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Rubrique Pousse avec eux

La peur au ventre !

Un seul héros, le…

… cachir !

Vitres de la voiture baissées. Verrouillage automatique réglé sur 6 secondes après le démarrage. Téléphone à portée de main et numéro d’urgence préenregistré placé en mode d’accès direct, sur l’écran d’accueil. Deuxième appareil, mêmes réglages, en cas de batterie épuisée pour le premier. Lunettes noires, mais pas trop. Photos des enfants discrètement accrochées au levier de vitesse, enveloppées dans un plastique transparent. A portée des yeux. De mes yeux. Conduite sur la voie de droite, celle des véhicules à vitesse modérée. Aux bouchons, surtout garder la tête au niveau du tableau de bord, pas plus haut. Et éviter de regarder à droite ou à gauche. S’interdire de croiser les autres regards des autres automobilistes coincés comme moi dans la circulation. Enclencher le clignotant plusieurs minutes, voire plusieurs heures, plusieurs jours avant d’entamer un déboîtement. Plus sage d’éviter de déboîter, et attendre la saint-glinglin que ça se remette enfin à rouler. Arrivée enfin à proximité du travail. Anticiper sur le «parkingueur» et ses prétentions de trader en bourse. Le stationnement est à 100 dinars ? Doubler la mise et tripler les «Rabbi idjazik !» Ne pas hésiter à lui laisser les clés de la guimbarde s’il a besoin de la bouger, de lui changer de place ou d’aller juste faire un tour avec sa copine. Ce n’est pas superflu, car les «parkingueurs» sont revenus plus féroces depuis leur interdiction d’activité. Acheter les journaux, en prenant soin d’envelopper ceux en français par un bon, très bon titre en arabe exemplaire. Grimper les escaliers vers le bureau, en faisant le sourd face aux insultes même pas voilées de la «technicienne de surface» qui me hurle presque aux oreilles que marcher ainsi sur son si frais Sanibon, c’est de la hogra. Ne surtout pas lui faire la remarque «bigote» du ménage qui doit «normalement» être terminé à 7h45 minutes. Entrer enfin dans l’antre du travail. En marquant d’un énorme «es-salaam alikoum» cet espace, comme un sauf-conduit pour une journée à haut risque. Et rêver du meilleur, toute la journée. Le meilleur ? Revenir vers sa compagne et ses enfants. Revenir vivant le soir, à la maison. Cette société est devenue dangereuse. Violemment dangereuse. Et déjà le dire, juste le dire et l’écrire comme ça, c’est se mettre en danger. Rabbi yestar ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.

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