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Manifestations populaires dans les principales villes du pays Les Libanais crient liberté, révolution

En ce quatrième jour, ce dimanche 20 octobre, les manifestations anti-pouvoir au pays du Cèdre ne désarment pas, bien au contraire. En masse, les habitants de tout le pays et notamment Beyrouth, Tripoli, Tyr et Baalbek, sortent solidaires et unis dans un même objectif : faire tomber le gouvernement actuel accusé d’incurie face à la crise économique et sociale rampante.
Les Libanais accusent leurs dirigeants de corruption et affairisme au détriment de larges pans de la population qui souffre de la cherté de la vie. L’élément déclencheur inattendu de ce Hirak libanais est le projet de taxe (vite retiré) sur les appels WhatsApp, le retard dans l’adoption du budget 2020 et les réformes structurelles. Mais les dons de 11,6 milliards de dollars promis pour cela ne sont pas venus. De ce fait, la perle de l’Orient se retrouve dans une situation critique avec une dette publique de 86 milliards de dollars, soit 150% du PIB qui la classe au même rang que la Grèce.
Bien sûr le gouvernement n’a rien vu venir tant le mouvement est grandiose, puissant qui a pour conséquence immédiate le retrait de la coalition gouvernementale des ministres de Saad Hariri sur son injonction et celui du sulfureux Samir Geagea (Force libanaise-FL) que son alliance avec l’Etat d’Israël lors de la guerre civile a mis au-devant de la scène politique du Proche-Orient.
Cette forte contestation populaire contre le pouvoir et la classe politique en général aura ainsi pris au dépourvu les dirigeants de ce pays qui ne s’y attendaient pas. Ayant échappé au cycle des « printemps arabes », la perle de l’Orient veut en découdre avec une situation vécue au plan économique et social intenable. Force est de constater, cependant, que si le Liban a réussi à exorciser ses démons du confessionnalisme, une autre avancée est à inscrire à son actif dans la mesure où le mouvement populaire rassemble toutes les catégories du peuple libanais.
Cette fièvre de la contestation est suivie de la grève générale dans le secteur public, la fermeture des banques, des écoles et des universités. Plus que cela, des routes reliant plusieurs villes importantes sont bloquées.
Même si des heurts avec les forces de l’ordre sont signalés, le mouvement de contestation reste pacifique. « Révolution, révolution », scandent les manifestants. Tous dans la rue. Les arrestations par dizaines n’ont pas découragé les manifestants dans ce mouvement que beaucoup d’observateurs considèrent comme inédit depuis des décennies.
Les échos des manifestations parviennent au-delà des frontières de ce petit pays à l’histoire séculaire. La diaspora libanaise nombreuse dans le monde – c’est la caractéristique du peuple libanais très bien rappelée par l’illustre écrivain Amin Maalouf dans son succulent ouvrage Identités meurtrières.
Ils sont sortis à New York comme à Paris et certainement en Australie et dans les pays de l’Amérique latine.
Ce pays de 6 millions d’habitants peut donc compter sur ses expatriés exilés ou volontaires pour accompagner et soutenir le mouvement populaire.
Par ailleurs, une infime minorité d’oligarques s’accapare les richesses du pays. Que faut-il alors retenir de ce soulèvement populaire au pays de Fayrouz, Majda Roumi et autre Marcel Khalifa ? A tout le moins ses maigres potentialités économiques font du Liban d’aujourd’hui le centre d’enjeux politiques et stratégiques qui le dépassent.
Vassal politique de l’Arabie Saoudite et largement dépendant des bonnes faveurs des monarchies du Golfe pour quelques subsides financiers pour boucler son budget annuel, le Liban continue à être le maillon faible dans une région de confrontation permanente avec l’Etat sioniste et l’otage des compromissions des dirigeants de cette région proche-orientale. Les données auraient été autres après une guerre civile destructrice de 15 ans au vu des promesses occidentales d’aide à la reconstruction du pays et notamment de la France qui entend garder un rôle de premier plan dans ce pays qui fut, un temps, sous sa tutelle en vertu d’un mandat onusien.
Les ravages du meurtrier conflit interconfessionnel ont fait que Beyrouth, la destination privilégiée des nuits blanches, a perdu définitivement son statut de capitale d’affaires diverses ou de simple villégiature au profit de Dubaï ou Doha ! Les Libanais en ont aujourd’hui conscience ; ils veulent replacer leur pays dans le peloton des destinations attractives. Mais il faut aussi admettre que le petit Liban est intimement impliqué dans les intrigues politiques des pays arabes de la région, les tensions dans ses territoires du Sud.
Les luttes d’influence en matière géostratégique ne sont pas en reste. Corruption, incurie, désir de liberté et de vie décente en ce début du 21e siècle sont-ils la fatale marque de fabrique des régimes arabes dans un monde en pleine métamorphose ? C’est sans compter sur la vitalité des peuples arabes dont les nouvelles générations instruites, ouvertes sur le monde, rejettent les modes et schémas de pensées des dirigeants actuels… qui appartiennent à un passé révolu…
Brahim Taouchichet

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