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Rubrique Régions

VIOLENCE URBAINE À BOUMERDÈS Comment réussir une transition sécuritaire ?

Tout le monde en convient, les services de sécurité du pays, au sortir de la «décennie noire», sont devant un défi aux multiples facettes : ils doivent, selon les experts, se moderniser, se professionnaliser davantage, augmenter leur vigilance autour du pays cerné par des risques et, surtout, encourager l’Algérien à devenir l’acteur principal de sa propre sécurité et, par conséquent, de celle du pays. 

Il est évident qu’aucune transition, qu’elle soit politique, économique, sociale ou culturelle, n’aboutira si elle n’est pas précédée par l’instauration de la sécurité sur l’ensemble du territoire. Plus important, cette transition sécuritaire exige la mobilisation et se pratique tous les jours de l’année et toutes les heures de la journée. Elle n’a pas besoin de discours politique mais de soutien. Une chose est sûre, la population refuse de revivre le cauchemar des années 1990. Concernant, justement, la reconquête de l’espace sécuritaire, l’expérience que mènent les policiers de Boumerdès depuis des mois est intéressante. Faut-il rappeler que la wilaya de Boumerdès sort, à l’instar d’autres régions du pays, de la décennie noire ? 
Par ailleurs, bon nombre de spécialistes disent que cette décennie noire laissera forcément des séquelles sur la société fortement traumatisée. De plus, la région de Boumerdès a subi un second traumatisme en 2003 (séisme). En clair, la région de Boumerdès risque d’entrer dans un processus de violence perpétuelle qui sera en outre alimenté par les frustrations sociales découlant de la crise économique.
Sur un autre plan, le directeur de la Sureté de la wilaya de Boumerdès, le contrôleur de police Ali Badaoui, qui a fait toute ses classes dans la région, a vécu la naissance et le développement de la violence islamiste dans cette région. Et pour cause, il était un acteur majeur dans la lutte contre cette violence aveugle déployée par les islamistes armés. Il l’a vue dans toute son horreur. Il s’est sûrement posé cette question un jour : comment arrêter le cercle de violence ? «Moi, j’investis sur le long terme», rétorqua-t-il lorsque nous l’avons interrogé sur le nombre impressionnant d’actions de sensibilisation que mènent continuellement depuis des mois les services qu’il dirige. «Nous avons un plan annuel de communication», précise le commissaire de police chargé de la cellule de communication, Krimo Touati. 

Le discours sécuritaire 
à la portée de tous
Si les policiers de Boumerdès ont organisé en 2018 - l’année est encore chargée - 1 043 actions de sensibilisation, les sorties sur le terrain ne se font pas au hasard. «Nous adaptons notre discours aux spécificités de la région et de la population ciblée (écoliers, collégiens, lycéens, universitaires ou apprentis, ndlr)», rappelle le commissaire Touati qui est entouré de six officiers universitaires tous titulaires d’un master en communication option informations sécuritaires. Le septième est spécialisés en droit. Cible privilégiée des policiers : les écoliers. «Nous voulons accompagner les écoliers dans les trois paliers», clame le commissaire. 
Le danger des réseaux sociaux et la drogue sont les principaux sujets qu’abordent ces éducateurs. Ils déplorent la démission des familles. «Parfois, la mère et le père travaillent.» 
A travers une discussion avec ces officiers, nous avons saisi leur méthode pour gagner la confiance des enfants et des adolescents afin de les rendre réceptifs au message qui concerne la vigilance contre les fléaux sociaux et la délinquance. «Souvent, nous parlons à nos vis-à-vis en tamazight. Pour ce faire,  nous avons de bons locuteurs qualifiés», dira l’officier Touati qui laisse entendre qu’ils ne cherchent pas à moraliser la société mais se contentent d’éveiller l’esprit de vigilance de leurs vis-à-vis particulièrement les enfants et les adolescents qui sont eux-mêmes des relais entre leurs familles et la police. Ils appliquent tout simplement le concept de la police de proximité avec toutes ses exigences de rigueur et de présence permanente sur le terrain. Ils veulent, en outre, inculquer aux jeunes la culture de la sécurité. Changer le comportement de l’Algérien par rapport au problème de la sécurité. C’est la transition sécuritaire.

Des policiers animateurs de radio
Rester sur le terrain et répéter inlassablement le message sur la vigilance sont le leitmotiv de ces policiers passionnés par leur mission. Ils n’hésitent pas, par ailleurs, à chercher le moindre espace médiatique en vue de relancer leur message. Fait unique en Algérie, des policiers animent des émissions journalières, certaines en direct, sur une radio locale. Et ça marche. Il faut miser sur les capacités intrinsèques des policiers, l’envie d’innover et un peu d’audace pour exposer un agent de l’ordre public devant des auditeurs parfois agressifs. Pour le chef de la cellule de communication, il s’agit de rester professionnel. «Nous restons calmes et nous mettons nos auditeurs, s’ils sont trop agressifs et réfractaires à notre opinion, devant leurs propres contradictions. Nous cherchons à gagner l’opinion pas à sortir vainqueurs d’un débat.» 
En 2018, les policiers de Boumerdès ont assisté ou animé 1 243 émissions de radio. Le travail par le biais de la radio est beaucoup plus destiné aux adultes, particulièrement aux automobilistes pour les sensibiliser ou leur fournir des indications utiles. Quand on sait que la wilaya de Boumerdès est la seconde destination des vacanciers après Oran, on imagine le plan de charge des policiers pendant l’été en matière de prévention. Un autre moyen – le 1 048 – est également utilisé comme instrument de prévention. Vers le 20 décembre, le nombre de ces appels avoisine les 100 000. «Nous répondons à tous les appels même les plus insignifiants. C’est d’abord notre devoir et c’est un moyen de rassurer le citoyen», souligne le directeur de la Sûreté de la wilaya de Boumerdès. Pour un policier qui reçoit un appel de quelqu’un qui a perdu ses clés, il faut qu’il soit d’un calme olympien. 
Abachi L.

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