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Rubrique Lettre de province

Les vétérans de l’ONM et le sigle FLN

N’étant pas elle aussi à l’abri des reproches, ne saluons pas donc trop vite le réquisitoire de l’ONM, exigeant la restitution à la mémoire collective du sigle que l’ex-parti unique a fini par en faire un usage contraire à ce qu’il suggère. Même si l’argument avancé par les vétérans de la guerre patriotique met pratiquement fin à la proximité idéologique que leur organisation entretenait avec cet appareil, cela ne lui suffira pas pour justifier ses compromissions commises tout au long des années post-1988. En ces temps-là, alors que de toutes parts l’on annonçait la création de nouveaux partis politiques et, partant, s’émanciper des organisations de masse à l’exemple de l’UGTA ; l’ONM, elle, ne voulut pas croire qu’il pouvait exister d’autres alternatives sinon celles qui lui auraient été accordées à sa naissance. En plus donc de l’ancien statut qu’elle conserva, elle fera pire, par la suite, en s’érigeant en une sorte de loge maçonnique devenant ainsi une secrète agence d’influence au service des régimes qui s’étaient succédé entre 1989 et jusqu’à… très récemment.
La lente pente de sa compromission est, à ce titre, édifiante tant et si bien que les péripéties politiques la surprendront souvent dans le rôle de recruteuse électorale parfois aux ordres des militaires lorsqu’il fallut promouvoir Zeroual et surtout au service de l’opération ayant permis le retour de Bouteflika. C’est dire qu’elle vient tout juste de clore une ère de turpitudes l’ayant vue s’impliquer dans la promotion des mandats de l’ex-Président jusqu’au jour où elle mesura l’étendue du désastre occasionné par la fausseté des stratégies du FLN, vis-à-vis duquel elle ne s’était pas démarquée. Autrement dit, la vieille connivence que ce duo entretenait ne connaîtra sa première brouille qu’en 2014 lorsqu’on imposa au pays un faux président n’étant plus en mesure d’exercer ses prérogatives.
Une situation qui, évidemment, ne pouvait que se détériorer au fil des ans et surtout avec l’arrivée à la tête du parti FLN de secrétaires généraux sans vergogne. Saâdani puis Ould Abbès scelleront sa rupture avec un nouveau FLN repeuplé par une faune de racketteurs et d’affabulateurs. Comme on le voit, l’émancipation de l’ONM n’a jamais coïncidé avec une quelconque évolution des libertés publiques ni même une perception du rôle douteux que tenait le vieux parti. Or, si elle avait décidé de rompre avec ce compagnonnage elle n’a pu le faire que lorsqu’elle put mesurer l’immense clochardisation de cet appareil. C’est ainsi qu’en guise de sanction, elle croit qu’il est de son devoir de lui retirer l’imprimatur sur les trois lettres historiques dont elle a fait un vulgaire commerce politique. En soi, la démarche se veut en apparence morale alors qu’elle pose en pointillés la question existentielle de ce faux magistère représenté par un machin allant à la dérive. Seulement le syndicat des vétérans est arrivé trop tard pour peser sur le destin de cette association. Car le mouvement du 22 février a déjà accompli les trois quarts du chemin vers sa disparition sans pour autant solliciter, comme le fait l’ONM, la ridicule procédure administrative. Meilleure démocrate, la rue récuse les recours à la bureaucratie préférant s’appuyer sur la future humiliation des prochaines urnes. Moribond après sa disqualification par les marches populaires, il faudra, par conséquent, patienter jusqu’au prochain scrutin avant de l’effacer du paysage politique. Comme quoi nos chers et très coûteux rescapés de la révolution n’ont pas à se faire du mouron pour l’alphabet patriotique dont la place est déjà réservée au musée des mémoires.
Pour s’en convaincre, il suffira à l’ONM de réexaminer les évènements des dernières années puis de les mettre en parallèle avec les revendications de tous les vendredis pour admettre que le parti, dont il a fait son alibi patriotique et en même temps son souffre-douleur, a peu de chance de survivre quand le changement aura lieu. C’est que cette imposture de « front » présenté à l’origine comme le creuset où doivent s’agréger l’ensemble des sensibilités politiques a fini par devenir une agence de recrutement maffieuse où se ressourcent les lobbies d’intérêts. Car, enfin, comment peut-on trouver des différences dans le savoir-faire entre un Belkhadem et un Saâdani puis entre ce dernier et Ould Abbès ? Quand le premier cité inaugure son mandat en envoyant des nervis pour expulser, en 2004, les partisans de Benflis, Saâdani fait pire plus tard en envoyant des chiens aux portes du siège du parti. Et que dire de l’affabulateur Ould Abbès qui eut la coquetterie de mépriser la loi puis de donner l’ordre de cadenasser l’entrée de l’Assemblée nationale !
Au-delà des anecdotes, tout cela montre bien que c’est toujours au sein du FLN que les complots eurent lieu. Pour le prouver, il suffit de remonter à avril 1964 lorsqu’au terme de son congrès constitutif, ses dirigeants décidèrent d’embastiller Ferhat Abbas puis Aït Ahmed. Au lendemain d’Octobre 1988, alors qu’il était attendu de l’appareil qu’il fasse un travail d’actualisation de sa doctrine, il se révéla incapable de s’adapter à la nouvelle règle de l’alternance. Au mieux, il s’était consolé de ce qu’il avait appelé « changement d’époque », tout en insistant pour garder une sorte de « statut particulier ». Mais c’est avec le retour aux affaires de Bouteflika qu’il parvint, justement, à s’imposer à nouveau jusqu’à inspirer au palais tous les coups tordus que celui-ci allait mettre en scène. A partir de 2004, il redevenait la boîte à outils du Président lequel ne cachait pas son mépris pour le multipartisme qu’il qualifiait de « maladie du désordre ». Encouragé par de médiocres courtisans devenus ses idéologues, le Président sombrera dans une mégalomanie sans précédent sauf à remonter au messalisme de la période charnière d’avant-Novembre 1954. Cependant, il fallut attendre le moment crucial coïncidant avec la fin du second mandat pour découvrir les appétits politiques d’un chef d’Etat plus porté sur la transgression des règles constitutionnelles que sur leur respect. Par ailleurs, la courtisanerie n’allait pas se contenter de n’exister qu’à la marge et voulut conquérir une position dominante dans les rouages du pouvoir en planifiant une vaste escroquerie électorale qui allait lui permettre le siphonnage de l’institution législative et le contrôle des territoires par le biais des élections communales. La part du lion allant de soi au FLN, celui-ci fit élire des maires, des députés et des sénateurs en contrepartie d’une vente aux enchères. Or, à l’approche de la fin du troisième mandat présidentiel, l’effet d’aubaine allait accélérer le désordre aussi bien au sein du palais que dans le nœud de vipères du comité central de ce parti.
Le passage en force du quatrième mandat mettra à nu le régime tout en alertant une opinion à la colère muette. De « l’Etat avorté » des premières années de souveraineté, l’Algérie est rétrogradée au dernier sous-sol en devenant quasiment un « Etat-voyou », où le pillage et la corruption étaient les compétences des cols blancs les plus en vue : ceux, entre autres, qui émargeaient au FLN. C’est tout dire.
B. H.

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