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Rubrique Lettre de province

Un cartel de tâcherons et une campagne enlisée

Après des années de silence, notre pays connaît maintenant les terribles conséquences de la politique criminelle suivie par des gouvernements indignes et responsables de la monumentale banqueroute commise sciemment par une caste au pouvoir ayant agi frauduleusement dans la gestion des biens publics. L’Algérie, affaiblie économiquement, ridiculisée dans les instances internationales et surtout trahie par ses dirigeants, subit de plein fouet les conséquences d’une récession, inédite dans son histoire. Voilà où nous ont conduits les politiciens véreux du genre Bouteflika et de son entourage dont certains se nomment Ouyahia, Chakib Khelil, Sellal et même le mythomane Ould Abbès qui disputa à Saâdani l’imaginaire médaille de l’esbroufe. C’était toute une coterie qui parvint à exercer une influence souvent occulte sur un chef d’État affaibli par la maladie et surtout manipulé en premier lieu par son frère ! Autrement dit, ce monde-là constituait la gouvernance d’une République condamnée à la dérive en l’absence d’un pouvoir réel. 
D’ailleurs, dans le domaine de la prédation, même le Parlement n’était pas en reste en se dotant d’un statut enviable. Il est vrai que ces chambres légiférantes ne faisaient rien d’autre qu’obtempérer à l’exécutif au point d’être choyées comme ne peut l’être que la valetaille docile tout à fait disposée à servir les ploutocrates ayant rang de supra-ministres et dont la seule préoccupation était de supprimer les libertés publiques. 
Les faits sont donc là qui montrent à quel point le système, en tant que tel, a fait faillite et à quel point a été néfaste son idéologie initiale et notamment l’usage pervers qu’en avait fait précisément Bouteflika. Or, si l’heure est réellement venue de situer les responsabilités de tous ceux qui ont conduit l’Algérie à la catastrophe, l’on se demande pour quelle raison devrait-on opérer des exceptions et surtout pourquoi l’épuration ne sanctionnerait que des individus délictueux alors qu’il s’agit d’envoyer, en même temps, au pilon une Constitution scélérate et taillée sur mesure pour une camarilla ayant fait du bien public un butin à sa disposition ? 
Hélas, sur ce sujet, l’on préfère en « haut lieu » occulter le débat au prétexte qu’il serait bien plus efficace et même conforme aux « revendications de la rue » de résoudre dans l’immédiat l’équation concernant le sommet de l’État quitte à ce que les urnes ne puissent accoucher que d’un Président sans charisme, voire sans autorité marquée. Bref, il est fait allusion à un chef d’État effacé susceptible de combler le vide constitutionnel durant une période transitoire dont seule la conjoncture fixerait la durée et déciderait de la date-butoir. 
Grosso modo, c’est de la sorte que l’on envisage la première étape au cours de laquelle l’on parviendrait à désamorcer les contestations. En soi, la perspective qui est visée ne sera rien d’autre que l’actualisation du fameux procédé d’un « régime civil sous le contrôle des militaires ». Et quand bien même cette hypothèse peut sembler farfelue à certains, elle ne semble cependant pas échapper aux tristes challengers animant une fausse campagne. Pour être clair, les observateurs ont à leur tour remarqué qu’aucun des cinq candidats n’a osé aborder, à ce jour, et sous cet angle, cette « délicate » question concernant le rapport de l’armée avec le palais dans la future configuration de la présidence. Tout autant les uns comme les autres, ils préfèrent tous botter en touche, préférant conter fleurette à une opinion dubitative.
À ce propos, justement, venons-en à la tournure prise par les déclarations de ces candidats moins préoccupés par la conquête des voix à leur profit respectif que la crainte d’une vaste abstention invalidant et le scrutin et disqualifiant moralement leur participation. Eux aussi ont décidé de se ressourcer à la misérable démagogie du parti unique au motif que la patrie est sous la menace d’un boycott instrumenté par la rue alors que leur « combat » souscrit entièrement aux doléances des marcheurs. C’est de la sorte qu’ils s’efforcent quotidiennement de mettre dans la balance des choix le « devoir de voter » en priorité sous peine de voir le pays chavirer, comme le serait un navire ayant pris l’eau de toutes parts. Ici et là un seul credo est déclamé, celui qui évoque « l’avenir du pays » et dont les nouveaux démocrates ont en fait leur signe de ralliement : d’où une certaine équivoque de son usage.
En effet, grâce à la bienveillance de l’argent public et la logistique de l’État, ces partisans-là ne se limitent plus à la pédagogie électorale car ces mêmes agitateurs s’approprient également la dénonciation du régime déchu. L’on aura compris que cela relevait de la simple ruse tactique dès lors que l’on sait que la plupart d’entre eux étaient des courtisans notoires. 
C’est ainsi que depuis deux semaines, ils vantent la solution préconisée par le pouvoir sans pour autant s’appesantir sur la tournure qui caractérise le contexte présent et l’éventualité d’un échec de la stratégie officielle. C’est qu’à l’origine de la rupture de l’éphémère convergence du « peuple et de l’armée », il y eut notamment l’étrange magistère du panel dont l’unique mission était supposée la médiation afin qu’il soit possible d’établir une plateforme consensuelle. Sauf qu’il « vira de bord » en validant à la hussarde le « vœu » (qui d’ailleurs était une injonction) de… la caserne ! 
Feignant les consultations et louvoyant sur toutes les questions qui lui furent posées au cours des conférences de presse, les principaux acteurs de cette fameuse commission commettront plus d’une fois des « délits » de langage autrement significatifs. C’est ainsi que d’un commun accord, l’on cessa de qualifier le mouvement du 22 février et la destitution du Président de « révolution du peuple » pour ne désigner cette immense indignation que par l’euphémisme de la « crise politique ». Une formulation réductrice qui allait justement permettre au pouvoir intérimaire de décréter une présidentielle dans l’état actuel des choses et, par voie de conséquence, renvoyer aux calendes grecques la possibilité d’une seconde République. Les voilà donc rattrapés par leur zèle intempestif, ces « médiateurs » timorés au point de laisser aux vestiaires leur « quant-à-soi ». Car le visa qu’ils préconisèrent n’a rien clarifié quant à la sortie de crise au sujet de laquelle ils dissertèrent abondamment. 
Faute de voie claire offerte justement au cartel des faire-valoir, cette présidentielle se retrouve dans une ridicule impasse où les supposés compétiteurs n’ont pas le loisir de tenir les rôles de lièvres capables, tout de même, de déclencher des passes d’armes politiques. Eux qui avaient la prétention de postuler pour la magistrature suprême se retrouvent à ferrailler comme de piètres artisans de la politique condamnés plutôt à justifier leur passé et les connivences ayant ponctué leur carrière que de décliner des promesses pour l’avenir.
Il est vrai qu’il est difficile de les excuser en tant que victimes lorsqu’on sait que la plupart d’entre eux possèdent, mais en secret, les coordonnées de certains banqueroutiers avec lesquels ils étaient amis. C’est dire que cette fournée présidentielle de 2019 manque tragiquement de références morales.
B. H.

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