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De Damas à Tripoli Erdogan, le va-t-en guerre

C’est à une Europe tétanisée par le risque d’afflux massifs de migrants fuyant la guerre que le Président turc brandit la menace de leur ouvrir les frontières, c’est-à-dire les laisser passer. 
Il connaît très bien la peur-panique des capitales européennes et n’a pas hésité à recourir à cette menace  aux allures de chantage. Sauf si les pays de l‘Otan dont fait partie la Turquie accèdent à ses doléances dans sa guerre contre le régime de Béchar El Assad. 
Mercredi 26 février, les membres de l’organisation atlantique se sont, de ce fait, réunis à Bruxelles mais sans résultat, démontrant une fois de plus sa faiblesse dans des situations de conflit. C’est la Syrie qui est au point de mire encore plus depuis la mort de 33 de ses soldats lors des bombardements de la ville d’Idleb, dans le nord-ouest du pays. Il crie alors vengeance contre celui par qui cela  est arrivé et joint l’acte à la parole: plusieurs morts au sein de l’armée régulière syrienne à la suite d’intenses bombardements. Cela ne tempère pas pour autant  sa colère, car ce sont ses plans qui se trouvent ainsi contrariés par l’armée de Béchar El Assad en passe de prendre le contrôle total de cette ville stratégique. Cela fait d’autant plus mal que l’engagement militaire turc, politiquement, se retourne contre elle. Pis, les dividendes espérés de l’invasion du nord de la Syrie et ses alliances avec les pays ligués contre Damas relèvent désormais du mirage. 
Le plus paradoxal est que  la coalition anti-Béchar El Assad s’est effritée au fil du temps, desserrant donc l’étau sur le Président syrien qui gagne de plus en plus des territoires sous contrôle de groupes armés affiliés à Ankara. 
La configuration géostratégique nouvelle apparue à la faveur de l’entrée en jeu de la Russie allait fortement mettre dans la gêne l’héritier de l’empire ottoman qui se trouve otage des rêves de grandeur et le moindre est de jouer dans la cour des grands. 
Après plusieurs frictions avec le parrain de la Syrie, Recep Tayyip Erdogan va s’orienter vers une politique réaliste : plutôt que de s’opposer au puissant Vladimir Poutine, Président d’une Russie en réveil à tous les niveaux et notamment militaire, une alliance est le choix judicieux. La Russie s’installe de tout son poids dans la dimension de ses ambitions de politique dans le Proche-Orient. Les mouvements d’Erdogan dans cette partie du monde vont se retrouver sous contrôle russe même si cela n’est pas dit ouvertement. Il sait qu’il ne doit pas marcher sur les pas du puissant hôte, et cela l’irrite au plus haut point. Malgré les alliances très conjoncturelles avec la Russie, Ankara doit trouver d’autres moyens de contrer l’influence russe et l’avancée inexorable de l’armée syrienne appuyée par son allié russe. 
Erdogan, le va-en-guerre, ne peut que constater le renforcement de son ennemi n°1 Béchar El Assad. Quant à se frotter à l’Ours blanc, rien ne plaide en faveur d’une telle hypothèse tant le rapport de force est en sa défaveur. 
Erdogan a beau réclamer une guerre directe turco-syrienne et réclamer le retrait des forces russes ,cette exigence apparaît comme une vue de l’esprit. Solidement implantée en Syrie, la Russie entend bien rester dans cette région, fenêtre ouverte sur le Proche-Orient. Il devra se contenter de quelques concessions mineures qui ne mettent nullement en cause le régime syrien en place.
 Les fréquentes rencontres Poutine-Erdogan n’ont pour but que d’entretenir l’illusion d’une entente entre alliés face à un Occident toujours sur le qui-vive, s’agissant des affaires du monde. 
Non content de ses échecs dans cette partie du monde, le Président turc ne veut pas en rester là, la Libye est désormais dans son viseur et, manque de peau, il y retrouvera son allié-rival russe engagé aux côtés du maréchal Khalifa Haftar qui entend imposer son pouvoir à tout le pays. Parts du marché, zone d’influence, Erdogan court, court. Il est ainsi à Tunis, à Alger pour les rallier à ses vues. Accord militaire avec Tripoli, concertation à Alger, envoi de troupes militaires sur le sol libyen, le Président turc défonce-t-il, sans le savoir, des portes ouvertes ? Le contexte au Maghreb n’est pas pour lui réserver le meilleur des accueils. Très vite, son aventurisme suscite de fortes réprobations contre les ingérences étrangères d’où qu’elles viennent. Le passé turc (Empire ottoman) remonte à la surface et est violemment dénoncé. 
Le maréchal Haftar n’hésite pas à parler d’envahisseur ottoman. Pour lui, Fayez Al-Serraj n’est qu’un jouet entre les mains du nouveau sultan. Les négociations pour un accord de cessez-le-feu durable relèvent plus de la ruse pour gagner du temps. Erdogan a reconnu qu’au moins une dizaine de soldats turcs ont été tués et leurs matériels (dont des drones et les équipements ultrasophistiqués de guidage). A l’évidence, la trêve est utilisée par Haftar pour mieux se remettre en condition de guerre. Ses violations répétées sont récurrentes. Samedi encore, des missiles sont tombés sur l’aéroport international de Mitiga (11 km à l’est de la capitale Tripoli ,les vols sont suspendus et les voyageurs évacués. 
L’écho de cette énième attaque parviendra aux oreilles du leader turc. Allons-nous vers une bipolarisation  du  conflit libyen, Erdogan-Haftar ?  Quelle en sera l’issue à la lumière de la crise en Syrie ?
Brahim Taouchichet

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