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Les manifestations de février et mars 1962 au Sahara ont scellé le destin de l'Algérie une et indivisible !

S'en souvenir à jamais ! Et c'est même un devoir mémoriel sacré, une forte exigence patriotique. Ne jamais oublier donc, entre autres faits majeurs de la lutte pour l’Indépendance, les grandes manifestations du 27 février 1962 au Sahara qui ont scellé, pour l'éternité, le destin de l'Algérie algérienne, une et indivisible. A l'appel du commandement de la Zone 4 de la Wilaya VI historique, des Algériennes et des Algériens furent alors nombreux à manifester ce jour-là pour soutenir le GPRA et les négociateurs du FLN à Evian. Et témoigner surtout à l'opinion internationale de leur fort attachement à l'indivisibilité de l'Algérie. Ces manifestations furent suivies de celles de Touggourt le 7 mars et de Taïbet le 13 mars de la même année. 
Le 27 février, une délégation officielle française était présente à Ouargla pour exprimer la volonté de la France coloniale de diviser l'Algérie en lui soustrayant le Sahara. L'appel du bloc FLN-ALN avait été adressé à la population pour sortir le même jour, date qui coïncidait avec la visite de la délégation française conduite par Max Lejeune, alors député SFIO. Un Max Lejeune adversaire acharné de l'indépendance, et se définissant comme partisan irréductible de l'Algérie dans la République française. Il avait défendu les pouvoirs spéciaux à l’armée et l’ensemble de sa conduite répressive, y compris l’usage systémique et systématique de la torture. Il fut aussi un des responsables de l'arraisonnement de l'avion qui transportait vers Tunis les cinq chefs historiques du FLN, et un des principaux protagonistes de l'expédition coloniale de Suez. L’objectif de cette délégation, qui comprenait aussi des représentants de l'ONU, était de promouvoir la politique de séparation du Sahara du reste du territoire national. Informée de cette manœuvre, la direction du FLN donna alors à la population de la région l’ordre de manifester pour exprimer son attachement à l'unité du territoire et son intégrité, et au-delà, le refus de toute compromission historique. Car compromission il y en a eu avec notamment le projet de De Gaulle de créer un territoire regroupant toutes les tribus touareg de toute la région. Les contacts établis à cet effet avec Mohamed Bey et son frère Moussa (Hadj Akhamokh) n'avaient pas abouti, les deux frères ayant rejeté catégoriquement la proposition gaullienne.
Les forces de répression coloniales utilisèrent alors la force pour tenter de briser la détermination des Algériens à contrarier l'objectif de partition du territoire national. Ce jour-là, sur les terres de la Wilaya VI, la liste des blessés et des martyrs de la guerre de Libération s'allongea un peu plus. Les manifestations du 27 février et celles du 7 et 13 mars 1962 furent ainsi l'expression révolutionnaire des enjeux stratégiques propres au Sahara algérien. Les négociations entre la France et le GPRA échouèrent à plusieurs reprises sur la question du Sahara que la France coloniale tenta de séparer du reste de l'Algérie, de façon à conserver un contrôle direct sur les hydrocarbures. En même temps, garder les bases de Reggane et d'In Ekker, centres d'essais nucléaires aériens et souterrains et de lancement de fusées, par conséquent des éléments fondamentaux d'une force de frappe nucléaire française autonome. 
Le général de Gaulle, dans sa volonté de mettre un terme rapide au conflit algérien, finalement trop coûteux pour la France à bien des égards, sera contraint d’abandonner ses prétentions stratégiques sur le Sahara pour mieux sauvegarder les intérêts essentiels de son pays dans l'Algérie indépendante. La France avait pourtant développé une vraie politique saharienne destinée à asseoir durablement sa mainmise sur le Sahara. C'est ainsi que fut créé en janvier 1957 l'OCRS, dont «l'objet est la mise en valeur, l'expansion économique et la promotion sociale des zones sahariennes de la République française, et à la gestion de laquelle participent l'Algérie, la Mauritanie, le Soudan, le Niger et le Tchad». Il y eut même, par la suite, un ministère du Sahara en bonne et due forme, localisé à Paris, et confié d'abord à Jacques Soustelle, puis à Max Lejeune, qui exerça également la fonction de délégué général de l'OCRS. 
Une fois au pouvoir, de Gaulle attacha personnellement une très grande importance au Sahara, et en août 1960, il nomma à la tête de l'OCRS Olivier Guichard, un de ses plus fidèles compagnons de la Résistance. Mais c'était sans compter sur le FLN révolutionnaire qui avait affirmé, dès le 20 août 1956, dans la plate-forme de la Soummam, qu'il visait l'indépendance absolue de l'ensemble Algérie-Sahara. Il se montra d'emblée violemment opposé aux principes mêmes de l'OCRS. Les manifestations nationalistes du 27 février, du 7 et du 13 mars 1962 furent, de ce fait, l'apothéose patriotique de cette vigoureuse volonté de ne pas céder une seule parcelle d'un territoire algérien arrosé, en ses quatre points cardinaux, du sang des chouhada.
N. K. 

 

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