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Rubrique Régions

L’ÉCONOMIE LOCALE RAPPORTE PEU D’ARGENT AU BUDGET DE LA WILAYA DE BOUMERDÈS Et si on parlait de fiscalité ?

 «Le budget primitif 2019 de la wilaya de Boumerdès qui est  de moins de 1,500 milliard de dinars est l’équivalent d’un budget d’une commune de la wilaya d’Alger.» C’est ce que constatent amèrement les élus   de l’Assemblée populaire (APW)  de Boumerdès. 

Le montant exact de ce budget primitif (BP) 2019 est de 1 413 319 420,00 dinars. Faute d’initiatives, de créativité et d’innovation en matière de politique économique locale, le collectif d’élus de l’Assemblée de Boumerdès, dominée par les partis proches du pouvoir, crie au scandale et dénonce l’administration centrale accusée de comportement  restrictif   et radin. Mais quand nos représentants ont entre les  mains la copie de ce budget décrié, ils  ne se privent pas de le voter pour ne pas déplaire à cette administration. Il est vrai que ce collectif ne détient pas le pouvoir de décision  - «une Assemblée de wilaya n’est, dénonce  l’opposition algérienne, qu’une institution populaire factice pour  faire croire que la démocratique existe en Algérie» -  mais en exploitant à bon escient un grand nombre d’articles (75/76/77/78 et d’autres) du code de la wilaya, ces élus peuvent se donner des espaces d’initiatives pour faire avancer l’économie de leur région.  Par ailleurs, au lieu de se lamenter et de dire que la wilaya a un potentiel économique très confortable alors qu’elle attend les subventions de l’Etat pour construire ou entretenir des écoles primaires ; et si, pour une fois, ces élus procèdent d’une autre manière pour jeter un œil sur ce potentiel économique qui, selon eux, ne rapporte pas assez d’argent  pour au moins alimenter en argent frais des structures dans le secteur du fonctionnement  (entretien des écoles, hygiène publique, entretien des routes secondaires, éclairage public,…) ? Autre exemple de démarche non productive, elle concerne l’élaboration de dossiers économiques par cette assemblée. Prenons l’exemple du tourisme attendu comme une manne financière mais qui ne rapporte, jusqu’à présent, quasiment rien ni aux communes ni à la Wilaya. En effet, depuis 1997, chacune des quatre assemblées passées a confectionné son dossier sur le développement du tourisme, mais sans changer d’un iota la réalité. La présente assemblée, comme  les quatre précédentes, a élaboré son dossier. Comme les précédentes, elle s’est contentée de dresser un constat négatif sur la gestion des plages durant l’été. Aucune perspective n’est  tracée. Pas de choix du marché à cibler ni du choix du tourisme  adaptable à la région. Autre constat, les représentants du peuple ne savent absolument rien du foncier et des études engagées ni de la demande et d l’ampleur des investissements pouvant être engagés et par qui. En clair, les élus n’ont aucune idée sur ce secteur et de ce qu’il peut rapporter à la wilaya. C’est aussi le cas dans l’industrie qui fonctionne dans l’opacité, voire dans l’illégalité. Même s’ils ont de la compétence et la conviction, ils ne pourraient rien faire ni changer l’ordre des choses. Les véritables décideurs ce ne sont pas eux. Ils manquent d’audace et d’initiative pour se réapproprier le pouvoir de décision ou d’orientation. C’est l’administration, régie par des décisions venues d’en haut, qui décide de tout. Au lieu de faire des dossiers qui ne valent que le volume de leurs pages, les élus APW  ont,  par contre, la possibilité de prendre le problème de la rentabilité de cette économie  par l’autre bout de la chaîne économique. Explication : on développe un secteur comme l’agriculture, le tourisme, l’industrie ou la pêche pour avoir  de la richesse qu’est la fiscalité. C’est la récolte finale qui grossit le budget ce qui se répercute sur une meilleure gestion des collectivités et plus d’équipements au bénéfice des citoyens, l’amélioration du cadre de vie des populations, etc. Ils peuvent donc débattre de la fiscalité non pas pour toucher aux lois du pays mais pour analyser les forces et les faiblesses de cette fiscalité ainsi que les secteurs industriels en retard ou inefficaces. Ils découvriront où sont les niches fiscales restées inexploitées et pourquoi des dizaines de milliards de dinars ne sont pas payés aux collectivités. Un œil sur cette fiscalité leur révèlera par ailleurs les disparités sur la répartition des investissements passés qui rapportent maintenant de la richesse à  quelques collectivités de l’ouest de la wilaya. Ce déséquilibre est largement en défaveur de la partie est de la wilaya. Dans le même sillage, ils peuvent, sans entrer dans le régionalisme, se poser la question sur ce déséquilibre. Ils peuvent en outre voir de plus près le dysfonctionnement au sein de l’administration fiscale, notamment le retard injustifié de la modernisation et de la numérisation de cette administration. A moins que le fonctionnement archaïque et l’opacité arrangent certains.
Abachi L.

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