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Rubrique Lettre de province

Législature : tardive dissolution et scrutin sans changements perceptibles !

Dans, environ, une centaine de jours, l’électeur sera à nouveau sollicité pour la toisième fois afin de désigner cette fois les députés qui succéderont aux parlementaires révoqués avant terme de leur mandat. Présentée, dès l’investiture du Président Tebboune (19 décembre 2019), comme le nœud gordien qu’il fallait trancher au plus vite, la dissolution a fini étonnamment par être différée au nom de l’on ne sait quel imaginaire «vide» constitutionnel bloquant les rouages de l’État. Même si l’explication fournie au cours des premiers mois de 2020 se référait à la Constitution, laquelle, a-t-on affirmé, n’autorisait pas le gouvernement à légiférer par ordonnance, elle pouvait quand même lui fournir un «sas» de 3 mois renouvelables pour gouverner et, pourquoi pas, programmer la dissolution de l’APN dans la période initiale du mandat présidentiel. C’est dire que, grâce à la marge d’un semestre, il était possible, techniquement et juridiquement, de «solder les comptes» d’un parlementarisme tout à fait discrédité tout au long de son quart de siècle d’existence. Ayant préféré faire l’inverse, la direction de «la Nouvelle Algérie» voulait en vérité profiter de l’opportunité d’avoir en face d’elle une Assemblée fantôme et déjà vaincue par le Hirak afin de faire passer comme des «lettres à la poste» d’autres lois organiques. Autrement dit, cette députation en sursis devint une aubaine qui permit la validation de textes pourtant contestables sur le fond. Celui, entre autres, de ne point toucher au statut du Sénat qui devra conserver la disposition infâme consistant à accorder au chef de l’État le pouvoir discrétionnaire de nommer un tiers des chouyoukh et cela au mépris des fondamentaux régissant la démocratie et ses urnes. En somme, la reconduction d’une atteinte quasi-monarchique qui n’est rien d’autre que le verrouillage de l’exécutif au détriment des mandataires du législatif. 
C’est qu’après plus de 20 années de pratiques (Zeroual – Bouteflika) adossées au contrôle systématique des libertés politiques, l’on avait contribué à la stérilisation de la pluralité des débats et les saines conséquences des votes du refus. Au fil des mandats, le précédent régime, particulièrement, fit en sorte que la Chambre des députés devait se réduire à un huis clos partisan où ne pouvaient survivre que les enseignes de la courtisanerie. En somme, la démocratie, tant rêvée à partir d’octobre 1988, entra dans l’ère de l’enrôlement rampant lequel allait fournir à la fausse compétition politique une élite de plus en plus médiocre au fil des mandats. En un mot, le rabougrissement de la culture politique, voire la rareté des vocations condamna de fait le Parlement algérien à recruter, en lieu et place, des idéologues et des doctrinaires, une humanité folklorique de marchands de tapis. Le constat est assurément amer en ce sens que rien, aujourd’hui, ne suscite de l’optimisme concernant un Parlementarisme repeuplé différemment. Il a d’ailleurs beau bavarder sur les plateaux de la TV officielle, ce «chargé de la mission» de la prochaine société civile qu’il confond pitoyablement avec l’embrigadement des jeunes désœuvrés tout en les qualifiant de «pépites» prêtes à siéger au Parlement ! Une déplorable confusion qui le pousse à s’inspirer de la vulgate de l’ex-parti unique (à ne pas confondre avec le vocable «vulgaire») en créant des mouvements de jeunesse puis en les baptisant de tous les superlatifs.
Face donc à la difficulté de se projeter dans ce futur immédiat lorsque se jouera l’épisode consacré au renouvellement de la législature, l’on ne peut, par contre, que revisiter celles du passé. En effet, c’est à travers leurs péripéties qu’il est possible de mieux mesurer les malentendus historiques qui plombèrent l’Algérie dès sa résurrection. À ce propos, les élites politiques des premières années de l’indépendance laissèrent suffisamment de témoignages écrits de ce qu’il advint au premier président du Parlement national ainsi que certains députés prestigieux. Ceux qui, par scrupule démocratique, refusèrent la validation du projet de Ben Bella qu’ils accusèrent de proposer à la place d’une Constitution un manifeste totalitaire. D’ailleurs, ils en payeront le prix le plus lourd, celui de l’embastillement. En ce temps-là, l’État, pétrifié par les délires d’un Président, était moins un «État de citoyens» qu’un «État de fait» après le coup d’État de 1965. Explicitement, la formule désignait le carcan de remplacement juste pour se moquer, avec beaucoup de morgue, toutes les fois où ils entendaient discourir au sujet de l’État de droit alors que le pays vivait sous une dictature qui ne voulait pas se reconnaître en tant que telle. 
Dévitalisé politiquement durant deux décennies, le pays survivra en suspens jusqu’à octobre 1988 avant de sombrer à nouveau dans les affres d’une violence religieuse dont il n’avait pas su anticiper les dérives. La démocratie restait encore à inventer au milieu de l’enfer de la décennie 90. C’est justement de cette époque que date la nouvelle thérapie des charlatans qui préconisèrent un pluralisme à deux Chambres. Le formalisme prenant le dessus sur la réalité tangible quant à la manière de légiférer et surtout au nom de quels intérêts se fourbissent des lois. À partir de ce terreau, le tandem APN – Sénat s’adapta à la culture du clientélisme qui accoucha progressivement de l’oligarchie dont nous avons hérité sous la présidence de Bouteflika.
La corruption ayant fait ses entrées dans les allées du pouvoir, il est, par contre, risqué d’établir des parallèles entre de multiples contextes historiques différents. Sauf à rappeler que, malgré les degrés de malfaisance, ils répondent tous à la même tutelle qu’est l’esprit du système. Même la saine séparation des pouvoirs à travers laquelle se reconnaît une bonne démocratie ne fait que rarement partie de l’éducation politique des impétrants à un maroquin. C’est-à-dire qu’il leur faut un parrain dans l’exécutif. S’accommodant au statut d’appendices «facilitateurs de la loi», tous les députés à l’APN ont intégré, dans la «logique» de leur mandat, le principe indépassable de l’allégeance.
Globalement, les faits à ce sujet sont têtus puisqu’ils prouvent régulièrement que l’Algérie n’a jamais bénéficié d’un véritable Parlement hormis la courte parenthèse qui vit siéger les Ferhat Abbas et Aït-Ahmed. Depuis, jamais plus l’institution législative ne se sépara de la sphère d’influence d’un exécutif pesamment directif. C’est dire qu’à l’exception de quelques partis à la doctrine éprouvée, le reste ne postule qu’après avoir noué des «contacts de service». Mais alors qu’attendre de magiquement différent d’un scrutin ayant déjà perdu de sa signification psychologique initiale ?
B. H.

 

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