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Nigeria Des millions d’habitants craignent le blocage de leur téléphone portable

«Si je n'ai pas de téléphone, je ne fais pas d'argent», résume Raphaël Ajih, 38 ans, qui craint de voir sa ligne suspendue depuis que le gouvernement nigérian a demandé aux opérateurs de bloquer les cartes SIM de ceux n'ayant pas de numéro national d'identité au 9 février. 
Au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, de nombreux habitants comme Raphaël Ajih sont en colère: ils tentent de s'inscrire pour obtenir ce numéro mais se heurtent à des jours d'attente dans les centres d'inscription, souvent bondés en dépit des cas de contamination au Covid-19 en hausse dans le pays.
Le gouvernement estime qu'une carte nationale d'identité dotée d'un numéro d'immatriculation unique (NIN) permettrait de lutter contre l'insécurité et la criminalité chroniques, et de mieux planifier les politiques publiques budgétaires.
Raphaël Ajih vend des marchandises via WhatsApp et Amazon et est chauffeur Uber dans la capitale Abuja ­— des emplois qui lui permettent de soutenir financièrement ses deux jeunes frères et sa sœur ainsi que les membres de sa famille élargie. Il envoie de l'argent à ses proches par transfert téléphonique, une démarche qu'il ne pourra plus faire s'il n'obtient pas un NIN. Il a déjà tenté deux fois de s'inscrire mais a été refroidi par la foule qui attendait, très souvent sans porter de masque et sans respecter la distanciation physique.
«Le Covid est une réalité, et ils disent aux gens d'y aller, et il n'y a pas de contrôle», déplore-t-il, après avoir décidé de ne pas se mêler à la foule. 
«Si je tombe malade, je ne fais pas d'argent, donc ma santé passe en premier», dit-il. Le ministre nigérian de la Santé n'a pas répondu aux questions de l'AFP sur la situation dans les centres d'inscription et le porte-parole de la Commission chargée de la mise en place du numéro national d'identité (NCC) a décliné tout commentaire. Outre la foule, de nombreux Nigérians se sont plaints d'une procédure d'inscription trop lente et trop compliquée. Récemment, à l'extérieur de l'hôtel Grand Ibro qui a alloué un espace pour s'inscrire, des hommes et des femmes de tous âges attendaient assis sur le trottoir.  Tandis qu'un homme s'avançait en hésitant vers l'entrée pour appeler un nom écrit sur un bout de papier sale, un homme dans la foule s'est mis à crier.
«Ils disent qu'ils peuvent seulement recevoir 50 personnes par jour alors qu'on est des milliers à attendre ici, ce n'est pas juste !», s'est emporté cet homme, Ugochukwu Ofor. «C'est très très très difficile. C'est la 7e fois que je viens.» «Je viens de Suleja (situé à 70 km). Je suis arrivé vers 5h15 ce matin à Abuja et je ne sais toujours pas si je vais pouvoir m'inscrire. Ce n'est pas juste !»
«Oui ! Il a raison !» a clamé la foule autour de lui.
«C'est très frustrant. J'ai laissé mes enfants à la maison, je n'ai pas pu les amener à l'école aujourd'hui», confiait, pour sa part, Otitoju Funmi.
Dans un centre d'inscription où s'est rendue l'AFP, à Karu, une cinquantaine de personnes attendaient dehors dans la chaleur tandis qu'à l'intérieur, dans une pièce de 12 m2, seuls deux employés étaient disponibles pour taper les données des habitants sur de vieux ordinateurs.
Dans un communiqué, la Commission des communications (NCC), l'autorité de régulation indépendante pour les télécoms au Nigeria, a indiqué que «relier le NIN à la carte SIM est pour le bien de tous les Nigérians» et aura «des bénéfices considérables».
Au Nigeria, les données personnelles et les informations biométriques sont collectées séparément par une douzaine d'agences fédérales et par des agences étatiques.
Le gouvernement essaie de centraliser toutes ces informations depuis une dizaine d'années avec le projet NIN. 
En liant ce processus aux téléphones portables, il a estimé que cela encouragerait l'inscription des habitants. Mais le défi est immense dans ce pays où le nombre de cartes SIM actives s'élève à 208 millions, pour 206 millions d'habitants. Deux semaines avant le 9 février, entre 16,8 et 64,6 millions d’habitants  devaient encore être reliés à un numéro national d'identité, selon les données publiées par la NCC. 

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