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Rubrique Régions

NAÂMA Dans la tradition et une ambiance conviviale

Photo : Samir Sid
Photo : Samir Sid

A l’instar de la communauté amazighe, la vaste région des monts des Ksour célèbre le Nouvel An amazigh (Yennayer), relatif au premier mois de l’année du calendrier amazigh ou agraire, coïncidant avec le calendrier grégorien, soit le 12 janvier de chaque année.
Si dans un passé récent, ce Nouvel An berbère était célébré uniquement par les fellahs-ksouriens, aujourd'hui, cette célébration s'est répandue dans presque tous les foyers de la région du sud-ouest, voire dans la quasi totalité des régions du pays. C’est une fête traditionnelle, culturelle issue de l’identité amazighe, que nos aïeux célèbrent depuis la nuit des temps et nous ont fait connaître comment les Amazighs avaient constitué leur calendrier pour gérer leur temps. Mais, faute d’études scientifiques approfondies pouvant définir l’instauration du calendrier amazigh, et même si cette célébration s’est instituée depuis les dynasties d’antan (Chachnaq, Ramsis ou Feraoun), pour les ‘‘chleuhs’’ ou les amazighophones des ksour de la région, et de l’avis de certains, cette fête reste liée au calendrier agraire.
Pour Hadj Ahmed, un Ksourien octogénaire, président de l’association Agharm-Akdim: «Ce sont des habitudes sociales, de nos mémoires. On clôture l’année agricole et on fête une nouvelle année. C’est pourquoi on utilise pour la célébration de cette nuit tout ce qui est récolté et stocké durant l’année, comme légumes et fruits secs qui peuvent être conservés en stock, et qui sont utilisés pour les préparatifs de cette veillée traditionnelle qui se distinguent par ses deux plats principaux : merdhoud et kachkcha.» Et de poursuivre, «les chercheurs, les spécialistes sociologues et ethnologues, les scientifiques et les associations culturelles pourront un jour nous éclaircir et nous expliquer les origines de ce Nouvel An et les raisons de sa célébration, puisque nous célébrons l’année 2970. Reste qu’après encore des siècles passés, on ne connaît pas exactement les origines de cette fête».
Ceci étant, plusieurs associations amazighes locales fêtent déjà cet évènement depuis plusieurs jours, à l’exemple de Bent-Laksour, Tigharmaouine, Agharm-Akdim, Tenent, des associations culturelles enracinées dans les localités des monts des Ksour de Sfissifa, Aïn- Séfra, Tiout, Asla, Moghrar, jusqu’à Chellala et Boussemghoun dans la wilaya d’El-Bayadh, où des expositions sur l’héritage culturel du patrimoine d’arts traditionnels du terroir, avec une panoplie d’objets de fabrication locale et des mets traditionnels sont au programme. Dans cette contrée du sudouest algérien, le Nouvel An berbère est généralement fêté en famille, avec deux plats traditionnels : d’abord le merdhoud, un couscous à gros calibre, d’une particularité singulière et spéciale à la fois. il reste le plat le plus apprécié pour cette nuit particulière dans l’année. Le bouillon se prépare avec la viande d’agneau ou la viande de veau, dans une marmite spéciale à feu (guedra), contenant toute sorte de graines de légumes secs (fèves, haricots, lentilles, pois-chiches, blé…) et de légumes frais en petites tranches (carottes, citrouille, navets, patates), et autres klila, dattes etc. Le couscous est enduit du beurre de la brebis de préférence, ou à défaut du beurre de la vache. Couscous et bouillon sont mélangés, et présentés dans un plat spécial géant (gasaâ ou tajra (en tamazight), grand plat en bois.
Certaines pratiques demeurent encore de tradition à nos jours par exemple : on met 7 dattes dans la marmite et celui qui découvre la première datte dans le couscous est le béni de la famille. On enfonce un bol plein de beurre sur le couscous. Il y a ceux qui ne mangent pas de viande (symbole de dépenses) pour moins de dépenses durant la nouvelle année. Il y a ceux également qui ne mangent pas du piquant (piment par exemple), symbole de la colère (pour que la nouvelle année soit tendre et sans difficultés). Quant au second plat, c’est la karkcha ou kachkcha, une variété de fruits secs, présentés comme veut la tradition dans un grand plat fabriqué en afla (appelé tbag), constitués d’amandes, d’arachides, noix, noisettes et autres friandises, bonbons, chocolat, gâteaux, et des fruits frais : oranges, bananes, pommes, ananas etc. Le festin est toujours accompli et agrémenté d’un thé à la menthe. Autour de la «siniya (plat à thé), les familles se réunissent dans une ambiance particulière, où chaque bambin dispose d’un sachet spécial où il met sa part de kachkcha.
D’ailleurs, les enfants sont les plus heureux durant ces fêtes et les parents ne sont là que pour redonner la joie et l’enthousiasme et rendre heureuses leurs familles, malgré les dépenses colossales et malgré les saignées après saignées et les conséquences de la cherté des produits exotiques, à l’exemple de la pistache qui est affichée à 2 200 DA et 2 400 DA/kg, les noisettes entre 1 200 et 1 400 DA/kg, les noix entre 1 000 et 1 200 DA/kg, les amandes entre 700 et 1 000 DA/kg et les arachides entre 400 et 700 DA/kg, les figues entre 600 et 800 DA/kg, pour ne citer que ces produits. Assegas amegaz à toute la communauté amazighe, à tout le peuple algérien.
B. Hennine

 

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