Une justice au parfum ? Ou un parfum de justice ?
Ploum-Ploum ?
Ou la Petite Robe Noire ?
Celle-là, j’aurais voulu la faire, y aller de mon humour, ou de mes sarcasmes pour reprendre le qualificatif employé par ce juge de Sidi-M’hamed à propos de mes chroniques en 2004, que je ne l’aurais pas trouvée ! Même en forçant le trait, en caricaturant des masses, je ne l’aurais pas osée. Et pourtant, elle est là, vraie info, surtout pas une fake-news, passée presque inaperçue, en entrefilet dans vos journaux : une manifestation durement réprimée à Draâ El… Gaïd ! Si ! Si ! J’vous jure que je n’invente rien ; Draâ El Gaïd est un village près de Relizane. Le bras d’El-Gaïd. Et après, c’est moi qu’on traite de bonhomme pas sérieux, de plume légère et irrévérencieuse (toujours le même juge qui poussait le sadisme jusqu’à me convoquer et à m’auditionner les… vendredis !). Désormais, à mes yeux, ce village symbolisera la plus significative des paraboles algériennes. La boucle bouclée dans le cycle manifestations-répression. La toponymie des lieux qui fait enfin jonction avec les patronymes et noms des décideurs, des donneurs d’ordres de charger ! Nous ne sommes même plus dans la simple allégorie. Nous entrons allègrement dans la « Fusion Répulsive ». Oui ! Je sais ! Ça n’existe pas comme concept, la Fusion Répulsive. Eh ben, je l’invente et je la pose là, en attendant que l’on m’attribue le brevet. Reste à disséquer la chose : t’es né et t’as grandi dans un patelin appelé « Draâ El Gaïd ». Un jour, toi et d’autres personnes, elles aussi nées et ayant grandi à Draâ El Gaïd, vous en avez un peu marre de votre vie-galère à Draâ El Gaïd. Donc, munis de cette colère et de quelques pierres et pneus usagés, vous sortez crier votre ras-le-bol dans les… enfin, dans la seule rue de Draâ El Gaïd ! Et là, les forces de sécurité vous tombent dessus à… Draâ raccourcis ! Dans cette affaire, je suis curieux de savoir ce qui a traversé l’esprit du chef de l’escouade de gendarmerie lorsqu’il a reçu ordre de charger la population de Draâ El Gaïd. Eh ! Ce n’est pas tous les jours qu’on vous ordonne de réprimer les gens natifs d’un coin qui s’appelle « Le Bras de Gaïd ». Il ne s’agit pas de n’importe quel bras, tout de même, non ? Il y a quelques mois à peine, il aurait été tout à fait envisageable de créer un pôle d’excellence pour les start-up à Draâ El Gaïd. Ou peut-être même envisager de faire de Draâ El Gaïd la capitale de la Dézédie ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
