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Élections en Turquie Des votes recomptés à Istanbul

Les autorités électorales turques ont commencé hier à recompter les votes dans plusieurs districts d'Istanbul, après que le parti du président Recep Tayyip Erdogan, donné perdant dans cette ville, eut contesté les résultats des élections municipales de dimanche. 
Cette décision a été prise dans huit des 39 districts d'Istanbul après les recours déposés mardi par le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), a déclaré le président du Haut-comité électoral (YSK) Sadi Güven. Il a précisé que les voix recomptées étaient «en majorité» des bulletins comptabilisés comme nuls lors des élections municipales dimanche. 
Si l'AKP de M. Erdogan est arrivé en tête de ce scrutin à l'échelle nationale, selon les résultats provisoires, il a subi un revers cinglant en perdant à Ankara et en étant en passe d'être défait à Istanbul, deux villes contrôlées par les islamistes depuis 25 ans. 
M. Erdogan a mis tout son poids dans la campagne pour ce scrutin qui s'annonçait comme difficile en raison de la tempête économique que traverse la Turquie, avec la première récession en 10 ans, une inflation de 20% et un chômage en hausse. Selon des résultats provisoires et non-officiels publiés par l'agence de presse étatique Anadolu, le candidat de l'opposition à Istanbul, Ekrem Imamoglu, l'a emporté sur l'ex-Premier ministre Binali Yildirim avec environ 25 000 voix d'écart. 
Refusant de concéder la défaite, l'AKP a déposé mardi des recours dans l'ensemble des 39 districts d'Istanbul et dans les 25 districts de la capitale Ankara pour contester les résultats. 
Le parti de M. Erdogan dénonce des «irrégularités flagrantes» et estime que de nombreuses voix ont été indûment comptabilisées comme nulles, pénalisant selon lui ses candidats. D'après Anadolu, environ 300 000 voix ont été comptabilisées comme nulles à Istanbul. 
Les branches locales du YSK dans les districts ont jusqu'à aujourd’hui jeudi pour étudier ces recours, puis des appels seront possibles jusqu'au 10 avril. M. Imamoglu, qui se présente désormais comme le «maire d'Istanbul» à chacune de ses apparitions, a accusé hier l'AKP de chercher à «gagner du temps» et exhorté M. Erdogan à ne pas «laisser cette élection être entraînée vers des eaux troubles». 
«Ne laissez pas trois ou quatre personnes qui se comportent comme des enfants auxquelles on aurait pris les jouets, saper la crédibilité de la Turquie», a-t-il lancé.  Interrogé au sujet des recours déposés mardi par l'AKP, le porte-parole du département d'Etat américain Robert Palladino a souligné qu'«accepter les résultats d'élections légitimes est essentiel».
Sans attendre, un porte-parole de M. Erdogan, Fahrettin Altun, a appelé les gouvernements étrangers à «s'abstenir de prendre des mesures qui pourraient être comprises comme une ingérence». Dans l'attente des résultats officiels, les journaux progouvernementaux relaient la thèse d'un «complot» contre la Turquie, comparant le résultat du scrutin à la tentative de putsch de 2016.
«Qui a organisé ce coup d'Etat à travers les urnes ?», s'interrogeait ainsi hier le journal Star. 
L'influent éditorialiste Ibrahim Karagül, du quotidien Yeni Safak, appelait à organiser de nouvelles élections à Istanbul. 

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