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Rubrique Monde

Inde La longue marche des travailleurs migrants piégés par le confinement

Mourir de faim sur place ou rentrer à pied : telle était l'alternative pour Dilipji Thakor, un travailleur migrant qui, faute de transports en commun à cause du confinement national en Inde, n'a eu d'autre choix qu'entamer une longue marche pour regagner sa région d'origine.
Dilipji Thakor fait partie des millions de travailleurs migrants qui se sont retrouvés au chômage du fait de la décision du gouvernement d'imposer mercredi dernier un confinement généralisé au pays pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus.
Avant que le pays ne s'arrête pour trois semaines, des foules d'Indiens s'étaient ruées sur les cars et les trains pour rentrer chez elles dans les temps. Mais beaucoup n'ont pas trouvé de moyen de transport.
Ils tentent désormais de rentrer chez eux comme ils le peuvent, souvent à pied, parfois avec très peu d'argent et de nourriture, alors que la plupart des commerces, restaurants et auberges sur la route sont fermés.
«Plutôt que de mourir de faim, nous avons décidé de marcher», explique Dilipji Thakor, qui travaillait dans un centre commercial désormais fermé à Ahmedabad, dans l'État du Gujarat.
Jamu Rathwa, lui, porte sa fille sur ses épaules en quittant à pied la ville de Surate, dans le Gujarat, où il travaillait encore récemment sur des chantiers pour quatre dollars par jour.
«Au moins nous avons une maison au village et nous pouvons nous entraider. Ici (à Surate), nous n'avons personne», observe-t-il.
Birender, qui a perdu son emploi de chauffeur en périphérie de New Delhi, explique que sa famille, qui vit à 320 km de là, lui a demandé de rentrer au plus vite, «par tous les moyens possibles».
«Je n'ai pas pris de véritable repas depuis trois ou quatre jours», dit il à l'AFP.
Une enquête gouvernementale conduite en 2016-2017 avait évalué à environ 100 millions le nombre de travailleurs migrants non qualifiés ou faiblement qualifiés en Inde, soit un cinquième de la population active.
C'est l'absence d'emplois dans certains États, notamment ceux du Bihar et d'Uttar Pradesh, qui a poussé ces millions de personnes à partir tenter leur chance dans les grandes villes ou les États du Sud.
Là, ils s'entassent dans des logements surpeuplés, enchaînant les heures pour un salaire de misère, travaillant souvent dans des conditions pénibles, sans aucune protection sociale.
Le peu d'argent qu'ils mettent de côté est généralement expédié à leurs familles restées dans leurs régions d'origine.
Beaucoup ne sont recensés nulle part. Il est donc difficile de déterminer combien ont pu rentrer chez eux et combien ont été coincés par le confinement national, ordonné pour lutter contre une épidémie qui a officiellement contaminé un millier de personnes et tué 29 personnes en Inde. 
Des médias indiens estiment que des dizaines de milliers sont sur les routes.
Le gouvernement a annoncé jeudi 23 milliards de dollars d'aide pour les populations les moins favorisées, au travers de virements d'argent ou de subventions alimentaires dont doivent aussi bénéficier les travailleurs migrants.
Le gouvernement fédéral est aussi intervenu pour demander aux autorités locales de fournir une aide alimentaire et des solutions de logement pour ceux qui se sont lancés sur les routes.
La compagnie aérienne low-cost SpiceJet a proposé de ramener chez eux les travailleurs migrants, alors même que les autorités ont suspendu le trafic aérien.
Le ministre en chef de l'État du Bihar (est), vers lequel se dirigent nombre de travailleurs migrants, a annoncé que son gouvernement créerait des camps pour les accueillir.
Abheek Barua, expert au sein de la HDFC Bank, estime que «cette émigration en sens inverse» risque d'avoir de lourdes conséquences sur certains États ruraux.
«Les dépenses de santé et d'autres secteurs vont exploser», a-t-il dit.
Tahir Khan Pathan, un vendeur de fruits, et son frère se sont lancés dans un périple de 1 200 km sur un cyclopousse au départ de Vapi, dans le Gujarat.
«Nous allons gagner moins d'argent dans notre région d'origine mais nous resterons y travailler», promet-il, en détaillant les conditions de leur périple.
«Quand je suis fatigué, c'est mon frère qui pédale. Et vice versa.»

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