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Rubrique Monde

Une prière à Djamaâ Zitouna

Au pays de Kaïs Saïed, le cœur balance entre bourguibisme et nostalgie de Ben Ali avec sa façade d’ordre, l’environnement policé qui assure tranquillité et décontraction aux touristes blonds aux yeux bleus. Du temps du dictateur-président, les cantonniers tenaient bien propres les avenues, les éboueurs traquaient les immondices, évacuaient, sans rechigner, les ordures ménagères. Ils évitaient aux narines délicates le renvoi d’odeurs nauséabondes. Tunis, la capitale, ne peut pas jalouser la ville balnéaire de Sfax qui croule sous les déchets de toute sorte, au grand dam de ses habitants furieux contre l’incurie des services communaux. Ce n’est que la partie apparente d’un malaise profond et de l’instabilité politique du pays qui laisse penser qu’elle s’inscrit dans la durée. 
Depuis la « révolution » du Jasmin, depuis 2011 et le « Printemps arabe », ce n’est que désordre et incivilité. La Casbah de Tunis, haut lieu du tourisme, du commerce en tout genre et qui abrite l’historique et non moins prestigieuse mosquée, millénaire, Djamaâ Zitouna, ne peut rien contre la prolifération des vendeurs à la sauvette. Ses produits artisanaux jalousement travaillés, façonnés, stylisés semblent perdre de leur superbe face aux vulgaires articles « made in China ». Que l’on se rassure, les ruelles qui débordent de bric-à-brac, de friperie ne sont pas les endroits de fréquentation pour étrangers ni des sites recommandés par le guide du parfait touriste. Les Tunisiens ont le cœur gros devant le changement de leur cité qu’ils ne s’imaginaient guère. Depuis dix ans, ils sont ballottés par une classe politique où chacun tire la couverture à soi. La parole libérée permet certes d’exorciser les traumatismes et les frustrations d’avant, pourfendre à gorge déployée le gouvernement et tout ce qui porte un signe du pouvoir. L’amour de la démocratie scandée dans l’avenue Bourguiba à pleins poumons et ses rêves s’avèrent solubles dans le quotidien. Jusqu’au gouvernement qui n’arrive pas à joindre les deux bouts. 
L’Assemblée constituante tunisienne (revendication de certains de nos partis politiques !) laisse songeur tant le spectacle qu’elle expose est affligeant. Transformée en arène de joutes partisanes, de calculs politiques à travers des alliances intéressées et conjoncturelles, elle laisse songeur. Toute la vie politique, voire publique est suspendue aux humeurs orageuses du Parlement. Résultat, une double fracture : entre le Président élu et l’Assemblée et entre cette dernière et le citoyen tunisien que les querelles de clocher exaspèrent, poussent à bout. Au sommet de cette pyramide de griefs et d’accusations de pouvoir absolu, autrement dit dictatorial, trône un Président qui se veut au-dessus  de la mêlée et qui a une sainte horreur des apparatchiks et des opportunistes en tout genre qui rêvent du retour d’un âge d’or révolu. Le danger d’un glissement vers un autoritarisme stérilisant, susceptible de renvoyer la Tunisie dans un passé récent, est décrié mais pas sans arrière-pensées. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, la crise sanitaire a porté l’estocade à une économie bâtie sur un secteur aussi fragile qu’est le tourisme. Kaïs Saïed se laissera-t-il tenter de jouer la carte de l’homme providentiel ? Ses nombreux détracteurs le pousseraient bien dans cette posture… pour mieux l’abattre ? 
Brahim Taouchichet

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