Placeholder

Rubrique Monde

Colère noire

Deux faits majeurs dans l’histoire immédiate de la Tunisie : la chute de Ben Ali, en janvier 2011, suite à un puissant soulèvement populaire. Victime d’un «coup d’État médical», «El moudjahed el Alkbar», Habib Bourguiba, évanescent, finira ses jours à Monastir, sa ville natale. Ben Ali va régner sans partage durant 23 ans. D’autre part, l’émergence, et surtout les ambitions de pouvoir du parti de Rached Ghannouchi vont créer un climat d’instabilité politique permanent, bousculent l’establishment traditionnel qui, une fois passé l’épisode Ben Ali, tient à  revenir aux affaires. Contre vents et marées, quitte à se mettre à dos le mouvement populaire de la «Révolution du jasmin». 
Le régime autoritaire déchu aura le mérite de mettre au jour la réalité d’une économie factuelle, en ce sens qu’elle ne survivait que grâce à la mamelle du tourisme, secteur sinistré par les attentats terroristes. La deuxième réalité, révélée par le séisme populaire, est l’extrême indigence de larges couches populaires, réduites au silence par l’arsenal policier de Ben Ali. On imagine facilement les immenses espoirs des Tunisiens quant aux promesses de changements. La vérité révélée est qu’il faut tout reconstruire, créer de grandes opportunités d’emplois sachant que le chômage n’a pas épargné une jeunesse diplômée, frustrée. 
Le phénomène des «harragas» est un indicateur bien d’à-propos. Toutefois, le prestige de la «Révolution du jasmin» ne saurait cacher les féroces luttes pour le pouvoir sous couvert de démocratie. L’élection de Kaïs Saïed, une personnalité de la société civile sans attache partisane, se voulait être un message fort de la part de ceux qui l’ont élu à la tête de la magistrature suprême, en un mot : le changement. Mais il est avorté par les caciques qui n’hésitent pas à jouer la carte électoraliste et des intérêts partisans, voire personnels. C’est de quoi exaspérer les Tunisiens contre la gabegie unanimement décriée. 
Ras-le-bol des querelles de clocher ! Kaïs Saïed se trouve du coup menacé dans sa crédibilité. Il est sommé de réagir et de trancher dans le vif. De plus, la pandémie de coronavirus devenue hors contrôle, fait partie des raisons de la colère, les dégâts relèvent du film d’épouvante.
Brahim Taouchichet

Placeholder

Multimédia

Plus

Placeholder