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Rubrique Lettre de province

Multipartisme : le numerus clausus est-il souhaitable ?

Semblables aux incertitudes qui accompagnent les guerres et dont on sait pourquoi et comment elles se déclenchent mais rarement quand et de quelle manière les armes se taisent, les partis politiques, qui furent durant vingt ans les soutiens d’un régime impopulaire et surtout moralement transgressif, sont confrontés à un même dilemme. 
En quête d’une voie de sortie, seront-ils en mesure de plaider leur cas afin que soit mis un terme à l’indifférence hautaine du nouveau pouvoir et de retrouver dans la foulée d’un «pardon» muet un minimum de visibilité officielle leur permettant de se réinscrire dans la future distribution des cartes ? Soucieux de gommer leurs compromettantes pratiques et disposés à faire leur mea-culpa sans condition, il n’en demeure pas moins qu’ils continueront à représenter un problème insoluble dans le contexte actuel. 
En effet, lorsqu’on sait que le président Tebboune n’a aucun intérêt à ranimer l’hostilité sourde du Hirak à son encontre en étant charitable à l’égard de ces appareils de propagande, l’on imagine mal que ceux-là puissent reconquérir de la notoriété à court terme. Manipulateurs rompus aux reniements, leurs dirigeants successifs parvinrent, certes, à changer de maître par le passé sans qu’ils aient eu à s’en expliquer devant les électeurs. Et pour cause, ils n’étaient redevables d’aucune justification publique puisque le succès des urnes leur était acquis par avance. 
Qualifiés de clients à haut risque, leur approche envers le chef de l’Etat ne peut que le mettre dans l’embarras au cas où il serait dans la disponibilité intellectuelle de laisser libre cours au fonctionnement de la classe politique. Seulement, en sa qualité d’acteur principal du grand tournant historique que connaît le pays, il est justement en devoir de se préoccuper de l’immense décomposition de l’architecture politique de l’Etat. Pour ce faire, il a toute latitude de faire siens les diagnostics établis en tirant toutes les conséquences des activités douteuses de certains courants politiques. Autrement dit, il est vain qu’il prétende vouloir édifier une nouvelle république tout en faisant l’impasse sur la question de la loi organique relative au multipartisme. Celle qui se résume dans la pluralité pagailleuse qu’avait encouragée le régime précédent en accordant 54 agréments à des partis fantômes. 
En clair, parvenir à changer les mœurs politiques en encadrant l’exercice de la démocratie par des règles strictes dont celle du numerus clausus qui n’agréerait que les partis possédant une assise électorale réelle. A côté donc d’une honteuse vassalité assumée par certains appareils, il existait, certes, des îlots réputés pour leur militantisme scrupuleux. Sauf que la rareté de ce personnel politique n’avait pas la possibilité de s’inscrire en faux contre le truquage des urnes dès lors que le premier bénéficiaire n’est autre que celui-ci. Peu ou prou, l’on a justement contribué à brouiller l’idée que l’opinion s’est faite de leur présence dans les hémicycles et de la duplicité des discours qui étaient supposés illustrer leurs convictions. Même s’il n’a jamais fait de doute que le truquage des votes incombait en premier lieu à la corruptibilité foncière du régime, il n’en demeurait pas moins que les partis eurent leur part de responsabilité dans le pourrissement. A une ou deux exceptions près, la plupart d’entre eux ne se soucièrent guère que de la possibilité d’accéder aux premières loges des institutions quitte à jongler avec les convictions. En d’autres termes ils furent, à tour de rôle, et selon les désirs du palais, disposés à voter autant de projets et de lois. 
C’est que dans un fatras d’égos qui se télescopaient, l’opposition politique n’a jamais su dépasser le cadre étriqué de leurs petites chapelles pour ensuite envisager une possible recomposition d’un grand courant doctrinal susceptible de résister aux manœuvres dilatoires du gouvernement et dans le même temps gagner en notoriété populaire malgré le recours au bourrage des urnes. Au lieu de conquérir la société, les partis les mieux nantis préférèrent collectionner des sièges estampillés par d’imaginaires succès électoraux. 
Or, c’était ce que souhaitait le régime dont la tâche lui fut facilitée à mesure que les ambitions d’une certaine classe se négociaient sans complexe. Peu à peu ces partis se muèrent en oligarchies d’appareils aussi bien au sein de la mouvance islamiste que dans le versant prétendument démocratique. 
Progressivement aussi, les unes après les autres se réfugièrent dans un étrange consensualisme qu’elles partagèrent avec le palais, lequel leur ordonna de pratiquer le mutisme signifiant le renoncement : ce virus qui avait rongé profondément toutes leurs certitudes. 
Il est vrai qu’elles ne risquaient pas de «mourir toutes à la fois mais toutes en furent atteintes». Telle est la morale de la fable du pluralisme algérien.  
B. H.

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