Vous avez raté un épisode ? Pas de problème, je vous le rediffuse !

Présidentielle française. Éric Zemmour, candidat de l’extrême…

… doigt !

Eh ! Ooooh ! J’suis là ! Juste devant vous. Mais si ! Le bonhomme qui agite la main désespérément pour attirer votre attention. Surtout l’attention de celles et ceux qui, habituellement, crient à tue-tête, s’arrachent les cheveux et parfois grimpent au plafond dès qu’un camion bleu sort en patrouille ou se gare dans une rue de Dézédie. Ouiiiii ! Vous ! Ahhhh ! Vous avez fini par me localiser. Al-hamdoullah ! Dites-moi, z’auriez pas raté un épisode, par hasard ? Si, tout de même ! C’est l’impression que ça me donne, vous connaissant pourtant vachement vigilants sur ces questions. Mais pas d’inquiétude camarades, votre sentinelle amie est là. Mat’khafouch ! Je vous la refais en streaming et gratos. Vous n’aurez pas un sou à payer. Fi sabil el moum’nin : des Marocains, sortis manifester dans les rues du royaume contre la normalisation avec Israël, ont été tabassés, violentés, et pour certains, mis derrière les barreaux. Sur des vidéos, on voit des femmes tirées par les cheveux sur plusieurs mètres, traînées au sol par les « gentilles forces de l’ordre de Momo 6 ». Ces documents filmés sont toujours disponibles, en consultation libre sur le net. Ce qui me fait dire, au passage, qu’il ne faut pas diaboliser systématiquement les réseaux sociaux. Non ! C’est bien aussi, les réseaux sociaux, parce que les traces numériques sont difficiles à effacer, même avec des tonnes de dirhams et la rente-cannabis. Alors, expliquez-moi camarades ! Il s’est passé quoi pour que vous ayez ainsi zappé cet épisode répressif ? Votre abonnement internet n’a pas été renouvelé ? Votre connexion était merdique, hachakoum ? Ou alors, c’est le bleu des fourgons DZ qui vous aveugle, au point de ne pas voir les camions verts des « frères marocains » ? Remarquez ! Je vous accorde certaines circonstances atténuantes. Y avait pas que vous à ignorer ce moment de haute gestion démocratique des foules marocaines. Les chaînes d’info continues occidentales ont, elles aussi, superbement snobé cet intermède douloureux, né de la rencontre brutale entre le cuir de la matraque et le cuir chevelu. Mais allez ! Comme je suis dans une veine généreuse, pas revancharde, voire indulgente, j’accorde aussi des circonstances atténuantes à ces chaînes. Plus particulièrement les Françaises. Eh oui ! Comment voulez-vous qu’elles fassent de la place à des reportages sur des manifs réprimées dans le sang au Maroc, alors qu’elles sont totalement branchées sur des instantanés de pure civilisation et de haute culture démocratique ? Comme le doigt d’« honneur » de Zemmour. Les tribulations des ministres violeurs ou les méchants migrants, profiteurs des aides sociales et qui, pour nombre d’entre eux, squattent le fond abyssal de la Manche ? Si vous arrivez à les comprendre, à saisir les mécanismes tordus des priorités dans leurs journaux parlés et télévisés, c’est que vous êtes enfin prêts à fumer du thé pour rester éveillés à ce cauchemar qui continue.
H. L.