Très franchement, mon problème actuel, mon urgence, ce ne sont pas les pieds-noirs, mais plutôt les…
… mains sales !
Tahedi Qira’a Arabiya. Arab Reading Challenge. Défi de lecture en arabe. En gros, un concours qualificatif pour enseignants ayant du temps, beaucoup de temps à tuer et au cours duquel ils doivent nous prouver leur aptitude à lire de droite à gauche. Moi, je veux bien ! Les gens devraient avoir le droit de passer les concours qu’ils veulent. Pourquoi pas celui-ci ! Sauf que lors de la cérémonie des prix aux lauréats, il s’en est trouvé un, kamis et calotte vissée sur la tête, qui a tout bonnement refusé de serrer la main à celle qui était chargée de lui remettre sa distinction, Nouria Benghabrit, la ministre de l’Education. Le «monsieur» ne se contentant pas de décliner le contact dermique avec la dame, a aussi émis le souhait de ne pas figurer trop près d’elle pour la photo-souvenir. Du coup, une foule de questions se bousculent dans ma tête. Et elles s’y bousculent sans distinction de langue. En français. En tamazight. En arabe. Et même en serbo-croate. Oui, je me suis mis depuis peu à cette langue tellement sympa. Pourquoi cet enseignant a-t-il refusé de serrer la main de Benghabrit ? La tension qui aurait prévalu tout au long du concours et qui aurait provoqué chez lui une réaction cutanée qui l’aurait poussé à éviter de transmettre par contact direct son mal aux autres ? Si c’est le cas, il faut alors lui remettre un autre prix, celui de la civilité et du vivre-ensemble. Oui, mais alors, pourquoi refuser jusqu’à la proximité avec la ministre pour la photo ? Peur de fâcher quelqu’un dans l’assistance ? Peut-être des proches ? Ou tout bonnement une épouse ? Auquel cas, là aussi, il faut remettre un 3e prix au gus. Celui de la fidélité stoïque. Parce que c’est vrai qu’elle irradie, la Nouria ! Et j’aurais été la femme du mec, je n’aurais pas du tout accepté qu’il s’en approche, encore moins qu’il lui serre la main. Mais je ne suis pas sa femme. Non ! Moi, je suis juste cet homme qui, dans un pays qui se «salafise» à toute allure, n’a pas trouvé mieux que de fumer du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L.