Mort pour un parasol. Dégoût profond !
Nausée iodée !
Le ministre des Finances jubile ! Et visiblement, il ne veut pas jubiler seul. Il souhaite partager avec nous son état jubilatoire. En déclarant à très haute et très intense voix que «la situation financière de l’Algérie va mieux » ! C’est beau, le bonheur ainsi partagé ! Concrètement, je n’ai pas encore mesuré la portée de cette «Déclaration du Patrimoine Bonheur de Raouiya». Etant moins instruit que le ministre en termes de science financière et d’instruction tout court - très certainement - je suis un peu dans le flou dans mon appréciation de cet embellie. Mais je fais confiance au ministre. Sinon, il n’aurait jamais déboulé ainsi face à nous avec des rétines dilatées et un pouls à 550 battements minute pour nous dire ce qu’il avait à dire. Prenons donc son affirmation pour… argent comptant. Avec tout de même un ou deux bémols ! Eh oui ! Je ne suis peut-être pas versé dans la finance, mais je connais un peu le solfège ! Et donc, sur ma partition, j’avais bien noté quelque part un bout de phrase. Un machin griffonné au crayon. Ah oui ! Ça y est ! Je le retrouve là. Je m’étais promis de le ressortir le moment venu pour le jouer : «Les cours du brut sont en hausse ou du moins en tendance plus ou moins stable depuis 6 mois, au moins.» Allez savoir pourquoi j’ai inscrit ça sur un coin de nappe, à l’époque ? Peut-être que le musicien amateur que je suis avait anticipé sur le tube de cet été dont Raouiya vient de nous fredonner les premières mesures joyeuses. Ou peut-être pas ! Ça serait juste un tic de vieux maniaque qui ne peut déjeuner ou dîner au resto sans salir sa nappe de gribouillis sans valeur. Me reste tout de même sur… l’estomac cette têtue certitude que la situation financière de la Principauté ne s’est améliorée que grâce à une remontée des prix du brut. Et sûrement pas parce que subitement-tout-à-coup, en six mois à peine, nous serions passés de pays de rente pétrolière et gazière à nation industrielle à fort capital d’export. Mais tout se digère, n’est-ce pas ? Et cette aigreur pancréatique me passera, assurément. L’essentiel étant que la planète Raouiya rayonne de bonheur et irradie de jubilation galactique. Je ne vais tout de même censurer le bonheur des autres ! Pas à mon âge. A mon âge, les vieux grigous gribouilleurs de nappes doivent juste se contenter de fumer du thé pour rester éveillés à leur cauchemar qui continue.
H. L.
