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Rubrique Monde

Élections en RDC Réfugiés depuis six mois ou 20 ans, ils n'y croient plus

Immaculate Nyakato, 65 ans, a longtemps résisté aux violences en Ituri dans l'est de la République démocratique du Congo.
La vieille dame a craqué à quelques semaines des élections prévues le 23 décembre, qu'elle suivra depuis son tout récent exil dans l'ouest de l'Ouganda. 

«S'il y a toujours la guerre, les élections ne feront aucune différence», jure-t-elle. 
Immaculate s'est mise à l'abri du regain de tensions qui embrasent depuis fin 2017-début 2018 sa province riche en or, de l'autre côté du lac Albert. 
Membre de la minorité Hema, des éleveurs comme les Tutsis au Rwanda, elle a peur des menaces attribuées aux Lendus, des cultivateurs comme les Hutus. 
«Les Lendus sont arrivés la nuit et ont déposé une marque sur nos portes», raconte la «maman» congolaise à l'AFP.  Message compris. Immaculate a rassemblé ses affaires et un peu d'argent, pour traverser le lac Albert direction le camp de Kyangwali. 
Au total 123 000 nouveaux réfugiés congolais ont fait de même ces derniers mois. 
Parmi eux, Kabagambe Mahanga menait une vie paisible à Jina à 40 km au nord de Bunia chef-lieu de l'Ituri, jusqu'au mois dernier. «Les gens à Jina ont eu peur parce qu'on brûlait leur maison la nuit», raconte le boulanger, attribuant aux Lendus l'intention de «découper» leurs ennemis à la machette.  A pied et en taxi-moto, Kabagambe Mahanga a traversé des chemins boueux jusqu'aux rives du lac pour une périlleuse traversée d'une trentaine de kilomètres. 
«Sur le bateau, j'ai remercié Dieu parce que je quittais la guerre. Mais le bateau était tellement chargé et il avançait si lentement que j'ai cru que nous allions mourir.» 
Kabagambe Mahanga continue de suivre les controverses en RDC autour de la «machine à voter», écran tactile électronique que les autorités veulent utiliser pour les scrutins du 23 décembre, au grand dam de l'opposition. «Je suis heureux s'il y a des élections qui permettent aux gens de voter. Sans les machines, c'est encore mieux.» 

«Ne pas voter, ça me blesse»
A Kyangwali, ces réfugiés congolais de fraîche date retrouvent des compatriotes installés depuis des années, qui partagent les mêmes désillusions pré-électorales. Les élections présidentielle, législatives et provinciales doivent notamment désigner le successeur du Président Joseph Kabila. 
«Je serai toujours congolais mais pour moi les élections ne signifient rien s'il y a la guerre», affirme Jérôme Mugisa, 25 ans. Le traducteur français-anglais est arrivé en Ouganda avec ses parents lors des premières violences en Ituri entre 1999 et 2003. Ses parents ont tenté le retour en RDC. Pas lui. 
L'Ouganda est le pays qui accueille le plus de réfugiés congolais (284 000 sur 782 000), d'après le Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR). 
Contrairement aux réfugiés d'Afrique de l'Est (Soudan, Erythrée...), les Congolais ne prennent pas la route de l'Europe mais frappent à la porte des neuf pays voisins : Congo-Brazzaville, Ouganda, Zambie, Angola... 
A Brazzaville, Jean-Bienvenu Likanzu-Mokolo, 50 ans, préfère les quartiers nord aux quartiers sud le long du fleuve Congo et leur vue imprenable sur «sa» ville, Kinshasa, de l'autre côté. 
«C'est trop douloureux de voir Kinshasa», affirme ce proche de l'opposant Jean-Pierre Bemba qui a fui la capitale de la RDC clandestinement en pirogue une nuit d'août 2008. Le président de l'association des 15 000 réfugiés «zaïrois» dans l'autre Congo a cru que l'heure du retour avait sonné quand Jean-Pierre Bemba a déposé sa candidature à l'élection présidentielle début août. 
Des espoirs envolés avec l'invalidation de la candidature de son leader et parent. Jean-Bienvenu songe désormais à quitter Brazzaville pour poursuivre son exil plus loin de Kinshasa. Tous ces réfugiés sans droits civiques suivront en simples spectateurs ces élections — tout comme d'ailleurs les Congolais de la «diaspora» installés de  leur propre gré en Belgique, France, aux Etats-Unis... 
«Je ne peux pas voter parce que je vis ici en Zambie en tant que réfugié et cela me blesse», soupire Martin Mputu Bakole, qui répare des montres à Lusaka. 
«Je veux des élections pacifiques, transparentes et libres», ajoute Bakole qui a fui il y a 20 ans la région de Lubumbashi (sud-est). Le leader de la communauté congolaise en Zambie, Pierre-Marie Lukungu, a aussi quitté dans les années 1990 Lubumbashi pour Lusaka, de l'autre côté de la «copperbelt». 
«Depuis l'indépendance, il n'y a jamais eu de bonnes élections au Congo. Les présidents arrivent au pouvoir à travers des coups d'Etat et quittent le pouvoir par des coups d'Etat», analyse-t-il. 
Il souhaite l'envoi d'observateurs internationaux en RDC pour les scrutins du 23 décembre : «Sans leurs contributions,  le résultat de ces élections sera chaotique. 
πUne situation dont nous ne voulons pas parce que cela serait dangereux pour le Congo et nos voisins.» Kinshasa a accepté 200 observateurs africains mais pas d'observateurs de l'Union européenne.

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