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TIPASA La culture de l’olivier entre stratégie et moyens

«Le nombre de huileries dans la wilaya de Tipasa ne reflète pas les potentialités réelles et possibles de l’industrie oléicole dans la région», nous révèle un oléiculteur des montagnes de Béni Mileuk sur les confins des forêts de Damous en poursuivant que «cette industrie est fortement insuffisante et sous-exploitée».
Des archéologues de Cherchell, nous révèlent à ce titre que «cette antique région et capitale romano-numide, fut dans le passé un véritable grenier-réservoir d'huile d'olive destiné à alimenter l'antique empire romain de Jules césar, mais aussi toute l’Europe du 18e et 19e siècle.», observe l’un de ces archéologues.
Plus loin, l’archéologue français Philippe Leveau avait mis en évidence, dans les recherches archéologiques effectuées dans ce cadre, de véritables industries antiques de l'huile d'olive où plusieurs dizaines de huileries antiques parsemèrent jadis les montagnes de Damous, de Cherchell, de Gouraya, de Menaceur et de Tipasa.
Ce chercheur observera que «le village de Sidi Moussa, sis à proximité de Tipasa, conserve les remparts d’une ferme oléicole romaine, avec son pressoir et les outils d’une huilerie, appelée ‘’Sour Roumane’’, qui retrace les vestiges de l’industrie oléicole antique dans la wilaya de Tipasa.»
S’agissant du développement actuel de cette industrie, quelques oléiculteurs de la wilaya de Tipasa ont été formels à ce propos «notre wilaya dispose de prés d’un million de plants d’oliviers, dont la quasi majorité est plantée dans les zones de haute montagne, et les zones boisées», précise cette source qui ajoute que «le récent développement de la filière oléicole à travers l’introduction du système semi-intensif a permis de constituer des oliveraies sur de vastes superficies atteignant prés de 2 000 ha, et comprenant plus de 500 plants à l’hectare», en ajoutant que «aujourd’hui, ces oliveraies sont exploitées avec des techniques traditionnelles voire centenaires, car n’utilisant aucun produit phytosanitaire lors de l’entretien ou le traitement des maladies, ni une mécanisation moderne».
En marge de ces investigations, un important groupe de producteurs d’olives au niveau de la wilaya de Tipasa, nous a affirmé qu’il a été recensé plus de 8 000 producteurs d’olives dans la wilaya de Tipasa en précisant «qu’il y a lieu d’assister ces oléiculteurs, de les orienter et de les organiser afin de parvenir à labelliser le produit oléicole algérien par l’amélioration des apports techniques de production», en renchérissant que «l’huile de la région de Zatima sur les hauteurs de Damous est un produit de haute qualité», en insistant sur le fait que «cette filière souffre d’un problème de rendement où une marge importante reste à récupérer ; il y a aussi le problème d’eau et la nécessité absolue et impérative de recourir à une cueillette automatisée».
Des statistiques fournies par un organisme spécialisé et concernant l’importation d’huile d’olive, révèlent qu’une quantité importante d’huile d’olive fut importée entre 2014 à 2016 se situant entre 500 à un millier de tonnes d’huile d’olive, tandis qu’il y a eu une baisse de 290 tonnes en 2017 ; ces produits provenant en 2015 essentiellement du Maroc (37%),de France (22%) et de Tunisie (13%), quant à l’année 2016, il a été enregistré 290 tonnes importées de France (47%), de Tunisie (16%) et 12% du Maroc.
La production d'olives de table au niveau de la wilaya de Tipasa a été estimée à plus de 6 500 quintaux, ; quant à l'olivier à huile ,Tipasa a produit prés de 400 000 litres d'huile d'olive. Cependant, selon les informations glanées à propos de l'investissement dans cette filière, on note un faible engagement dans le créneau de l'olivier qui reste épars malgré les efforts substantiels réalisés dans les contrées de Béni Mileuk où plus de 100 hectares d'oliviers ont été plantés à Tifssassine, 100 hectares à Bou Helou et 50 hectares à ould Aïssa.
Dans la daïra de Cherchell, à Sidi Semiane, ce sont les contrées de Ghardous, Mazer, Djoumer et Igaidayen qui se sont arrogées 25 hectares par douar. La commune de Menaceur reste, quant à elle en deçà de ses fabuleuses capacités de production telles que prévues par les plans et les objectifs des années 1970-1980 et 1990, à l'origine de l'implantation du barrage de Boukourdane à Sidi Amar. Ainsi, dans les contrées de Tidaf et de Sidi Moussa, où se trouvent des superficies plantées d’oliveraies, elles restent inférieures à 100 hectares.
Des sources agricoles nous ont révélé que plus de 50 000 quintaux d’olives ont été produit en 2016 ; soit un bond quantitatif fabuleux par rapport à l’année 2000, une progression estimée à 1 000% qui a été rendue possible grâce à l’investissement productif agricole.
La superficie exploitée dans la wilaya de Tipasa avoisine les 5 000 hectares pour une production de 350 000 litres d’huile d’olive et prés de 6 000 quintaux pour l’olivier de table.
Les perspectives visées par les opportunités d’investissements élargissent cette capacité de production à 46 000 quintaux, notamment pour répondre aux attentes des projets d’huileries modernes de l’huile d’olive.
Un important producteur oléicole nous a révélé que dans le cadre des dispositions d'une circulaire ministérielle relative à l'organisation des conseils interprofessionnels de la filière oléicole, que les producteurs de l'huile d'olive de la wilaya de Tipasa, se sont réunis au siège de la chambre de l'agriculture de Tipasa en vue «de mettre sur pied une organisation interprofessionnelle qui regroupera l'ensemble des opérateurs économiques et institutionnels, en vue de constituer un espace de dialogue, de concertation et de propositions autour d'objectifs liés au développement de la filière oléicole.» ;
selon cette même source, qui ajoute que «cette organisation interprofessionnelle est adossée en premier lieu à la constitution de conseils interprofessionnels de la filière oléicole où se retrouvent les catégories professionnelles d'oléiculteurs, de pépiniéristes producteurs de plants, de fournisseurs et importateurs d'intrants agricoles, les fabricants et fournisseurs de matériels et équipements agricoles, les industriels de la transformation, les exportateurs de produits oléicoles et les associations des consommateurs.» Il s’agit en fait d’un «conseil interprofessionnel, dans lequel se trouve incluse l'association des oléiculteurs de la wilaya de Tipasa, qui appartient à un niveau régional constitué des poids lourds de l'agriculture algérienne, où on retrouve Blida, Aïn Defla, Chlef, Médéa, Tissemsilt, Djelfa, et Tipasa.»
Ce groupe régional interprofessionnel situé dans sa majorité dans les plaines de la Mitidja, les hauts-plateaux et les vastes contrées chélifiennes reste très prometteur eu égard aux disponibilités en eau, avec les apports considérables des barrages de Boukourdane, de Ghrib et récemment du fabuleux barrage de Kef Eddir, au sud-ouest de Damous.
Ainsi, outre le problème de l’irrigation qui est en voie d’être résolu, il y a les problèmes de la cueillette et du stockage des olives ; sachant que la cueillette à l’aide de moyens traditionnels, affecte non seulement la quantité mais aussi la qualité de l’olive.
S’agissant de la transformation, la wilaya de Tipasa ne dispose actuellement que de six huileries, dont seulement deux sont mécanisées, et le reste est un système traditionnel. Des fellahs nous révélèrent que «l’oléiculture à Tipasa est l’un des créneaux les plus en vue dans la wilaya», estiment nos interlocuteurs.
L’oléiculture n’est pas en reste, puisque, selon un expert agricole «si le fruit des oliviers a survécu, ce fut grâce aux pluies récentes !»
Houari Larbi

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