Ce qui est sûr, où qu’ils soient, dans n’importe quel point du globe, ils emportent dans leurs valises, comme un talisman, l’emblème vert-blanc frappé du croissant et de l’étoile rouges. Ne soyez pas surpris de voir le drapeau algérien exhibé dans les enceintes sportives, y compris les plus insolites, comme le cricket sur glace ! C’est vrai, ils traîneront pour toujours cette nostalgie plein le cœur d’un pays qu’ils ont pourtant laissé volontairement derrière eux.
Certains chiffres, appelés à être actualisés, avancent le nombre de 6 millions d’Algériens installés à l’étranger. Bien sûr, l’Europe est la première destination en raison de l’histoire, d’abord, puis, de sa proximité géographique, linguistique et culturelle. C’est d’ailleurs pourquoi, ils seraient plus de 5 millions en France. La lointaine Amérique du Nord (USA-Canada-Mexique) accueille près de deux cent mille de nos compatriotes, la plupart bardés de diplômes et bien insérés dans le marché de l’emploi. Si Paris, Ville des Lumières, fascine et exerce une trop forte attraction, la 5e Avenue de New York, Hollywood, intériorisés en chacun de nous aussi, qu’est-ce qui pousse un Algérien de tenter l’aventure jusqu’au Mexique ? Ils sont pourtant 2 000 dans le pays d’Emiliano Zapata. D’Alger, il faudra, pas moins de 18 heures 30 minutes pour rallier, par avion, Mexico. Ce n’est donc pas vraiment la porte à côté ! Et cela change du tout au tout s’agissant du Canada où ils seraient 110 000, pour beaucoup de fraîche immigration. La tendance n’est pas à la baisse quant aux futurs candidats désireux de s’expatrier. Cela concerne aussi les migrants clandestins, « harragas ».
D’aventure, un ami m’a rapporté sa rencontre avec un jeune Algérien qui était dans un état fébrile, visiblement perdu au pays des Incas, le Pérou. Il était sans papiers pour se les être fait subtiliser dans un moment d’inattention. Non, il ne cherchait pas une « maârifa » pour un moyen de renter au bled. L’esprit pionnier l’a-t-il mené jusque-là, dans l’esprit d’explorer de lointaines contrées, à la Christophe Colomb ? Il y a d’autres qui font de ces escapades un choix de vie, voire un art de vivre. C’est pourquoi, ils jouent du bas de laine, c’est-à-dire qu’ils sortent toutes leurs économies du labeur de l’année pour s’envoler loin de la routine ambiante (fatigués de vivre au jour le jour - Aznavour, Les aventuriers ) aussi loin que leur billet d’avion le leur permet, et pourquoi pas jusqu’en Alaska et ses folles températures pouvant tomber à -60°C ! Mieux, retournez la carte et vous les retrouverez en Afrique du Sud. Ainsi va la vie.
Brahim Taouchichet
