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Rubrique Lettre de province

RND-FLN : survivront-ils à la recomposition du pluralisme ?

C’est une véritable bombe à fragmentation que vient de dégoupiller le porte-parole du RND. Ciblant l’ensemble des partis de l’Alliance et notamment le sien et le FLN, il n’a guère fait dans la nuance, assumant sans hésiter la responsabilité de sa direction dans les désastreux errements qui leur coûtent bien plus qu’une disqualification politique dans l’immédiat. Car la probabilité d’une future descente aux enfers n’est plus à exclure. Son aveu est, par conséquent, explosif dès lors qu’il risque d’hypothéquer le devenir de plusieurs appareils politiques au lendemain de la dissolution du système et la naissance d’une nouvelle République. Parmi les associations politiques susceptibles de connaître une certaine déchéance électorale dans le futur, il y aura sûrement le RND et le FLN. Deux officines ayant constitué les béquilles d’un pouvoir aujourd’hui décrié par le mouvement populaire.
En effet, à travers un distinguo significatif, il s’est agi de Ouyahia, d’une part, souvent désigné à la vindicte, et d’autre part, le FLN en tant que système mafieux à lui seul. C’est dire que la pertinence des mouvements sociaux ne fut pas hasardeuse. Leurs cibles et l’exacte identification de la prédation coïncidaient effectivement avec la sale besogne ayant permis au chef de l’Etat de contrôler les principales institutions durant vingt années. Sans trop s’encombrer des confettis du multipartisme, Bouteflika préféra, en effet, attribuer à ce binôme les fonctions de têtes de pont capables de piloter médiatiquement l’essentiel de ses programmes et stratégies. Or, si le choix du FLN allait de soi, au nom d’un supposé héritage historique ; par contre, celui du RND ne fut dicté que par sa nature artificieuse à l’image de son leader dont les prédispositions intellectuelles sont celles d’un carriériste sans état d’âme. A l’usage d’ailleurs, le Président perçut l’avantage à tirer de la présence à ses côtés d’une personnalité dont les louvoiements lui avaient laissé croire qu’il pouvait devenir un jour son rival. Professionnel de la contrevérité tout comme son mentor, Ouyahia a toujours inspiré des jugements prudents. Expert dans la duplicité de ses positionnements, n’a-t-il pas été pris, souvent, en défaut de sincérité ? Même lorsqu’il lui arrivait de brocarder le dogmatisme de ses contradicteurs, il n’était jamais parvenu à être exemplaire à son tour quand il prônait le pragmatisme qu’il a rarement cultivé. Paradoxalement, toutes les fois où il s’était revendiqué d’une cause, on le retrouvait, par opportunisme, de l’autre côté de la barricade. Homme de servitude et, par conséquent, relais des donneurs d’ordres, comment pouvait-il ignorer les noms de ceux qui constituent la « force non constitutionnelle » citée par Seddik Chihab ? Et si ce proche collaborateur se défausse personnellement sur le peu de connaissance qu’il a en sa possession, Ouyahia, par contre, les connaît parfaitement pour avoir occupé des responsabilités de premier plan tout au long de l’actuel faux mandat de Bouteflika. Ce serait, donc, sa compromission dans bon nombre de règlements de comptes orchestrés à l’insu du chef de l’Etat, qui lui valurent un retour en grâce auprès de celui-ci et cela sur la proposition de la fameuse « présidence de substitution ». Cela dit, si l’incertitude est grande quant à l’avenir du RND, le FLN, à son tour, n’est pas à l’abri du doute. Ce dernier n’est-il pas au cœur de toutes les colères citoyennes ? C’est que le charlatanisme idéologique qui a longtemps servi de soubassement à sa propension à censurer sur la demande du pouvoir a fini par devenir lui-même une littérature politique infâme. Un genre de pratiques qui ne peut se résumer que dans une formule : le degré zéro du militantisme.
A ce sujet, les illustrations ne manquent guère. Car enfin, comment pouvait-on trouver des différences entre un Saâdani et un Belkhadem quand ils lâchèrent, en 2014, leurs chiens de garde dans le hall d’un hôtel ? Autre scène impensable, le pitoyable spectacle commandité par le mythomane Ould Abbès qui, pour chasser de son poste le président de l’APN, ne trouva pas mieux que de cadenasser l’entrée d’une institution de la République. En dépit de toutes ces séquences rocambolesques qui renseignent sur l’extrême indigence politique dominante, l’on se demande pour quelle raison certains mandarins plastronnent à tout propos que le FLN est le seul parti de l’Algérie et qu’en aucun cas, il ne lui sera permis de contester sa prééminence ? Sans doute que l’arrivée au pouvoir de Bouteflika y fut pour quelque chose dans cet excès de vanité. Pour en avoir fait sa boîte à outils dès 2003, le Président voulait justement laminer le multipartisme qu’il qualifia de « maladie du désordre » en lui opposant le FLN comme référence historique du militantisme. Devenu le sas principal du régime, il se muera en une déplorable entreprise de désertification du champ politique. Au fil des années et de l’influence grandissante qu’il avait acquise, son rayonnement commença à donner des « idées » à certains caciques. Bouteflika s’en aperçut et dès 2012, il décida de créer une sorte de parité entre le RND de Ouyahia et le FLN de Belkhadem. Au nom de cet équilibre pernicieux, il parvint justement à déstabiliser ces deux leaders en les poussant au placard. Avec la promotion d’un Saâdani, le FLN entamait « une nouvelle ère », celle du discrédit quotidien et de la dérision dans toutes les chaumières du pays ! Même le limogeage de cet impossible nervi et son remplacement par un octogénaire affabulateur et flagorneur ne suffiront pas à redonner des couleurs patriotiques à ce sigle. Réduit récemment à la nomination d’un intérimaire mal dégrossi pour la fonction, le FLN allait connaître, coup sur coup, deux dérapages de ce secrétaire messianique. Deux délits que la rue allait transformer en réquisitoires implacables jusqu’à lui interdire de s’amender. Et pour cause, le FLN est semblable à un monolithe pour qui il est difficile de retirer les apparences sans le faire disparaître. C’est pour cette raison que l’on s’attend à ce qu’il ne survivra pas à la paisible révolution d’un pays en quête d’une nouvelle innocence. 
B. H.

 

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