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Rubrique Monde

Tunisie On continue à se chamailler entre partis politiques

De Tunis, Mohamed Kettou
La journée du lundi a connu une précipitation des événements sans précédent en Tunisie. Car le pays vit sur un volcan depuis samedi dernier. Après l'échec de Lyes Fakhfakh à imposer la liste de son gouvernement, un bras de fer semble opposer, désormais, le président de la République, Kaïs Saïed au président du Parlement (chef du parti islamiste), Rached Ghannouchi, qui a usé de la surenchère en annonçant le retrait des ministres de son parti Ennahdha.
Lundi, alors que Fakhfakh a fixé un délai de quelques heures au parti islamiste, celui-ci a choisi de défier le président de la République pour le court-circuiter et l'empêcher, le cas échéant, de recourir à la dissolution du Parlement et d'engager le pays dans la voie de nouvelles législatives. 
En annonçant le recours à une motion de censure contre le gouvernement actuel de Youcef Chahed, en vertu de l'article 97 de la Constitution, le président du  Parlement cherche, clairement, à couper l'herbe sous le pieds du président de la République. Mal lui en prit. Car le gouvernement de Youcef Chahed avait perdu sa qualité politique depuis qu'il a été  chargé des affaires courantes. Quant au chef de l'Etat, il s'était révolté contre tous les professionnels de la politique, en affirmant que la patrie est au-dessus de toutes les considérations et qu'il ne laissera pas le «bateau Tunisie» tanguer selon le bon vouloir des partis politiques. Cette mise en garde  a été très ressentie par le parti islamiste dont la réaction était attendue. Mais de quelle manière ? 
Le recours à l'article 97 de la Constitution n'est possible qu'en cas de situation d'exception, selon des experts en droit constitutionnel, en particulier Kaïs Saïed. Ce dernier, en tant que professeur de droit constitutionnel, se laissera-t-il berner par le professeur de philosophie qu'est Rached Ghannouchi ? C'est la question que se posent, non seulement les observateurs, mais aussi, tous les autres cercles, y compris le citoyen lambda qui fait de la politique, depuis 2011, son plat quotidien.
Pour trouver une issue à l'impasse politique érigée par le parti islamiste, les tractations se sont poursuivies lors d'une rencontre, dans l'après-midi, improvisée par le président de la République avec Rached Ghannouchi et Youcef Chahed. Le chef de l'État a été, encore une fois, clair. En se basant sur la Constitution dont il est le garant, il a laissé entendre, devant un Ghannouchi imperturbable, que le recours à la dissolution du Parlement n'est pas exclu.
En attendant aujourd’hui mercredi 19 février, dernier délai fixé par la Constitution à Lyes Fakhfakh pour présenter la liste définitive de son gouvernement, la Tunisie vit dans le flou qui n'annonce rien de bon. C'est l'avis de tout un chacun.
M. K.

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