impose afin que sa faillite permette à son sigle de retrouver le musée de la Révolution. Il est vrai que parmi le florilège des credo laissés par certains de ses dirigeants, il y a l’ahurissante définition du multipartisme dont les droits d’auteur appartiennent à l’inénarrable Belkhadem. « La démocratie directe, disait-il, a-t-elle jamais eu besoin des partis politiques et de leur nuisance lorsqu’un guide inspiré anticipe sur les espérances d’un peuple ? ». En se réfugiant dans un insoutenable culte de la personnalité, l’appareil du FLN ne pouvait se retrouver que dans la poubelle de l’Histoire, dès lors qu’il fut abîmé par un demi-siècle de servage. 
B. H.

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